vendredi 14 juin 2013 par Autre presse

De retour d'une visite en Côte d'Ivoire auprès des centres de commandement des forces armées ivoiriennes, françaises, et onusiennes, il m'est apparu que ce qui se passe au Mali n'a rien avoir avec la situation ivoirienne, même si la contagion jihadiste -toujours elle- est une hantise qui commence à monter dans les esprits influencés par la géopolitique.

Al Qaïda s'est toujours désintéressée de la Côte d'Ivoire. Ni attentat, ni même incursion. Il est vrai que le quotidien ivoirien Le Jour Plus titrait, vendredi 7 juin, "Abidjan sous la menace jihadiste", mais cela ne veut pas dire que c'est imminent.

L'appareil sécuritaire national n'est d'ailleurs pas spécialement en état d'alerte terroriste. Pour la gendarmerie, les Mohamed Merah ou autres forcenés sont difficiles à imaginer. Ni non plus de branche locale d'Al Qaïda.

Vers une montée de l'islamisme radical?

Une certaine montée de l'islamisme idéologique est pourtant palpable. Dans le nord du pays, les femmes sont toujours plus nombreuses à se voiler, et les musulmanes d'Abidjan s'y mettent par petites grappes.

Les prêches politisés existent, et parfois la gendarmerie expulse un prédicateur étranger prônant la charia. Plus inquiétant pour le pays, les réseaux du trafic de drogue ont fini par fusionner avec les réseaux de ventes d'armes, et ces derniers trouvent dans les jihadistes de bons clients. C'est le ministre ivoirien de l'Intérieur lui-même, Hamed Bakayoko, qui le dit.

Licorne (la force française sur place) peut évidemment être une cible. L'immense majorité des 450 Français de cette force sont logés à Port Bouet, ce quartier de la proche banlieue d'Abidjan adossé à l'aéroport. La sécurité sur la base de Port Bouet y est classique: murs d'enceinte, entrées contrôlées, barbelés.

Même chose pour l'ONUCI, la vaste opération onusienne en Côte d'Ivoire, avec ses 10.000 personnels à grande majorité militaires, et leur QG bunkerisé en ville. L'ONUCI est une cible potentielle.

La France et son rôle central

Le 6 juin, François Hollande reçoit le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la Paix de l'Unesco. Le motif: sa contribution à la paix en Afrique.

Le président Hollande est un homme de l'Afrique de l'Ouest désormais. Ce prix, qui porte le nom du premier président et patriarche de la Côte d'Ivoire, lui a été attribué pour la décision de casser l'offensive des jihadistes en direction de Mopti au Mali. Cela a rétabli la paix, et tous les gouvernants africains l'ont félicité. Onze sont venus à l'Unesco le lui dire.

Nombre des gouvernants étaient opposés au renversement de Kadhafi, acte qui a déstabilisé le Sahel tout comme l'invasion de l'Irak a déstabilisé le Moyen-Orient neuf ans plus tôt. Mais des présidents comme Idriss Déby du Tchad ne sont pas mesquins.

Le président ivoirien Alassane Ouattara, présent pour l'occasion, doit presque autant à Sarkozy que son homologue malien Dioncounda Traoré doit à Hollande: le rétablissement d'un ordre légal et de leur pouvoir.

Mais malgré tous ces parallèles entre le Mali et la Côte d'Ivoire, les situations ne sont pas -pas encore- semblables. Le rôle décisif de la France, lui, est très semblable.

La menace jihadiste ivoirienne s'appellerait Mali

Avant l'irruption dans l'histoire de la crise malienne, la Côte d'Ivoire a focalisé les efforts de l'armée française en opérations extérieures.

Licorne, le nom de l'opération ivoirienne commencée en 2002 et aussi le nom d'une force élastique (4.500 effectifs en 2004 et 450 en 2013), a non seulement a permis de porter le coup militaire décisif aux pro-Gbagbo lors de la crise post-électorale de 2011, et d'en finir avec la guerre civile ivoirienne.

Licorne a aussi contribué richement au déclenchement rapide de l'opération Serval au Mali deux ans plus tard. En effet, la moitié de l'effectif Licorne a foncé sur le front malien dans ses véhicules blindés légers, dont le célèbre mini-char sur roue, le Sagaie. De belles images, et un beau coup de poing aux jihadistes. ... suite de l'article sur BFMTV

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