mercredi 28 aout 2013 par Le Patriote

La grève lancée par les propriétaires des taxis compteurs est aujourd'hui à son troisième jour. Dembélé Mory, membre fondateur de l'Union patronale des exploitants et propriétaires des taxis compteurs de Côte d'Ivoire (UPETCCI), donne les raisons de la cette grève et accuse le gouvernement de laxisme.
Le Patriote : Quelles sont les raisons de cette grève ?
Dembélé Mory : les raisons sont connues de tous. On fait cette grève pour dénoncer la concurrence déloyale des véhicules banalisés. Ces véhicules ne sont pas en règle pour faire le transport urbain. Ils ne possèdent aucun document de transport alors que nous payons des vignettes, des cartes de stationnement et les patentes. Comme ils font la même activité que nous, nous leur demandons de se conformer aux règles qui régissent la corporation. C'est tout ce que nous leur demandons. Un protocole d'accord a été signé en novembre 2012 et on demande tout simplement l'application de ce protocole. On a déjà trop de charges si on doit encore nous faire une concurrence déloyale, vous convenez avec moi que nous allons vers la disparition des taxis compteurs.

LP : Quelles sont les charges inhérentes à votre activité ?
D.M : Nous, les propriétaires de taxis compteurs, souhaitons que le gouvernement nous aide avec l'assurance. Même si cela est géré par nous, l'Etat peut nous venir en aide par le biais du ministère de l'Economie et des Finances. Notre véritable problème, c'est la patente. Elle nous revient très chère, à de 120.000 francs CFA. C'est vraiment trop pour nous. La carte Agetu (Ndlr : Agence de transport urbain) est à 155.000 fr CFA. Là encore, c'est trop ! Vous le constatez, toutes ces charges pèsent énormément sur nous. On souhaite que le gouvernement les revoie à la baisse.

LP : Revenons à la grève. Vous demandez que les taxis intercommunaux aient les mêmes documents que vous. Mais eux soutiennent qu'ils n'ont pas le même statu que vous ?
D.M : Mais, ils nous livrent une concurrence déloyale puisqu'ils font la même activité que nous. Nous, nous sommes en règle, pourquoi refusent-ils de l'être ! Qu'ils arrêtent de nous distraire. Vous savez, cela fait un an que cette situation perdure. Le ministère des Transports ne fait que nous tourner en en bourrique. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités pour faire appliquer le protocole d'accord. Ce qu'on ne dit pas, c'est que les véhicules banalisés volent l'Etat. Ils refusent de payer ce qu'il faut pour faire le transport. C'est du vol ! C'est le gouvernement qui doit les obliger à se conformer à la légalité. Mais, rien n'est fait pour les y contraindre. Moi, j'accuse le gouvernement de laxisme et de créer le désordre dans le milieu du transport. Voyez-vous, ces personnes, qui ne dépensent rien, font le transport dans l'illégalité et sans être inquiétés. Ils font plus de recettes que nous mais refusent de payer ce que nous payons pour faire le transport. Nous sommes quand même dans un pays de droit ! En fait, la vérité c'est qu'ils ne veulent pas prendre l'assurance de 40.000 franc CFA. Il y a des choses qu'on cache aux Ivoiriens. On ne veut pas dire la vérité.

LP : Quelle est cette vérité qu'on cache aux Ivoiriens ?
D.M : La vérité c'est que les vrais propriétaires des véhicules banalisés sont les forces de l'ordre et les fonctionnaires.

LP : Vous avez les preuves de ce que vous avancez ?
D.M : Oui. Quand on convoque une réunion avec eux, ce sont les ''gnambros'' (Ndlr : des personnes qui ne sont pas des transporteurs mais qui jouissent de cette activité par des prélèvements illicites dans les gares) qu'ils envoient. Ils ne se présentent jamais. Vous pouvez le vérifier. C'est d'ailleurs pour cette raison que tout le monde ferme les yeux sur cette situation. Tout le monde fait le transport. Même les véhicules aux plaques jaunes (administratifs) font le transport. Jusqu'au 30 août, si le gouvernement ne fait rien nous allons reconduire la grève.
LP : avez-vous eu des rencontres avec les autorités depuis le début de la grève ?
D.M : Les autorités refusent de nous recevoir.

LP : Mais, il y a eu une rencontre le lundi dernier
D.M : On a eu une rencontre avec des collaborateurs du Premier ministre. Mais on n'a pas eu satisfaction. Donc on ne peut pas dire qu'il y a eu une rencontre. Depuis 1973, je suis dans le taxi. Mais il n'y avait pas de désordre comme c'est le cas aujourd'hui. Réalisé par Zana Coulibaly

Ce que dit l'accord du 02 novembre 2012
Les 12 organisations de transporteurs qui ont décidé d'aller en grève depuis lundi dernier, après maintes interpellations, s'appuient sur un accord signé entre les transporteurs (taxis-compteurs, véhicules banalisés, etc.). Cet accord conclu en présence du ministre des Transports, Gaoussou Touré, stipule que les véhicules de transport intercommunal, dits ''banalisés'', devront désormais avoir tous les mêmes documents administratifs que les taxis compteurs. Il s'agit notamment de la carte grise, de l'autorisation de transport délivrée par l'Agetu, de la patente, de la vignette, de la visite technique tous les six mois, de l'assurance transport public voyageurs, l'inscription au registre des transports urbains, le paiement de la Taxe des transports urbains (TTU), à l'exception de la pose du compteur horokilométrique. En plus, ils devront respecter les mêmes lignes à eux accordées. Autre aspect de l'accord, la limitation du transport intercommunal aux véhicules de cinq places y compris le chauffeur. Les véhicules de plus de cinq places ne seront autorisés que sur les lignes de banlieue, telles qu'Abidjan-Bassam, Abidjan-Aboisso et Abidjan-Dabou. A cela s'ajoute la réaffirmation du droit des taxis compteurs à charger partout, y compris au sein des gares et têtes de ligne puisque leur assurance le permet. Les différentes parties ont aussi convenu de l'adoption d'un délai d'observation de trois mois, à compter de la date de signature de l'accord, à l'issue duquel, une évaluation devra être faite par un comité comprenant des membres des différentes parties. Un dispositif de contrôle devant être effectif sur le terrain. Plusieurs acteurs du secteur avaient signé ce protocole. Entre autres, les représentants du Comité de lutte pour la réinsertion des taxis inter communaux (Colurtic), les représentants des propriétaires et conducteurs des taxis compteurs ainsi qu'une délégation du Haut conseil du patronat des transporteurs.

JEA

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