jeudi 11 avril 2013 par Diasporas-News

En s'implantant à Paris, la Caisse d'épargne de Côte d'Ivoire, première Banque de proximité créée par l'Etat, attend valoriser et capitaliser le portefeuille client d'une diaspora ivoirienne jusqu'alors connue pour sa grande générosité à transférer des fonds qui servent essentiellement à aider et nourrir des bouches au pays.

Selon une étude effectuée par les experts de la Caisse d'épargne de Côte d'Ivoire, chaque ivoirien vivant en France enverrait en moyenne par mois près de cinquante euros à un proche au pays. A ce jour, même si aucun chiffre officiel fiable n'est connu, le nombre d'Ivoiriens pourrait approximativement atteindre les 130 000 âmes en ile de France. En faisant un simple calcul mathématique, ces envois de fonds pourraient avoisiner des montants hallucinants de 6,5 millions d'euros.

Pour les banquiers, il y a là, un grand intérêt à choyer et à soigner cette population, à majorité très active, qui a un pouvoir d'achat largement au-dessus de la moyenne nationale. Longtemps perçue comme une vache à lait par certains voire des oiseaux à plumer par d'autres, cette diaspora n'était pas prête à oublier, de sitôt, les nombreux déboires et préjudices causés par les marchands de rêves, des opérateurs immobiliers véreux et le traquenard des escroqueries familiales de tout genre.

Les victimes de ces larcins qui ont une histoire invraisemblable à raconter sont légion. Si certains ont englouti leurs économies dans des projets immobiliers au pays qui n'ont jamais vu le jour, d'autres se sont fait tout simplement escroquer pour des achats de lambeau de terrain virtuel.

La difficulté pour une banque commerciale comme la Caisse d'Epargne est donc de rassurer et de créer la confiance avec cette diaspora désemparée avant de l'amener à épargner et à participer véritablement à des projets de développement durables.

C'est ce pari que tente de gagner le Directeur général de la Première Banque de proximité de Côte d'Ivoire , M. Mamah Diabagaté, qui ne doute pas un seul instant que les produits proposés par son établissement laisseront les Ivoiriens de France indifférents.

En venant chasser sur le même terrain que ses concurrents de la Biao (Banque internationale pour l'Afrique occidentale) du richissime homme d'affaires Jean Diagou et de la Société Générale de Côte d'Ivoire filiale de la Société Générale française, qui opèrent déjà sur le marché français depuis quelques années, le patron de la Caisse d'Epargne sait que sa banque devra faire preuve d'imaginations et d'innovations pour arracher avec les dents la clientèle.
Selon M. Hassane Ouattara, le représentant attitré à Paris, Certes toutes les banques commerciales proposent des produits similaires, mais aujourd'hui, nous sommes dans une logique de services. La Caisse d'Epargne de Côte d'Ivoire en France se différencie de ces concurrents d'abord par la nomination du représentant que je suis, connu de la diaspora. Avec notre partenaire Ria, société de transfert d'argent, nous pratiquons les plus bas coûts de transfert d'argent à nos clients assure-t-il. En plus, Ria se propose de faire des échanges de devise. Autrement dit, d'échanger du franc Cfa contre de l'euro et inversement. Une innovation qui devrait mettre fin à la discrimination monétaire à l'encontre de la monnaie de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africain).

Lors du lancement officiel de ladite banque à Paris dans l'enceinte de la chancellerie ivoirienne à Paris en présence de l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France, SEM. Charles Gomis, et les partenaires français, notamment la Caisse d'Epargne française et Ria, son Directeur général Mamah Diabagaté et ses collaborateurs, ont tenu un discours plutôt patriotique que commercial pour convaincre les nombreux ivoiriens présents de la volonté politique de l'Etat de les prendre en compte et de les faire participer utilement aux projets de développement de leur pays.
Nous avons constaté un réel engouement de nos compatriotes. A ce jour, nous avons enregistré un peu plus de 300 intentions d'ouverture de compte dès le lancement s'enorgueillit M. Hassane Ouattara.

Les dirigeants de la Caisse sont convaincus que si leurs produits et services proposés aux particuliers, aux entreprises et aux associations ont connu un succès en Côte d'Ivoire, il n'y a pas de raison qu'ils ne le soient pas en France. D'autant plus qu'ils ont été adaptés aux besoins spécifiques de la diaspora. Ne serait-ce que dans l'immobilier par exemple pour l'acquisition de maison, une des principales préoccupations de la diaspora, la Caisse d'Epargne de Côte d'Ivoire propose à sa clientèle de France des conditions de paiement très assouplies.

A terme, au cours de la première année d'exercice, la direction commerciale table sur un portefeuille client de mille souscriptions. A l'horizon 2015, elle compte mobiliser près d'un milliards de francs Cfa. Ce qui n'est pas rien.

Une projection réaliste corroborée d'ailleurs par une note d'information de la Banque mondiale sur le montant des envois de fonds des travailleurs émigrés vers les pays en développement. Ceux-ci ont dépassé les 406 milliards de dollars en 2012 et devraient augmenter pour l'année en cours.

Il ne faut pas non plus oublier le geste de la France qui a versé en décembre 2012, 1 million d'euros à l'Initiative migration et développement à la Banque Africaine de Développement (BAD) dans le cadre de ses actions visant à faciliter les transferts de fonds des migrants vers leur pays d'origine, à réduire leur coût et à optimiser leur affectation. En somme, une politique d'encouragement décidée par le G8 qui a mesuré l'impact de ces transferts de fonds sur les pays en voie de développement. Des sommes conséquentes qui dépassent un peu plus de trois fois l'ensemble des aides au développement. Un argument de plus qui ne peut que conforter les projections des dirigeants de la Caisse.

Pour les autorités ivoiriennes, l'objectif de l'implantation de la Caisse d'Epargne à Paris ne se limite pas qu'à la bancarisation en Côte d'Ivoire mais bien plus. Elle constitue un véritable enjeu économique et de développement de taille.

Clément Yao

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