mardi 28 mai 2013 par Le Patriote

La saison pluvieuse a démarré en Côte d'Ivoire depuis début du mois dernier. Le Directeur de la Météorologie nationale à la Société d'Exploitation et de Développement Aéroportuaire, Aéronautique et Météorologique (SODEXAM), Daouda Konaté, dans cet entretien, fait des révélations sur cette saison des pluies et ce qu'il faut en attendre.

Le Patriote : Nous assistons depuis peu à quelques pluies. Est-ce le début de la saison pluvieuse ?

Daouda Konaté : Nous sommes effectivement de plein pied dans la saison pluvieuse. Cette saison a commencé depuis le début du mois d'avril. Elle va s'étendre normalement jusqu'à la mi-juin et début juillet prochain. La fin de cette saison est prévue pour la mi-juillet 2013.

LP : Dans quel mois doit-on s'attendre à des moments de fortes pluies ?
D.K. : Généralement, les moments de pics ont lieu dans le mois de Juin. Et à cette période, nous avons des pluviométries assez fortes. Mais à partir de début début juillet, nous aurons une atténuation de ces pluies.

LP : Par rapport à vos prévisions météorologiques, peut-on s'attendre à de grandes pluies cette année. ?
D.K. : Cette année, selon les indicateurs en notre possession, la saison pluvieuse sera normale. Elle ne sera pas excédentaire, mais elle sera en deçà de la normale ou voire normale. Il ne faut pas s'attendre à des pluies excédentaires cette année, comme cela a été le cas l'année dernière. Nous serons dans la même fourchette que la saison pluvieuse précédente. En 2012, nous avions eu des pluies normales, qui oscillaient entre 656 millimètres et 1000 millimètres de pluies au niveau d'Abidjan pour les trois mois. C'est-à-dire avril, mai et juin. Cela est la quantité de pluviométrie normale.

LP : Pleuvra t-il très fort à Abidjan ou à l'intérieur du pays ?
D.K : Selon les prévisions faites, il y aura moins de pluies sur le littoral et un peu plus de pluies à l'intérieur du pays. Au mois d'avril, nous avions eu un peu plus de pluies au niveau du Nord ?Est et du centre du pays. Mais au niveau du littoral, l'on aura moins de pluies pour le mois de mai. Cette tendance pourra se confirmer au cours des deux prochains mois à venir (Ndlr : juin et juillet). En tout cas, au niveau d'Abidjan, les Abidjanais ne doivent pas s'attendre à de fortes pluies. La saison sera normale comme l'année dernière. On aura les mêmes profiles de pluies comme l'année précédente. Donc, il n'y aura pas de pluie excédentaire au niveau du littoral. Par contre, à l'intérieur du pays, on aura des pics d'excédent de pluies. Elle va s'estomper et devenir une pluviométrie normale avec 650 à 700 millimètres (mm) de pluies pour les trois mois.

LP : Qu'est ce qui pourrait expliquer la faiblesse de la pluviométrie sur le littoral ?
D .K: Cela est dû à la variabilité de la pluviométrie. C'est un phénomène naturel. Mais le fait qu'il y ait un déficit de pluviométrie, s'explique par le fait qu'il y a une interconnexion entre les pluies que nous recevons au niveau de la Côte d'Ivoire et les températures de surface de l'Océan atlantique. Lorsque cet Océan a des températures élevées par rapport à la normale, 28 à 30°c, on va s'attendre à de fortes pluies sur le continent. Et quand on a l'inverse, il faut s'attendre à une faible pluviométrie sur le continent. Techniquement, c'est ce qui se passe au niveau de la région.

LP : Y a-t-il un risque d'inondation au niveau d'Abidjan cette année ?
D .K. : En fait, les causes de l'inondation ne sont pas uniquement liées aux fortes pluies. On peut avoir moins de pluies et avoir des inondations, parce qu'il y a des causes d'insécurité météorologiques et des causes humaines. Par exemple, lorsque les caniveaux sont bouchés et les passages d'eau obstrués. La pluie est l'une des causes de l'inondation, mais ce n'est pas la cause unique d'inondation. Même s'il y a moins de pluies, et si les conditions de drainage d'eau et d'assainissement ne sont pas propices, il peut y avoir des inondations. Pour les zones à risque au niveau d'Abidjan, les populations qui sont installées sur des falaises ou sur des passages d'eau sont en danger. Il peut y avoir des glissements de terrains. Il faut donc relativiser cette notion d'inondation.

LP : Pourquoi n'y a-t-il pas eu assez de pluies l'année dernière ?
D .K. : L'année dernière, selon nos indicateurs, on avait un réchauffement anormal de l'Océan atlantique, mais ce réchauffement n'a pas perduré. Toute chose qui a occasionné un écart entre les prévisions et la réalité sur le terrain. Il y a une interconnexion entre les températures de la mer et celles du continent. Cette année, nos tendances nous disent encore que la température de la mer est moins chaude. On aura alors moins de pluies sur le littoral, mais, il y aura un peu plus de pluies à l'intérieur du pays. Les fortes chaleurs auxquelles les populations étaient confrontées étaient simplement des signes annonciateurs de la saison des pluies. On avait une forte chaleur encore renforcée par l'humidité de l'air. Dans la chaleur, il faut voir la température, l'humidité et l'air. Plus l'air est humide, plus on sent une forte sensation de chaleur. C'est un phénomène normal. Cela annonce l'établissement de la saison de pluies. Même actuellement, lorsqu'il ne pleut pas, il fait chaud. Et c'est la période propice pour cette vague de chaleur. Cette vague de chaleur va continuer et s'estomper lorsqu'on passera à la saison sèche. J'invite la population ivoirienne à ne pas s'alarmer. Nous sommes en saison des pluies et il y a des mesures que chacun doit prendre pour éviter d'éventuelles inondations. Il faut que les populations évitent de s'installer dans les zones à haut risque (les bas-fonds, les falaises, les passages d'eau et les terrains sujets à des glissements). Cette année, nous allons émettre des bulletins tout ?risque comme nous l'avons fait l'année dernière afin de prévenir les populations ivoiriennes contre les inondations.

AC

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