mercredi 17 juillet 2013 par Le Patriote

Le refus du Front populaire ivoirien(FPI) de présenter des excuses aux victimes et à leurs parents comme le leur a conseillé le chef de l'Etat continue de susciter le mécontentement des concitoyens. Carlton Coulibaly Ahoua, porte-parole du RDR revient sur cette question et biens d'autres sujets d'actualité.

Le Patriote : En réponse à l'appel qu'a lancé le président de la République au FPI de demander pardon aux victimes, le secrétaire général adjoint du parti, Dano Djédjé, s'est interrogé de savoir à qui et pourquoi fallait-il demander pardon. Quels commentaires le porte-parole du RDR que vous êtes en faites ?
Ahoua Carlton : Cette préoccupation m'intéresse en tant que porte-parole mais aussi en tant que femme. Quand monsieur Dano Djédjé, ancien ministre de la réconciliation se donne les moyens pour répondre de façon insidieuse en se posant la question de savoir à qui il faut demander pardon. Je commencerai par lui dire que le FPI doit d'abord demander pardon à ses militants pour les avoir trahis, pour les avoir entraînés dans le chaos. Ensuite, le FPI doit demander pardon à toute la population de la Côte d'Ivoire. Parce qu'il n'y a pas seulement que les militants du RDR qui ont été victimes du FPI même si en grand nombre, ce sont les militants du RDR qui ont payé le lourd tribut. La situation a été fatale pour des citoyens qui n'ont jamais fait de politique et qui simplement portaient des noms à consonance nordique ou à consonance musulmane. Même au sein du FPI, des militants qui portaient des noms musulmans ont été victimes. Alors quand j'entends un ex-ministre de la réconciliation posé cette question, je suis scandalisée. Et dire qu'il a été ministre de la réconciliation, je me demande ce qu'il faisait dans ses bureaux.

LP : Comment avez-vous accueilli cette position ?
AC : Je croyais que Dano Djédjé était au dessus du lot. J'ai été surprise. Je suis tombée des nues quand j'ai entendu ces propos parce que c'est un monsieur en qui je croyais. J'ai pensé qu'il faisait partie de ces hommes valeureux qui ont le discernement. J'ai compris là, quel ministre de la réconciliation il a été.
Il faut vraiment que le FPI demande pardon. Aujourd'hui, leurs militants se sont sentis floués, ils se sont rendus compte que le FPI les a trompés. En deux ans, certains d'entre eux sont en train de reconnaître le travail que le président de la République accomplit. Dans notre commune, des jeunes du FPI sont venus me voir pour me féliciter. Quand ils sont arrivés, ils m'ont dit ceci : Nous ne sommes pas du RDR, nous sommes FPI, mais nous reconnaissons le travail que le président Alassane Ouattara est en train de faire. Comme nous ne pouvons pas le toucher, nous venons directement auprès de vous pour vous dire que nous sommes fiers du président de la République . Aujourd'hui, nous sommes en train d'évoluer et il faut que le FPI se décide à arrêter les détractions, les déstabilisations. Ils ne sont pas obligés de mentir, ils ne sont pas obligés d'insulter d'honnêtes personnes qui font leur travail. Comme je le dis, c'est un débat d'idées. On aurait pu leur demander de commencer par reconnaître ce qu'ils ont fait. C'est vrai que le pardon ne peut pas ressusciter les 3000 morts que la Côte d'Ivoire a connus. Le pardon aide à ne plus recommencer ce qui s'est passé.

LP : Certaines victimes de la crise postélectorale estiment que le pouvoir les a abandonnées ?
AC : Le président Alassane n'oublie personne. Ce sont plutôt les personnes qui sont chargées de s'occuper des victimes qui ne font pas leur travail. Et je suis presque scandalisée de voir encore que dans des communes, les responsables du parti n'ont rien fait pour les victimes. Je suis choquée. Parce que tant que ces victimes ne sont pas dédommagées, tant que ces victimes n'auront pas la paix du c?ur, ce serait difficile pour le RDR de réussir son pari de réunir toute la nation entière. Il faut que le dédommagement soit fait ; il faut que les victimes soient soutenues. Et vous savez, le président n'a pas fait la promesse de réparer les dégâts du FPI ? Les promesses faites seront tenues, en plus de cela, il pourra réparer les dégâts du FPI. Le président tiendra toutes ces promesses. Que ceux qui ont ce dossier à charge se mettent au travail.

LP : Que pensez-vous de l'accusation selon laquelle il existe une Justice des vainqueurs en Côte d'Ivoire?
AC : Je ne suis pas spécialiste en droit, mais j'estime que tout le monde a droit à la Justice. Qu'on soit coupable ou victime, quand la justice doit trancher, on assume. Aujourd'hui, on parle de justice des vainqueurs. Comme le dirait quelqu'un, il n'y a jamais eu de justice de vaincus. Mais on a toujours dit qu'en démocratie, on ne demande pas d'être d'accord, mais on demande de régler le désaccord dans la démocratie. Si à travers cela il y a eu des actes, des délits et des propos qui ont été tenus, ceux qui ont posé ces actes doivent être jugés. Nous encore on a cette justice des vainqueurs. Ce n'est pas une justice des meurtriers. Parce que sous d'autres cieux, on aurait exécuté ces inculpés. Nous au moins, on nous targue de faire la justice des vainqueurs. Mais quand le vainqueur est content, il faut au moins le discernement dans la décision à prendre. Qu'on attende donc la sentence de cette justice des vainqueurs avant de juger.

LP : A la suite de la visite mémorable du chef de l'Etat dans le District des Savanes, certains parlent de rattrapage infrastructurel au Nord. Qu'en pensez-vous ?

AC : Si le mot existe, c'est que les actions existent. Pourquoi vous ne voulez pas qu'on parle de rattrapage sans choquer. Le président Alassane Ouattara est venu au pouvoir pour le développement du pays. Ce n'est pas pour le Nord. C'est pour toutes les régions qui ont été défavorisées pendant les décennies passées. Le président Alassane Ouattara va faire de la Côte d'Ivoire, ce que sont les Etats dans les Etats-Unis d'Amérique. Aux Etats-Unis d'Amérique, quand tu vas dans les différents Etats, tu as les mêmes infrastructures dans toutes les villes. Quand on dit que le Nord n'a pas d'infrastructures comme au Sud, mais qu'est-ce qui choque ? C'est le fait qu'il n'y ait pas d'infrastructures ou c'est le fait de dire qu'on va rattraper le Sud ? Moi, je ne vois pas de débat ici. Le débat est ailleurs. Il est dans le programme de gouvernement du président Alassane Ouattara. Le débat il est dans le bien-être et le vivre ensemble des populations. Pour éviter l'exode rural, il faut que les populations se sentent bien chez elles. Il faut que chacun se sente mieux chez soi pour éviter ce qu'on a connu les années passées.

COULIBALY Zoumana

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