lundi 15 juillet 2013 par Notre Voie

L'article 34 de la Constitution de la République de Côte d'Ivoire dispose que le président de la République est le chef de l'État. Il incarne l'unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Il assure la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du respect des engagements internationaux.

De ce qui précède, les propos tenus par Alassane Ouattara récemment à Korhogo, indiquant que c'est la première fois qu'un musulman arrive à la tête de l'Etat de Côte d'Ivoire, jurent avec l'esprit et la lettre de cet article de la loi fondamentale ivoirienne pour une double raison.
La première raison, c'est que la Côte d'Ivoire est une et indivisible. Sa population est constituée d'une mosaïque d'individus issus aussi bien de diverses ethnies que de diverses religions. Et celui qui aspire à diriger les Ivoiriens se présente en tant qu'Ivoirien, non en tant qu'appartenant à telle ou telle aire sociologique ou religieuse. Peu importe qu'il soit Baoulé, Yacouba, Bété ou Malinké. Ce n'est pas ce qui importe. Peu importe qu'il soit chrétien, musulman ou animiste. Ce n'est pas ce qui importe. Ce qui importe, c'est qu'il soit Ivoirien.

La deuxième raison, c'est que la Côte d'Ivoire est une République laïque et non un Etat théocratique. Peu importe, la religion de celui qui est à sa tête. Parce que le fondement de l'Etat ivoirien, ce n'est pas Dieu. Même si, pour les croyants, il est préférable d'avoir pour dirigeant un individu qui est croyant, qui a la crainte de Dieu. Or, la Côte d'Ivoire n'est pas constituée que de croyants. Il faut tenir compte de toutes les sensibilités qui composent ce pays. Surtout pour ceux qui le gouvernent ou aspirent à le gouverner.

En somme, quand on est chef d'Etat, on ne l'est pas pour un clan, une tribu, une ethnie, une région ou une religion. On est chef d'Etat pour toute la communauté nationale, sans tenir compte de toutes ces distinctions. C'est donc une faute politique grave que commet Alassane Ouattara, quand il dit que c'est la première fois qu'un musulman devient président en Côte d'Ivoire.
Ce que les Ivoiriens lui demandent, ce n'est pas sa chapelle religieuse, c'est de travailler pour résoudre les nombreux problèmes qu'ils rencontrent quotidiennement. Et ces problèmes sont de plusieurs ordres. Ils sont économiques, sociaux et politiques. Ce n'est un secret pour personne que la vie coûte de plus en plus cher. Les prix sur les marchés grimpent chaque jour. Ce qui rend la vie infernale, surtout pour les familles nombreuses.

Aujourd'hui, en dépit du discours officiel, la méfiance subsiste toujours entre les populations. Les Ivoiriens continuent de se regarder en chiens de faïence. La réconciliation tant attendue ne vient pas. Pis, le pouvoir ne fait rien pour que les choses changent positivement. Il est plutôt lancé dans une sainte chasse à courre aux pro-Gbagbo. Malgré ce triste tableau, il met à mal l'unité nationale.

Jean Josselin

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