mardi 23 avril 2013 par Nord-Sud

Ces municipales et régionales couplées qui ont vu plusieurs candidats officiels du Rassemblement des républicains désillusionnés, viennent confirmer qu'il y a réellement un malaise au sein du parti d'Alassane Ouattara.

C'est manifestement un autre message que les militants du Rassemblement des républicains (Rdr) ont tenu à envoyer au Président Alassane Ouattara. Après le vote-sanction du 3 février dernier, lors des législatives partielles, les militants du parti au pouvoir viennent de sanctionner dans les urnes, les choix faits par leur direction. Cette sanction s'est traduite soit par un boycott des élections locales couplées, soit par le choix d'un candidat autre que celui oint par leur parti. S'agissant du faible taux de participation, il peut être considéré comme un revers dans la mesure où, même dans les régions du Nord du pays, considérées comme les fiefs du Rdr, les électeurs ne se sont pas vraiment bousculés devant les bureaux de vote. Outre le faible taux de participation, les militants du Rdr se sont exprimés en sanctionnant les cadres de leur parti dont ils n'ont pas cautionné le choix. Dans plusieurs grandes villes où les militants ont manifesté des mécontentements, quant aux choix des candidats ?'républicains'', de grosses têtes sont tombées, vaincues généralement par des indépendants tout droit sortis de la ?'case''.

La razzia des indépendants
Tout comme lors des législatives partielles du 3 février, les indépendants ont fait une véritable percée au cours des élections municipales de dimanche. Issus pour la plupart du Rdr, ils ont terrassé les candidats officiels du parti au pouvoir, dans les circonscriptions situées dans le Nord du pays. Selon toute vraisemblance, les indépendants rivaliseront avec les candidats officiels, tellement ils ont raflé de sièges aux municipales dans le septentrion ivoirien. Ce qui signifie que la notion de bastion tend peu à peu à disparaître. Désormais, il ne suffit pas de dire qu'on a l'onction du Président Ouattara pour espérer tout avoir des populations. Passé donc le temps où les seuls programmes qu'on présentait aux électeurs, s'agissant des cadres du Rdr, étaient simplement le nom de l'ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi). Cela est une grande leçon pour les membres de l'actuelle direction tout comme pour certains hommes forts du Rdr. Ils ont toujours refusé de faire de la place aux autres. Ce qui fait qu'ils ont toujours combattu les indépendants comme la peste.

Que va faire M. Soumahoro ?
C'est notamment le cas du secrétaire général par intérim, Amadou Soumahoro qui a toujours montré une haine viscérale contre ceux qui se présentent en indépendants. Or, comble de malchance pour lui, il pourrait avoir été terrassé par un indépendant. Quelle honte , réagit Moussa Koné, militant du Rdr de Vavoua.

Depuis qu'Amadou Soumahoro a été nommé secrétaire général par intérim, les choses vont de mal en pis. Il prétendait récemment que c'est grâce à lui que le Rdr a remporté les législatives. Les débâcles enregistrées aux législatives partielles et à ces municipales, par les candidats officiels, sont le signe patent que sa gestion pose problème. Il avait promis redresser la barre après les mauvais résultats des partielles mais, c'était des paroles en l'air , renchérit Moussa Koné qui invite l'ancien ministre du Commerce, par ailleurs président du groupe parlementaire Rdr à l'Assemblée nationale, à rendre son tablier. Un avis partagé par un indépendant qui est tombé aux municipales les armes à la main, selon ses propres termes. Avec un peu plus de chance, j'aurais pu réussir moi aussi à remporter ces municipales dans ma circonscription. Mais, si je me réfère à la liste des indépendants qui ont gagné, je me dis qu'il y a forcément un ressort qui est cassé dans l'appareil de notre parti. Et, la personne qui doit être responsable de cela, c'est celui à qui on en a confié la gestion quotidienne. S'il a le sens de l'honneur, il devrait démissionner parce qu'il a échoué. S'il ne le fait pas, il faut que le président de la République prenne ses responsabilités et le démette de ce poste. Il est sans doute déterminé à servir le parti, mais on n'est pas obligé de le garder à ce poste pour lequel il n'a apparemment pas les compétences nécessaires , argumente ce cadre. Il a promis s'occuper (sanctionner, ndlr) de moi après les élections. Je pense que nous autres avons là aussi l'occasion de nous occuper de lui. Il a dit que nous n'avons pas de parrain et que les électeurs ne devraient pas nous faire confiance. Mais, avec la défaite de ses candidats qu'il a parrainés, c'est certainement lui qui a un problème de crédibilité auprès de la base qui ne l'a pas écouté , poursuit-il son réquisitoire contre le secrétaire général par intérim du parti au pouvoir. Et, pour lui, il est plus qu'urgent de colmater les brèches dès maintenant. Au nom de l'amour pour le parti, les indépendants reviennent toujours à la maison. Ils viennent offrir leur victoire au Président Ouattara. Mais pendant combien de temps cela va-t-il durer ? Surtout qu'à chaque fois, ces cadres-là sont voués aux gémonies. On les traite de tous les noms d'oiseau. Il faut faire attention quand on gère des hommes. Les mêmes raisons qui nous ont poussés à vouloir créer un courant au sein du Pdci (Parti démocratique de Côte d'Ivoire, l'ancien parti unique, ndlr) peuvent conduire à une ligne de fracture au sein du Rdr. Faisons donc attention. A bon entendeur , sprévient-il.

Marc Dossa

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