mercredi 6 mars 2013 par L'Hebdo Ivoirien

La négligence et l'indifférence coupables sont hélas des " qualités propres aux ivoiriens et leurs dirigeants. " Des enfants disparaissent dans un caniveau à ciel ouvert suite à la pluie torrentielle d'hier ". Et pourtant, c'était devenu un fait banal pour nous de voir ces gosses jouer quotidiennement à cet endroit. " Un incident provoqué par un court-circuit fait plusieurs morts au quartier Boribana dans la commune d'Attécoubé ". Là encore, nul n'est censé n'avoir pas aperçu les installations anarchiques et hautement risqués des branchements tirés des lignes hautes tension avec la bénédiction des agents de la Compagnie nationale d'électricité (CIE). Autre fait. " Une épidémie de choléra fait rage à Abobo. On enregistre de nombreuses victimes" Ne vous torturez pas en chercher l'origine du mal. Les tas d'immondices et autres eaux usées qui font le décor de cette commune, en sont les principaux vecteurs. Et pourtant encore une fois, nous contournons au quotidien les tas d'immondices en prenant, bien entendu soin de nous boucher les narines ou de monter les vitres de nos voitures pour éviter de vivre cette atmosphère nauséabonde. Venant maintenant au fait de notre sujet. " Une pinasse assurant la desserte Locodjro-Treichville a coulé hier en début de soirée. Plus de cinquante passagers disparaissent dans la lagune ébrié ". Des passagers de tous âges ne sachant nager, sortent la tête de l'eau comme pour échapper à une inévitable mort par noyade, vociférant à tout rompre l'aide à d'hypothétiques secours dont l'arrivée tardive ne pourra sauver qu'une dizaine de naufrager sur la centaine que transportait la pissasse. Vision macabre, horrible, inédite, cauchemardesque. Les superlatifs manquent pour qualifier ce premier vrai drame du transport fluvial abidjanais. Et pourtant, chaque jour de 6h à 18h30, ces embarcations dont la vétusté ainsi que les conditions inexistantes de sécurité sont visibles de tous, transportent des centaines d'abidjanais (bien au delà de la charge autorisée de 60 places assises) dans les sens Locodjro-Plateau par la société navale Carena ou Locodjro-Plateau gare sud ou encore Locodjro-gare lagunaire de Treichville. De l'autre coté à Abobo-doumé, la même desserte est assurée à l'exception du plateau par Carena. Depuis une trentaine d'années, ces embarcations de fortune assurent ces liaison." Avant l'arrivée des bateaux bus de la Sotra, c'étaient elles les reines de la lagune. Et elles tiennent toujours leur rang", s'exclame Kassy Etienne, usager assidu des pinasses. Pour lui pas question d'emprunter les bateaux bus. "Ils sont irréguliers. Or avec les pinasses, on a départ en moyenne toutes les quinze minutes. C'est moins cher et c'est aéré. La brise lagunaire vous souffle de partout durant la traversée surtout les matins et les soirs c'est très agréable. Mai surtout, vous avez le beau panorama avec les navires accostés et la convivialité à bord." Et la sécurité dans tout ça? Les usagers des pinasses sont formels. " Il n'y a pas de risques à ce niveau". A part, le drame survenu en 1975 où une pinasse a percuté un remorqueur des billes de bois pendant la traversée. "Vous savez, il y a souvent des Ebriés qui embarquent avec nous. En cas de bobos, comme ce sont de bons nageurs, ils pourront nous sauver", soutien Irié Bi Tra. Il omet sciemment de préciser que les ébriés dont il parle ne sont pas à bord des pinasses en qualité de sauveteurs mais plutôt des voyageurs au même titre que lui. Donc une présence aléatoire. On peut le constater aisément, les pinasses ne sont dotées d'aucun dispositif de sécurité et de sauvetage, en dehors des fameux ébriés du sieur Irié Bi Tra. Pas de bouées de sauvetage, pas d'extincteur. Rien du tout. Le pilote, pour la plupart formé sur le tas, est le seul à bord. Le nombre de passagers transportés oscille entre 100 et 120 personnes. Il est même fréquent de constater des pinasses bombées des bagages de toutes sortes avec des voyageurs arrêtés durant la traversée. Le prix de traverse a grimpé depuis la hausse de celle du carburant pour se situer entre 75f pour la ligne la moins chère et 150F pour les plus chères. Toutefois, cette situation n'a pas altéré l'emprise de ces engins flottants dans les m?urs des abidjanais. De plus en plus, leurs rangs grossissent. " Il nous arrive très souvent de rouler jusqu'à 20h. La demande étant forte", affirme un pilote. Enfin, la grosse question que l'on se pose en de savoir à qui appartient ces pinasses. En fait, il existe deux genres. Celles de Locodjro, une dizaine, ont la particularité d'être plus modernes et présentent le moins de risques. Elles ont une carrosserie métallique, sont plus spacieuses. Elles appartiendraient, selon des sources très concordantes à l'ancien ministre de la Marine, le contre-amiral, Lamine Fadiga. C'est sous son administration que ces embarcations sont apparues sur la lagune ébrié. Les autres pinasses, celles d'Abobo-doumé, sont plus vétustes, rustiques et présentent le plus de dangers. Elles seraient l'affaire des gens du village associés à des étrangers ghanéens. Revenons aux pilotes, ces derniers sont-ils bien formés pour parer aux aléas liés à leur activité? Pour sa part, le ministère des Transports qui gère ce domaine, affirme avoir un ?il vigilant sur les dispositions techniques et sécuritaires des pinasses de la lagune ébrié. On assure même que des vérifications sont régulièrement opérées sur le terrain. Toute éventualité d'accident est balayée du revers de la main. Et pourtant le prestigieux Titanic a bien coulé. Si cela advenait que ferait-on pour éviter la vision apocalyptique relatée plus haut ? Croisons les doigts.

Enquête réalisée
Par Anna Maria T. (lhebdoivoirien@yahoo.fr)

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