vendredi 19 avril 2013 par Le Patriote

Une cour assidue. C'est ce à quoi le Parti démocratique de Côte d'Ivoire se livre depuis le début de cette campagne électorale à l'égard des partisans et sympathisants de l'ancien président Laurent Gbagbo. Pas un seul jour ne passe sans qu'on ne voie brandir un ex-membre de l'ancienne majorité présidentielle appelant à voter pour les candidats du PDCI-RDA à ces élections locales. Mardi dernier, le Nouveau Réveil barrait sa Une avec un appel on ne peut plus explicite de Dogbo Raphaël, un ancien ministre du gouvernement fantoche de Laurent Gbagbo, qui demande aux pro-Gbagbo de porter les choix pour ces élections sur le parti doyen. Avant lui, c'est l'ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly, qui a dit ceci en substance à Marcory : Si vous voulez que Laurent Gbagbo soit en paix à La Haye, votez pour le candidat du PDCI-RDA . Dans leurs différents staffs des candidats du parti presque septuagénaire, figurent en bonne position des militants avérés de l'ex-parti au pouvoir. Pour rallier tous les inconditionnels de Laurent Gbagbo à leur cause.

Le PDCI-RDA compte énormément sur le vote des militants du FPI et de LMP pour plusieurs raisons. La première raison est le parti doyen est conscient que, sur le terrain dans plusieurs communes, il aura du mal à tenir la dragée haute au RDR. Les dernières statistiques en matière d'élection sont éloquentes sur la question. Surtout au niveau du District d'Abidjan et dans certaines grandes villes de la Côte d'Ivoire. Lors du premier tour de l'élection présidentielle d'octobre 2010, le PDCI-RDA est arrivé dans la plupart des communes d'Abidjan en seconde ou en troisième position, derrière le RDR. Pendant les législatives de décembre 2011, le PDCI-RDA a gardé le même rang. Celui d'être le dauphin du RDR. Les éminences grises du parti fondé par le président Félix Houphouët-Boigny savent que dans cette confrontation directe qui se joue en ce moment, leur parti a peu de chance de battre le RDR. Pour juguler le rapport de force qui lui est défavorable, le PDCI-RDA a compris qu'il lui faut des voix supplémentaires. D'où la vaste opération de charme à l'égard des partisans de Gbagbo. Mais le PDCI-RDA a conscience que cette stratégie à des limites. Car, aux élections législatives, elle a tourné court. Le parti doyen n'a pas voulu aller en RHDP aux législatives, espérant profiter du report des voix des militants du FPI dont le parti avait décidé de boycotter le scrutin. La suite, on la connait. Aujourd'hui encore, il est vrai que le parti allié au RDR remet le couvert pour ces élections municipales et régionales.

Mais en y ajoutant la stratégie de la diabolisation. A savoir faire passer le RDR pour un parti violent, prêt à utiliser tous les moyens pour s'imposer, y compris la tricherie. Mais là encore, la désillusion sera très grande pour le PDCI-RDA. Car les militants du FPI ne sortiront pas le dimanche prochain. La journée, ils battent campagne avec les candidats du PDCI. Mais la nuit, ils se concertent pour voir comment réussir à atteindre pour ces élections un taux d'abstention record. Les mêmes cadres et dirigeants qui flirtent la journée avec les candidats PDCI, sont les mêmes qui tiennent des réunions diurnes avec leurs militants pour insister sur le mot d'ordre de boycott de leur parti. A ce niveau, tous les moyens de communication sont utilisés. De l'envoi des SMS au téléphone arabe en passant par les réseaux sociaux, tout est mis en ?uvre pour que le mot d'ordre soit respecté à cent pour cent. L'enjeu est de taille pour le FPI. Car ses leaders veulent faire passer le RDR et le PDCI pour des partis minoritaires pour mieux négocier, selon eux, la libération de Laurent Gbagbo et de leurs autres camarades. Brandir le taux de participation qu'ils souhaitent catastrophique pour dire à la face du monde et de la communauté internationale qu'il ne peut y avoir de réconciliation et de paix en Côte d'Ivoire sans Laurent Gbagbo.

Un tel parti ne peut pas permettre à ses militants d'aller voter pour le PDCI-RDA. C'est le sens profond du message musclé du FPI placardé hier en grands caractères à la Une du journal Notre Voie , son porte-voix. Le Front populaire ivoirien exclu du jeu démocratique ne participe pas aux élections régionales et municipales du 21 avril 2013. Par conséquent, les militants qui sont candidats sur les listes, ou qui sont têtes de listes, ou qui soutiennent des listes, désobéissent au mot d'ordre du parti. Ils trahissent Laurent Gbagbo et le FPI. Ne participez pas aux campagnes ! Ne votez pas ! Restez chez vous ! Ces élections ne nous concernent pas , a écrit Miaka Oureto à l'intention des ses camarades. Après une telle mise en garde, on ne peut plus clair, il faut s'étonner que tous les cadres et militants qui s'exhibent autour des candidats PDCI ferment leurs téléphones portables toute la journée du dimanche. Le PDCI-RDA qui a bâti toute sa stratégie de victoire sur le vote des partisans de Laurent Gbagbo est averti.

Jean-Claude Coulibaly

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