lundi 18 mars 2013 par Nord-Sud

El Hadj Amidou Yoda, plus de 80 ans, était du voyage des pionniers qui ont fondé Garango. Le ?'dernier des Mohican'' qui a perdu la vue se souvient


 On nous a dit que vous étiez du voyage des ressortissants Voltaïques que les colons ont fait venir à Garango
C'est vrai, mais j'étais un tout-petit enfant, un bébé même.

Quand cela s'est-il passé ?
Je ne sais plus, je suis malade et j'ai oublié bien de chosesmais, il y a plus de quatre-vingt ans !

Quand vous êtes arrivé ici en compagnie de votre père, étiez-vous nombreux ?
Assez nombreux quand même, mais ils sont tous décédés ! Aucun d'entre eux n'est encore vivant ! (un soupçon de tristesse dans le langage). C'était des travailleurs et des hommes bons et justes.

 Quel travail faisiez-vous à votre arrivée ?
Le travail que nous savions le mieux : l'agriculture. Nous faisons surtout du café, la culture du cacao n'avait pas encore commencé. Naturellement, il y avait le maïs, le riz, l'igname et le manioc pour vivre. La terre était bonne et nous étions forts et courageux. Le cacao est arrivé bien plus tard.

Vous vous rappelez quand même de votre demande de naturalisation ?
Oui ! Nous étions trois à en faire la demande au temps d'Houphouët : Papara, Seydou et moi-même, le troisième.

Quel bénéfice vos enfants et vous-mêmes avez-vous tiré de la naturalisation ?
Quel bénéfice pouvait-on en tirer en ces temps ? Quand je recevais mon décret de naturalisation, je n'avais pas encore pris de femme. Mes enfants n'ont donc pas leurs noms sur le document. Et s'ils veulent faire leurs papiers, ils viennent prendre le décret. Or, à ceux qui sont nés après le décret, on ne délivre pas de certificat de nationalité, encore moins de carte d'identité nationale. C'est leur cas. Je ne pouvais pas faire écrire leurs noms dans mes dossiers avant leur naissance ! C'est malheureusement ainsi que cela s'est passé. Je suis Ivoirien et mes enfants ne le sont pas.  

Réalisé à Garango par Ousmane Diallo

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