vendredi 26 avril 2013 par L'Hebdo Ivoirien

Son allure a bien changé depuis ses dernières apparitions publiques il y a deux ans. Casquette française, polo à rayures jaune et bleu, veste sans manches : Ahoua Don Mello a troqué le costume pour un style décontracté, passe-partout . L'ancien porte-parole du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo, au premier plan pendant la crise post-électorale, s'est exilé à Accra, la capitale ghanéenne, en juin 2011 lorsque la justice ivoirienne a émis un mandat d'arrêt contre lui pour crimes économiques. Il s'y fait discret. Accueillis sans difficulté, dans les premiers temps logés dans des grands hôtels de la capitale, Don Melo et les autres cadres pro Gbagbo, ont longtemps vécu tranquilles, ce qui n'a pas manqué de créer des tensions entre les deux pays. Depuis, la donne a changé. L'ancien président, John Atta Mills, ayant mis ce problème de côté. Mais son successeur, Mahama a choisi d'entretenir de bonnes relations avec le pouvoir Ouattara. Conséquence, en janvier dernier, Charles Blé Goudé était arrêté puis extradé le lendemain à Abidjan. Même si les autorités nous ont rassurés, j'avoue que cela nous a beaucoup secoués, reconnaît Douayoua Lia Bi, ancien ministre de la communication.

Profil bas et suspicion sont donc de mise. Blé Goudé et les autres n'ont pas été arrêtés, ils ont été kidnappés. Ca peut aboutir en assassinat , lance Assoa Adou, ancien ministre des eaux et forêts, lui aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt. On fait plus attention à qui nous approche, à qui nous voyons , résume Lia Bi. Loin de leurs familles, restées en Côte d'Ivoire, loin d'Abidjan qui leur manque chaque jour , ces ex-ministres commencent à sentir le coup. Et tandis que les divisions internes s'exacerbent, les problèmes financiers s'accumulent. On survit grâce à de bonnes volontés , assure Aurélien Séry, un politologue pro-Gbagbo, qui s'est laissé pousser la barbe pour passer plus inaperçu. Ce que je vois autour de moi, c'est que c'est très difficile , explique Ahoua Don Mello. Il est pourtant une exception. Ingénieur des ponts et chaussées, il assure bien s'en sortir, et utiliser son expertise pour travailler comme consultant sur des projets de développement. Tous disent vouloir rentrer au pays. Ils assurent, en dépit des accusations du gouvernement, n'avoir aucun plan pour déstabiliser le régime de Ouattara. Ils demandent une loi d'amnistie générale, mais estiment leur sécurité toujours pas assurée de l'autre côté de la frontière. Beaucoup ne supportent plus l'exil, explique Aurélien Séry. À Abidjan, ils avaient leur entourage, les honneurs. Ils sont descendus de leur piédestal.

Sei Brice
(Source O. M à Accra)

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