mardi 14 mai 2013 par Notre Voie

Le secteur de l'or blanc broie du noir. Les efforts déployés, il y a quatre ans, par l'Association nationale des organisations professionnelles agricoles de Côte d'Ivoire (Anopaci) pour la relance de la filière coton en Côte d'Ivoire, ont été enrayés par la crise militaro-politique qu'a connue le pays.
En effet, depuis plusieurs années, la filière coton ivoirienne connait de graves difficultés visibles à travers la chute drastique de la production qui est passée de 400.000 tonnes au cours de la campagne 1999/2002 à 123.000 tonnes pour la campagne 2008/2009 du fait de la rébellion armée qui a coupé le pays en deux entre le Nord où est produit le coton et le Sud, l'effondrement des prix sur le marché international, la dépréciation du dollar, l'augmentation rapide des coûts des engrais. Les plus grandes victimes de cette situation sont les producteurs dont les comptes d'exploitation sont passés au rouge. Ils croulent également sous le poids des dettes et des préjudices que leur causent les impayés dus par certains égreneurs.
La crise que traverse la filière coton a non seulement affecté le revenu des producteurs, mais aussi fragilisé les Organisations professionnelles agricoles (OPA). Le dispositif organisationnel et fonctionnel de ces coopératives ayant perdu de son efficacité. Il ne permet plus de sécuriser le revenu des producteurs et ne rend plus de services efficaces.
Il est important cependant de signifier que le secteur coton joue un rôle important dans l'économie agricole en Côte d'Ivoire. Il constitue le poumon de l'économie rurale de toute la zone cotonnière et un puissant facteur de lutte contre la pauvreté. Au fil du temps, l'environnement de la filière coton a connu une importante mutation marquée par la libéralisation du secteur qui est mal maîtrisé par les acteurs et l'effondrement des cours mondiaux sur le marché international. Les prix des intrants ont flambé tandis que les prix d'achat du coton aux producteurs ne cessent de diminuer. Il est vrai que depuis 2 ans, l'Etat subventionne les intrants à hauteur de 7 milliards FCFA, mais c'est insuffisant, a renchéri le président de l'Union inter-régionale des producteurs agricoles des produits tropicaux de Côte d'Ivoire, Diallo Abdoulaye, dans les colonnes de la revue l'Espoir, dans sa parution N°009 d'avril dernier. Selon lui, avec 25 faitières, la filière est non seulement désorganisée, mais il y a aussi la question des intrants, surtout l'engrais et les pesticides dont l'acquisition est devenue particulièrement ardue. Un rapport de la Banque mondiale et de l'Union européenne, soutient que c'est une perte de profit chiffrée à 45 milliards FCFA, essentiellement dues aux impayés des intrants. On ne gagne plus avec le coton. L'année dernière, nous avons vendu le kilogramme bord champ à 265 FCFA, le meilleur prix en Afrique de l'Ouest. Cette année 2013, le même prix a été reconduit par l'interprofession qui a obtenu que l'Etat subventionne les intrants à hauteur de 25%. L'autre défi, c'est l'industrialisation pour absorber une masse critique de chômeurs. Figurez-vous qu'au Nord, il n'existe aucune usine de transformation du coton, a-t-il souligné.

Djè Abel

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