mercredi 17 juillet 2013 par Autre presse

Comme on pouvait s'y attendre, le Front populaire ivoirien (FPI) vient de rejeter l'appel au repentir que lui avait lancé le président Alassane Ouattara. En effet, on se rappelle que le numéro un ivoirien, à l'issue de sa longue et récente randonnée dans le Nord du pays, avait demandé à l'ancien parti au pouvoir de faire son mea culpa pour les erreurs commises pendant la crise post-électorale. On se doutait bien qu'il ne serait pas entendu, cela d'autant qu'il a en face de lui des gens rompus à la mauvaise foi et la fuite en avant et qui, selon toute vraisemblance, sont cuirassés contre les critiques. Ils sont tellement peu respectueux et excessifs qu'ils n'accepteront jamais de demander pardon. Et toujours fidèles à eux-mêmes, les militants du FPI estiment qu'il revient d'abord au président Ouattara de demander pardon aux Ivoiriens ; lui qui, disent-ils, a introduit la violence dans la politique en Côte d'Ivoire. Et cerise sur le gâteau, le FPI considère le président Ouattara comme le père de la rébellion de septembre 2002 qui avait conduit à la partition du pays en deux, d'où la crise de 2010. Voilà qui est clair. Le président Ouattara, en exhortant le FPI au repentir, aura ainsi prêché dans le désert. Et mieux, il a donné l'occasion à ses adversaires de voler dans ses plumes ; eux qui ne ratent jamais la moindre occasion qui leur est offerte pour vouer son régime aux gémonies. Au fait, pour le parti de Laurent Gbagbo accepter de demander pardon au peuple ivoirien, ce n'est ni plus ni moins qu'un aveu de culpabilité. Autrement dit, on ne demande pardon que quand on a quelque chose à se reprocher. Mais comme le FPI, dans son aveuglement sans limite, est convaincu de n'avoir rien fait, il se refuse tout repentir, même s'il dit assumer ses actes.

Il est très difficile pour le président Ouattara de réveiller des gens qui ne dorment pas

De quels actes parle-t-il, sommes-nous tentés de nous demander ? Bien malin qui saura répondre à cette question. On sait toutefois qu'en faisant aveu de culpabilité, le FPI se tirerait une balle dans le pied. Ce serait en effet, reconnaître implicitement qu'il porte une lourde responsabilité dans les crimes perpétrés en Côte d'Ivoire pendant la crise post-électorale. Il donnerait ainsi à la CPI une verge pour fouetter son champion détenu dans ses geôles. A la vérité, l'ancien parti au pouvoir qui est resté droit dans ses bottes, n'est pas dans une logique de réconciliation. Et il est très difficile pour le président Ouattara de réveiller des gens qui ne dorment pas, encore plus difficile de faire entendre raison à des gens qui font constamment preuve de mauvaise foi. Que faire donc ? Faut-il dissoudre le FPI comme le recommande le porte-parole du RDR, à l'instar de ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte après que la révolution eut emporté respectivement Ben Ali et Hosni Moubarak ? Assurément non, puisque cela renforcerait l'argument mensonger selon lequel le président Ouattara s'acharne sur les pro-Gbagbo. Et cela risque même de mettre à nouveau le pays à feu et à sang, tant les militants du FPI ne jurent que par la violence, leur arme favorite. Ce serait même donner des arguments à ces pleurnichards politiques qui n'ont de cesse de crier à la Justice des vainqueurs. Soit. Toujours est-il que la Justice des vainqueurs est préférable à la Justice des cimetières. On sait que si le camp Gbagbo avait remporté la guerre, ADO et autres seraient aujourd'hui six pieds sous terre. Ceux qui parlent aujourd'hui de Justice des vainqueurs doivent d'abord se réjouir d'être en vie puisque d'autres n'ont pas eu cette chance de sauver leur peau.
A l'analyse, on a l'impression que, comme le dit l'adage cabri mort n'a pas peur de couteau . N'ayant aucun bilan à présenter, le FPI, conscient qu'il a perdu le royaume à jamais, en fait à sa tête, convaincu qu'il n'a plus rien à perdre. C'est ce qui justifie son obstination à fermer l'?il sur les efforts déployés par le pouvoir de Ouattara. Cela dit, il revient au président Ouattara de ne pas se laisser démoraliser ni distraire. Il doit continuer à travailler afin de clouer le bec à ses détracteurs. Et, en cela, il gagnerait à travailler davantage sa communication, de sorte à rendre visibles les actions qu'il a entreprises. Il doit savoir communiquer et répondre parfois à l'adversaire pour ne pas confirmer l'adage selon lequel qui ne dit mot consent .

Boundi OUOBA

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