lundi 11 mars 2013 par Le Temps

Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d'Ivoire est en passe de devenir le lieu une cité hors-la-loi. Si l'on s'en tient à l'usage que certains acteurs du transport public font du gaz domestique au vu et au su des autorités compétentes. Le 15 janvier 2013, notre équipe de reportage dépose sa valise dans un petit hôtel chic de à Yamoussoukro; capitale politique et administrative de la Côte d'Ivoire. Le vent sec et chargé de poussière indique bien que nous sommes en plein harmattan. Le temps de nous nettoyer le visage, et sauter dans le premier taxi, que nos narines sont frappées par une forte odeur de mercaptan, ce gaz puant utilisé par les industriels du gaz domestique dans le rechargement des bonbonnes de gaz. A bord du premier taxi que nous empruntons, au quartier Millionnaire de la ville la persistance de la fameuse odeur aiguise notre curiosité. Nous décidons de creuser davantage et exploitant à fond la filière de l'univers des chauffeurs de taxi-ville. A la question de savoir s'il y avait une fuite de gaz dans les environs, le premier chauffeur interrogé sans ambages répond : Monsieur, c'est mon carburant. En fait, j'utilise du gaz butane en lieu et place du carburant normal. Propos qui nous laissent ébahis et très excité d'en savoir davantage. En attendant le lendemain pour mieux appréhender les choses. Notre curiosité nous pousse à fouiner pour en savoir sur cette nouvelle trouvaille de ces auxiliaires du transport en commun de la cité du Bélier. Nous sommes au 16 janvier 2013. Tôt le matin, en partance pour le petit déjeuner, nous constatons encore que le taxi abord duquel nous nous trouvons utilise aussi le gaz domestique comme combustible. K.T, dit les motivations de ce choix : Le carburant est trop cher. Surtout que le gas-oil qui ne va pas échapper une augmentation après celle du litre du Super Sans Plomb (Spp). Or, avec une recharge de gaz, nous arrivons à faire recette. Donc nous sommes contraints d'utiliser le gaz pour joindre les deux bouts, explique notre interlocuteur. A en croire aux chauffeurs de taxis qui ont accepté de s'ouvrir à notre équipe de reportage, les propriétaires exigent entre 15.000 et 18.000 Fcfa de recette par jour. Une exigence dont la réalisation semble être un chemin de croix, pour les chauffeurs dans une ville où la plupart des usagers se déplacent à pied ou par le moyen des engins à deux roues. Pour avoir la recette, il nous faut rouler jusqu'à tard la nuit. Et cela n'est d'ailleurs possible que lorsque des cérémonies d'envergures sont organisées à Yamoussoukro. Vous voyez ce n'est pas facile pour nous. Alors que faire ? Si ce n'est de se tourner vers le gaz butane qui offre plus de chance à faire la recette, argumente, K.T., chauffeur de taxi à Yamoussoukro, il y a une dizaine d'années. Pendant que le taxi se dirige allègrement vers le centre ville. En effet, selon nombre de chauffeurs de taxis interrogés ce jour-là, plus de la moitié roulent au gaz. Un constat vite corroboré par A. L. A Yamoussoukro, presque tous les taxis roulent au gaz. Sur 100 taxis, Monsieur, 99% roulent au gaz. Es-ce que cela vous gêne ? S'interroge-t-il. A la vue de la grise mine que nous lui présentons. Mais soit. Cette attitude ne gêne point A.L. qui révèle que les quelques rares traques qui s'opèrent ne peuvent mettre fin à la pratique.

Le mutisme des agents du ministère des Mines et du Pétrole.

Tout simplement, accuse-t-il, que des responsables en charge de la traque, sont titulaires eux aussi de taxis à gaz. Posez la question à un autre chauffeur, il vous donnera la même réponse, assure-t-il. Avant que nous ne prenions congé de lui. Si cette réponse nous paraît convaincante, il n'en demeure pas moins que la curiosité qui nous anime nous conduit à faire des détours dans la ville. Nous sommes au quartier Dioulakro, précisément dans les alentours du marché Mofêtai. Tout droit devant nous, la rue qui donne sur la Basilique Notre de la Paix grouille de monde. Des passants se bousculent. Un parc de véhicules attire notre attention. Un coup d'?il conforte les dires des chauffeurs de taxis, rencontrés un peu plutôt. C'est un lieu de recharge des véhicules utilisant le gaz. Ici, tous les véhicules, qu'ils soient pour des particuliers ou pas, tous s'approvisionnent au gaz butane, nous confie un passant, certainement un habitué des lieux. Outre ce lieu d'approvisionnement, plusieurs autres coins pullulent à Yamoussoukro. Dans ce seul périmètre, l'on peut dénombrer au moins quatre lieux d'approvisionnement, poursuit notre passant. Qui, las des questions s'excuse sans autre forme de procédure. Mais qu'à cela ne tienne. Une ballade dans les rues de ce quartier et dans d'autres quartiers réputés être des lieux de vente de gaz permet d'en savoir plus sur l'utilisation du gaz dans la capitale politique du pays. Taxis et véhicules personnels roulent au gaz. À la grande colère des détenteurs de station service. En tous cas, les propriétaires de stations service ne savent plus à qui s'adresser. La recette est maigre. Les taxis, les gros clients de la ville, roulent plus au gaz. Dommage, confie le c?ur meurtri, un pompiste ayant requis l'anonymat. Selon un point fait en 2008, le nombre de véhicules qui roulaient au gaz domestique était de 300 000 véhicules en Côte d'Ivoire. Chiffres qui paraissaient excessif selon les autorités ministérielles d'alors. Mais qui n'était pas loin de la réalité. Par ailleurs, il est bon de préciser que chaque automobiliste utilise une demi-bouteille de gaz. Cela fait 150 000 bouteilles par jour, qui échappent aux ménages en Côte d'Ivoire. 150 000 bouteilles subventionnées qui vont alimenter un réseau qui doit utiliser un produit parmi les plus taxés dans le pays. Et donc, nous demandons aux automobilistes qui se sont équipés, que c'est absolument illégal, avait prévenu à l'époque, le Ministre Emmanuel Monnet Léon. A noter qu'à Bouaké, près de 80% des taxis communaux de la ville de Bouaké roulent avec du gaz. Ignorant le danger qu'ils courent et font courir aux passagers.

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