mardi 27 aout 2013 par Le Patriote

La Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI) va-t-elle implosée comme le patronat camerounais, il y a de cela quelques années ? La question mérite intérêt, et le gouvernement qui chaque jour travaille à faire du secteur privé le principal moteur de l'économie nationale devrait regarder de très près la situation. Des informations circulant dans les milieux économiques nationaux et étrangers de notre pays font état de ce qu'un voile de malaise générale entoure depuis maintenant plusieurs mois le fonctionnement de l'organisation patronale. La raison première à cette situation de tension est institutionnelle. Si cela ne semble pas être assez médiatisée, l'assemblée générale mixte du patronat ivoirien se prépare et est prévue, sauf changement de dernière minute, le 05 septembre 2013. Mais déjà, la question d'un 3ème mandat non statutaire pour le président Diagou n'est pas du goût de certains opérateurs économiques.
Ecarts avec les statuts, principale pomme de discorde
En effet, les mandats du président Jean Kacou Diagou et de l'ensemble des administrateurs de l'organisation sont arrivés à terme depuis le début de l'année 2011. A titre exceptionnel et sur la base d'un ''arrangement'' entre eux, les membres avaient convenu, à deux reprises (une première fois en 2011 puis une seconde fois en 2012), de les proroger, chacune de ces fois, d'une année. Et à en croire une source, c'est la gestion de ces ''arrangements'' qui alimente les tensions sérieuses auxquelles la Cgeci est en proie actuellement. Une récente passe d'armes épistolaire entre certains membres a fini par mettre en lumière une forte inclinaison de la présidence actuelle de l'organisation, à offrir, au mépris de ses dispositions statutaires et réglementaires, un troisième mandat au président Jean Kacou Diagou. Sinon à faire voler en éclat les verrous de la limitation du mandat du président, -trois ans, renouvelable une seule fois-, et son mode de désignation. Cette perspective à beau comporté des germes de fragilisation et de décrédibilisation de l'ensemble du secteur privé, c'est elle qui semble être retenue par les instances dirigeantes actuelles de la Cgeci. Et l'assemblée générale mixte prévue, via un procédé de requête, pas expressément prévue par les statuts et règlement intérieur du patronat, devra la consacrer. Avec cependant un réel risque de voir les tribunaux saisis par les membres, tenants du respect strict des clauses statutaires. Car, la situation actuelle du patronat est déjà elle-même problématique au plan juridique. D'abord parce que tous les mandats ayant expiré depuis 2011, les décisions des assemblées générales ordinaires qui les ont prorogées sont d'une validité contestable. Ensuite parce que pour obtenir le quorum nécessaire pour valablement légiférer, un des administrateurs a dû se substituer volontairement, sans leur autorisation préalable, à dix organisations membres en se prévalant d'être leur mandant , indique un juriste approché, à toutes fins utiles par l'une des organisations appelant au respect des clauses statutaires. Face à ce qui couve, le Patronat ivoirien, plus que jamais, a besoin d'une cohésion et d'une unicité de voix et dans l'action pour mieux accompagner le gouvernement dans son ambition de faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent à l'horizon 2020. Dans cette optique, il importe tant pour la Cgeci elle-même que pour l'Etat, de faire revenir la sérénité au sein du Patronat, avant d'aller à une assemblée générale. Il faut aux parties, trouver un consensus au préalable. Mais le drame, c'est que le 05 septembre, date retenue pour l'assemblée générale mixte, paraît bien courte pour y parvenir. Et cela pourrait intervenir dans une atmosphère de tensions réelles entre ses membres. D'où le danger de fragilisation qui guette le patronat ivoirien.

Jean Eric ADINGRA

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