mardi 3 septembre 2013 par Diasporas-News

Cela fait plus d'une décennie que l'espace francophone notamment africain vit au rythme des crises chroniques quand en face, l'espace anglophone connait une exubérante accalmie, une embellie envieuse et enchaîne les succès démocratiques, économiques et diplomatiques. D'ailleurs, les meilleurs élèves de la démocratie et des Institutions financières de Bretton Woods ne se trouvent-ils pas dans cette partie du continent où l'on parle la langue de Shakespeare, la langue officielle par excellence dans tous les sommets africains et même de l'Union Africaine (sic !) ?

On est même tenté de se demander si les crises à répétition qui déstabilisent l'espace francophone africain ne sont pas la conséquence de la mauvaise gestion de l'héritage colonial ou du moins d'une décolonisation mal assumée. Une problématique sujette à polémique qui ne saurait trouver réponse dans ces quelques lignes.
Mais encore une fois, on constate que les foyers de tension, pour l'essentiel concentrés dans cet espace, pourraient, à terme, entrainer des bouleversements sociodémographiques de la francophonie. Tenez vous bien, en 2050, sur les 700 millions de Francophones dans le monde, 85 % seront des Africains selon l'ODSEF (Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone). Indiscutablement, l'avenir de la Francophonie se trouve bel et bien en Afrique.

A l'Ouest, en dépit du dénouement heureux des crises ivoirienne et malienne, la situation dans ces deux pays voisins reste relativement volatile. L'antagonisme entre les camps des vainqueurs et ceux des vaincus fragilise la paix sociale obtenue au prix du sang. La Côte d'Ivoire et le Mali pourraient basculer de nouveau dans les violences si les nouveaux dirigeants n'invitent pas tous les protagonistes à la table des négociations pour garantir une réconciliation durable.

Au Centre, l'image de la Francophonie est non moins reluisante. Depuis des décennies, la République démocratique du Congo perdure dans une guerre meurtrière sans issue aux relents économiques qui attisent les appétits des pays voisins moins gâtés par la nature. La communauté internationale francophone semble malheureusement totalement impuissante alors que les causes exogènes au conflit sont connues de tous. Une omerta sur un conflit qui a déjà fait un peu plus de 5,4 millions de morts qui éc?urent la famille francophone dans son ensemble.

Toujours dans cette partie du continent, le cas de la République centrafricaine n'est pas en reste. Même si la rébellion de la Seleka de Michel Djotodia semble asseoir sa suprématie six mois après avoir renversé le président François Bozizé, le spectre de la guerre civile plane toujours sur le pays. Dans le nord du continent également, le Printemps arabe n'a pas épargné un pays comme la Tunisie. Les stigmates de la crise post Zine el-Abidine Ben Ali sont toujours présents dans les esprits.

Ces 7èmes jeux de la Francophonie interviennent donc dans un contexte très chargé d'événements malheureux dans l'espace francophone. Pendant neuf jours, les athlètes tenteront de faire oublier les guerres et les crises aux 220 millions de francophones dans le monde, répartis sur les cinq continents.

Comme on le voit, les compétitions, toute discipline confondue, seront âprement disputées dans la transparence et la loyauté. Les plus forts l'emporteront sur les plus faibles. Seule, la combativité sportive sera l'unique règle pour départager les athlètes quel que soit le continent d'où ils viennent. Et le français sera le bien commun le mieux partagé. Cela devrait servir de leçon aux hommes politiques africains qui ont du mal à trouver leurs marques dans les compétitions démocratiques. L'édition 2013 des jeux de la Francophonie est comme une thérapie pour transcender toutes les souffrances que connaît l'espace francophone.

Clément YAO

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