vendredi 3 mai 2013 par Le Patriote

19 journalistes professionnels tués.174 autres emprisonnés en 2012. L'exercice de la profession de journaliste demeure encore dangereux à travers le monde. Malgré sa noblesse

Chaque 3 mai, depuis maintenant 20 ans, le monde entier marque une halte, le temps d'une journée, pour célébrer la liberté de presse et faire front commun pour la préserver. Une journée pensée pour défendre la liberté d'expression et la sécurité des journalistes. L'esprit est de la Déclaration de Windhoek de 1991 dont la date d'adoption, le 3 mai, a ensuite été choisie par l'Assemblée Générale des Nations Unies en 1993 pour la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Depuis ses modestes débuts, cette journée est devenue une vraie célébration internationale avec des évènements organisés dans plus de cent pays différents tous les ans. Cette année, l'événement est célébré au niveau international sous le thème : Parler sans crainte : assurer la liberté d'expression dans tous les médias .
En Côte d'Ivoire, la célébration officielle de la journée mondiale de la Liberté de la presse sous le thème local liberté de la presse et responsabilité est prévue pour le 04 mai, pour la simple raison que le gouvernement est absent de la capitale économique ivoirienne.
Malgré cette célébration, la situation des journalistes dans le monde reste encore difficile.
Selon le dernier rapport de Reporter Sans Frontières (RSF), l'évolution enregistrée dans le paysage médiatique au cours des vingt dernières années avec de nouvelles possibilités d'échange et de dialogue ainsi que de partage du savoir et de l'information par le biais de nouvelles plateformes, n'a pas amélioré le respect de certaines libertés fondamentales, en particulier concernant la sécurité des journalistes. Beaucoup de défis sont toujours d'actualité et de nouvelles menaces s'élèvent contre la liberté d'expression dans le monde de l'actualité numérique. C'est pourquoi, cette année, l'accent est mis tout particulièrement sur la sécurité physique et psychologique des journalistes de toutes les formes de médias. Le dernier rapport de RSF révèle que plus de 600 journalistes et employés des médias ont été tués au cours des dix dernières années alors qu'ils traitaient des actualités pour le grand public. En d'autres termes et en moyenne, à en croire RSF, chaque semaine un journaliste meurt dans l'exercice de ses fonctions. Cette année, la directrice-générale de l'UNESCO, Irina Bokova, a condamné l'assassinat de 121 journalistes, soit presque le double de 2011 et 2012. Dans la majorité des cas susmentionnés seulement un cas sur dix de crimes contre des journalistes, des employés de médias et des rédacteurs de contenus sociaux, a conduit, à en croire RSF, à une condamnation effective. Ce haut niveau d'impunité va, en effet, à l'encontre du devoir des États à protéger leurs citoyens et conforte le cercle vicieux, où l'absence de punition enhardit ceux qui usent de violence contre les journalistes. Le classement mondial de la liberté de la presse que fait RSF, pour 2013, marque un retour à une configuration plus habituelle. Le rang d'un grand nombre de pays est lié à l'intensité de l'actualité politique. Ainsi, apprécie-t-on mieux l'attitude et les intentions des régimes vis-à-vis de la liberté de la presse à moyen et à long terme. En tête du classement, les trois pays européens qui occupent, ils y a un peu plus deux ans les premières places. Pour la troisième fois consécutive, la Finlande se distingue comme le pays le plus respectueux de la liberté de la presse. Elle est suivie par les Pays-Bas et la Norvège. Tout en bas, trois pays dictatoriaux composent le trio infernal. Il s'agit, du Turkménistan, de la Corée du Nord et de l'Érythrée. En revanche, le pays d'Alassane Ouattara, à en croire le dernier rapport de RSF, démontre une nouvelle fois encore en cette année 2013 sa capacité à assurer et maintenir un environnement optimal pour les acteurs de l'information.

Un climat général qui s'est amélioré, des défis qui
restent à relever

Les journaux dits "bleus", proches de l'ex-majorité présidentielle (Notre Voie, Le Temps, Le Nouveau Courrier, etc.) depuis la fin de la crise postélectorale s'expriment sans encombre et les journalistes qui avaient pris la fuite au lendemain de cette crise sont presque tous rentrés et s'expriment librement. Reste la question épineuse de la libéralisation de l'espace audiovisuel. Le pays ne compte jusque-là que la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). Son influence dans l'opinion ivoirienne a toujours été renforcée par la situation de quasi-monopole dans laquelle elle se trouve (il n'existe en effet pas d'autres chaînes locales de télévision que la RTI1 et la RTI 2). Il s'agit, pour le nouveau pouvoir, d'encourager le pluralisme en libéralisant le paysage audiovisuel. Le chantier a été confié à l'ancien ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, qui préside aujourd'hui la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA). Seul bémol, l'affaire Guy-André Kieffer (le journaliste franco-canadien disparu le 16 avril 2004) qui n'a pas encore été élucidée. Toutefois, les progrès significatifs enregistrés au cours de ces 12 derniers mois, méritent d'être confortés par d'autres actions concrètes. Moussa Keita


Le grand bond de la Côte d'Ivoire sous Ouattara
Du 159ème rang à la 96ème place. De 2011 à 2013, la Côte d'Ivoire a fait un bond significatif dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF, gagnant ainsi 63 places. Soit la progression la plus importante des dix dernières années. Cette performance traduit l'engagement et la détermination du Président Ouattara et de son gouvernement à garantir aux journalistes un environnement propice à l'exercice de leur profession. Après la crise postélectorale, la Côte d'Ivoire remonte très fortement dans le classement mondial, pour arracher sa meilleure position depuis 1997. Une percée, consécutive à la rareté de violences et d'arrestations arbitraires des hommes de médias. Pour autant de nombreux défis restent à relever, notamment le retour de tous les journalistes exilés et la libéralisation de l'espace audiovisuel pour briser le monopole dans lequel se retrouve la RTI.

MK

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