lundi 13 mai 2013 par Agence de Presse Africaine

Le commerce des notes, un phénomène parmi tant d'autres qui minent l'école ivoirienne, bat son plein dans les différents établissements scolaires du pays à la veille des examens à grand tirage qui démarrent le 28 mai prochain.
Dans la ville de Man, située à près de 600 km à l'Ouest d'Abidjan, le phénomène de la vente des notes, bien que soigneusement évité par tous les responsables d'établissement, n'en demeure pas moins un fléau sans cesse grandissant et toujours d'actualité dans le milieu scolaire.

La plupart des acteurs du système éducatif de cette localité ont affirmé en avoir entendu parler. Germain Gueu, élève au Collège moderne reconnait l'existence du phénomène mais assure qu'il a été enrayé dans son établissement. Kémi Soumahoro, son voisin de quartier, qui fréquente le Collège Blon, confirme également l'existence de ce ?'commerce étrange'', cependant, il s'empresse de le dénoncer.

?'La menace est bien réelle'', renchérit Mariam Camara de la même école, saluant les conseils de certains de ses enseignants, l'invitant à se mettre à l'écart de cette pratique qui impacte négativement la ?'qualité de la formation du système scolaire ivoirien .

Tenter de connaitre les tarifs de ce ?'commerce des notes'', relève du mystère. Fatim Blon avance avec dégoût que même avec 500 fcfa le miracle peut s'opérer, puisque, explique-t-elle, la vente est faite souvent à la criée.

Il n'est pas rare de voir un élève absentéiste notoire décrocher 15 de moyenne à la fin de l'année au grand dam des responsables, qui pour certains comme le Directeur des études du Collège Pascal Gue, assurent n'avoir jamais entendu parler du phénomène, alors que Alifa N'gorsu du Collège Blon indique s'employer à l'enrayer sans pourtant l'admettre.

L'existence d'une omerta autour de ce commerce florissant est brisée par le témoignage de M. Tia, enseignant de philosophie qui révèle avoir reçu la visite d'une élève qui s'est dite ?'prête à tout'' pour avoir la moyenne.

Pascal Konan, en classe de 4eme dans un établissement privé de Man, avoue avoir été approché par son professeur de mathématiques.

?'Il m'a dit de contacter mes amis au cas où ils voudraient qu'il les arrange'', dit-il. A la question de savoir combien l'enseignant demande, M. Konan répond, ?'ça dépend, cela varie entre 5000 fcfa et 10000 fcfa''.

Parfois, révèle-t-il ?'l'enseignant demande qui veut être premier ou première de sa matière ?''.

Selon lui, un enseignant aurait même réprimandé un élève pour n'avoir pas été assez ?'reconnaissant'' envers lui après qu'il l'ait ?'arrangé'', l'année précédente.

Du côté des inspecteurs d'orientation, Ferdinand Konan N'goran assure que les moyennes des élèves sont ?'scrutées et investiguées'' à la loupe et font l'objet de vérification dès qu'une évolution semble ?'suspecte''.

Il avoue néanmoins que le phénomène demeure très subtil et qu'il est très difficile, voire impossible de se trouver face au flagrant délit.

?'La solution reste donc la dénonciation, or la solidarité semble de mise d'une part entre les élèves et d'autre part entre les indélicats enseignants'', estime M. N'goran.

Quant aux causes, elles semblent être liées certes au goût des élèves pour la facilité mais aussi et surtout au dénuement et à la pauvreté dans lesquels baignent les enseignants, surtout ceux du privé qui sont pour la plupart des bénévoles diplômés mais chômeurs qui perçoivent seulement 1000FCFA par heure de cours.

Cette situation est d'autant plus vraie qu'aux dires de M. Tia, le phénomène a pris de l'ampleur au cours des années de crise pendant lesquelles les élèves cotisaient pour payer les enseignants bénévoles.

?'Les habitudes ayant la peau dure, c'est peut être cette sorte de racket qui survit après la crise et qui gangrène l'école à l'Ouest'' souligne-t-il.

Le district des montagnes (Man) occupe ces dernières années la queue du rang des résultats scolaires nationaux.

La langue vivante 2, (l'Allemand ou l'Espagnole), ou le Latin, a été tirée vendredi au sort comme épreuve complémentaire obligatoire pour l'examen du Brévet d'étude du premier cycle (BEPC) dont les épreuves écrites sont prévues du 11 au 12 juin prochain.

A cette occasion, tous les acteurs du système scolaire ivoirien ont été invités par la ministre de l'éducation nationale et de l'enseignement technique, Kandia Kamissoko Camara, au sens de la responsabilité, à l'observation stricte et ferme des valeurs que sont l'équité, l'égalité de chance pour tous les candidats en luttant contre la tricherie .

Le calendrier des examens scolaires a été validé mercredi dernier par le gouvernement, à l'issue d'un Conseil des ministres.

Les épreuves écrites du Certificat d'étude primaire élémentaire (CEPE) sont prévues le 28 mai prochain. Cet examen enregistre 448 275 candidats qui seront répartis dans 1760 centres sur l'ensemble du territoire national.

S'agissant du Brevet d'étude du premier cycle (BEPC), les épreuves orales sont prévues du 4 au 7 juin tandis que les épreuves écrites suivront du 11 au 12 du même mois. Cette année, ils sont 308 827 candidats qui iront à l'assaut de ce Brevet dans 311 centres.

Les épreuves orales du baccalauréat, programmées du 11 au 21 juin seront suivies des épreuves écrites du 25 au 28 juin. Ils sont 215 369 candidats au baccalauréat pour 750 centres d'examens.

Le système scolaire ivoirien a été constamment perturbé cette année par plusieurs grèves des enseignants qui revendiquent de meilleures conditions de vie et de travail, faisant craindre une année blanche.
AA/LS/of/APA

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023