mercredi 4 septembre 2013 par Le Patriote

L'opération Desert Strike est menée le 3 septembre 1996 lors du conflit kurdo-irakien. Le 31 août 1996, l'Irak lance sa plus grande offensive militaire contre Erbil. Les Américains craignent une autre campagne génocidaire de Saddam Hussein contre les Kurdes, comme lors de l'insurrection de 1991. Cette offensive est également une claire violation de la résolution 688 du conseil de sécurité des Nations unies interdisant la répression des minorités irakiennes.
Le 3 septembre, le USS Laboon (DDG-58) et le USS Shiloh (CG-67), en coordination avec des bombardiers Boeing B-52 Stratofortress escortés par des Grumman F-14 Tomcat du porte-avions USS Carl Vinson, lancent 27 missiles de croisière contre la défense anti-aérienne irakienne dans le sud de l'Irak. 17 autres missiles sont également lancés le même jour, ciblant les troupes irakiennes à Kut, Iskandariyah, Nassiriya et la base aérienne environnante de Talil. Les bombardements n'ont cependant pas de véritable impact sur le moral des forces irakiennes. Toutefois, après la prise de Erbil par le Parti démocratique du Kurdistan (KDP) pro-irakien, les forces irakiennes se retirent sur leurs positions initiales. S'ensuit des combats avec l'Union patriotique du Kurdistan (PUK) notamment pour le contrôle de Souleimaniye. Ce dernier sera contraint de reculer jusqu'à la frontière iranienne. Les Américains évacuèrent alors 700 membres du Congrès national irakien et 6 000 Kurdes pro-occidentaux. En réponse aux mouvements irakiens au nord, les États-Unis et le Royaume-Uni étendent l'opération Southern Watch et les zones d'exclusion aériennes du 32e parallèle nord au 33e parallèle nord.

Les militants du RDR parlent à leur direction
Les militants du RDR, en tout cas ceux qui nous avons interrogé, se disent oubliés par leurs premiers responsables. Toute chose qui dépeint sur leur quotidien, mais aussi sur la relance de la machine, en termes de mobilisation de la base. Aussi, souhaitent-ils que leurs responsables renouent avec la base.

Chiapo Georges (secrétaire départemental RDR Treichville) :
Il n'y a pas de cadre de concertation
Il y a deux niveaux. Au niveau du Président, nous sommes vraiment satisfaits du travail qui se fait. Maintenant, il y a la base qui doit soutenir. Au niveau du secrétariat et des secrétaires nationaux, vraiment nous ne sommes pas contents. Depuis, il n'y a pas de réunions. Il n'y pas de cadre de concertation pour qu'au niveau de la base, nous puissions soutenir l'action du gouvernement. Cela nous manque. Un exemple tout simple. Il y a eu la grève des enseignants. Nous avons nos amis qui sont enseignants. A la base, on pouvait leur transmettre des informations s'il y avait un minimum d'organisation. C'est individuellement que nous prenons des initiatives. Au niveau individuel, mon cas est un peu particulier, je suis à la retraite et je n'ai pas besoin de promotion. Ce qui n'est pas le cas de ceux qui sont en activités et pour qui je souhaite que quelque chose soit fait dans ce sens.

Komara Boiké (Commissaire politique District 5 Koumassi) :
Les gens ont besoin d'un minimum pour pouvoir travailler
Pour moi, la situation est mi-figue mi-raisin. Au niveau du travail du Président, je suis satisfait. Il réalise de très bonnes choses. J'ai aussi, au plan moral, beaucoup de satisfaction, parce que hier, on avait beaucoup de problèmes. On était opprimés, on était pourchassés. Avec l'arrivée du Président au pouvoir, cette oppression a pris fin. En revanche, sur le plan social, il faut le dire sans faux-fuyant, c'est la déception. Je ne dis pas que le parti ne fait rien dans ce sens, mais moi, je ne vois rien. Je ne peux pas comprendre par exemple qu'aujourd'hui, tout commissaire politique que je suis, je ne sois pas capable de convoquer une réunion, parce que je n'ai même pas 1000 francs à remettre à un secrétaire de section pour la location de chaises. Ici à Koumassi, nous avons 54 sections, donc 54 secrétaires. Parmi eux, ceux qui travaillent peuvent se compter sur le bout des doigts. Ces travailleurs dont il est question n'ont d'ailleurs pas d'emploi stable, puisqu'ils ne sont que des contractuels dans les usines de la zone industrielle. Il nous est difficile de leur demander de remobiliser les militants sur le terrain. Je ne sais pas quelle est la situation dans les autres zones, mais ici à Koumassi, les responsables de structure que nous sommes, avons des problèmes. Au départ, les gens étaient dévoués ; parce qu'il y avait un idéal à atteindre, les gens étaient animés d'une conviction et d'un espoir. Il faut que nos patrons se ressaisissent pour renouer le fil avec la base. Les gens ont besoin du minimum pour pouvoir travailler sur le terrain. La remobilisation sur le terrain est difficile

Diabaté Vassiafa (Directeur du siège RDR Koumassi) :
Etre au pouvoir, c'est bénéficier de la lutte
Vous savez, on dit que nous sommes au pouvoir, mais, moi, en tant que militant, je ne me sens pas au pouvoir. Pour moi, être au pouvoir, c'est bénéficier de la lutte. Il y a l'idéal d'avoir porté notre candidat au pouvoir. Mais au-delà de cet idéal, il faut la promotion sociale personnelle. Pour moi, les responsables locaux que nous sommes, sommes des laissés-pour-compte. Une fois, je m'interrogeais sur ce que le militant de base a pu tirer du pouvoir. Et mon constat est que, pour des raisons de réconciliation, c'est nos bourreaux d'hier qui sont plus ou moins bénéficiaires de la lutte. Mais la réconciliation doit-elle se faire au détriment de ceux qui ont lutté ? Je me retrouve plus ou moins dans le livre de Kourouma, Les Soleils des indépendances, où après les indépendances, le militant de base reste toujours militant de base. Faut-il lutter pour lutter ? L'objectif pour nous n'est pas encore atteint. En tant que militant de base, nous n'avons pas encore atteint l'objectif. Mais nous avons eu l'idéal, celui d'avoir élu notre président comme Président de la République

Diarrassouba Sekou (Président départemental RJR Koumassi) :
On ne nous prend plus au téléphone
Je pourrais, au point de vue de la satisfaction dire oui et non en quelque sorte. Oui parce qu'aujourd'hui, nous avons quand même une liberté de circuler partout. Personne n'arrache nos cartes d'identité pour les déchirer. Sur ce plan-là, nous sommes satisfaits. Maintenant sur le plan de l'insertion des jeunes, nous ne le sommes pas. C'est cela notre combat aujourd'hui. Nous essayons d'insérer nos jeunes, mais c'est impossible. Aujourd'hui, je peux dire que le RDR est au pouvoir, mais nous, nous sommes dans le pouvoir. Cela veut dire que nous sommes comme des électrons libres dans le pouvoir. Nous tournons sur nous-mêmes. Nous ne savons pas à qui nous adresser. Nous ne savons pas où aller. Je peux vous dire qu'on ne nous prend même plus au téléphone. Aujourd'hui, quand on appelle certains de nos responsables avec qui ont était dans la lutte hier, il ne nous décroche pas

Yoro Kou (Commissaire politique) : Les autres bougent,
il faut que le parti se réveille
Nous sommes satisfaits. Le Président fait un travail énorme avec tous ces chantiers que nous voyons ici et là. Cela nous réconforte. Mais au niveau de la base, il y a quelques inquiétudes. Les gens sont pressés. On attend, on s'impatiente, on ne voit rien venir. C'est l'éternel problème. Moi je suis dans un environnement où il y a des gens qui réfléchissent. Je peux vous dire de façon presque totale, que les gens savent que le Président travaille. Mais honnêtement, il faut que le parti se réveille. On dort. Alors qu'à côté tout le monde bouge. L'opposition est en train de renaître. Il faut qu'on se réveille. A ce niveau, un effort doit être fait .

Korotoum Koné, épouse Diarrassouba (présidente RFR District Port-Bouët centre est) :
Mon parti ne sais plus si nous existons
En tant que militante du RDR, je ne suis pas contente de mon parti. Parce que nous les militants, qui avons commencé depuis le début, nous nous sentons abandonnés. Mon parti ne sait plus si nous existons ou pas. Alors que nous existons bel et bien. Je suis l'une des premières militantes du RDR à Port-Bouët, mais aujourd'hui, tout se passe comme si je n'ai rien apporté au parti. Je n'ai rien reçu du RDR. Toutefois, je me dis que c'est mon parti et que Je dois faire avec. Néanmoins, je crois qu'il est quand même temps que nos dirigeants nous regardent un peu. Nous-mêmes nous ne travaillons pas, nos enfants non plus. Où allons-nous ? Que font nos cadres pour nous ? Il faut qu'ils se réveillent. Néanmoins c'est notre maison, nous n'irons pas ailleurs. Le sage disait : si ton couteau de cuisine te blesse, tu le jettes et tu le reprends les minutes qui suivent . Au plan local, je voudrais interpeller nos responsables. Ils divisent les militants pour régner. Quand il y a un poste à pourvoir, ils vont chercher leurs frères qui sont au village. Aujourd'hui, ils font beaucoup plus la promotion des militants LMP que leurs propres militants

Salia Bamba (Militant de base) :
Je comprends l'impatience des militants
Il faut dire qu'il y a beaucoup à faire. Mais les choses se passent bien. Tout le monde n'a pas la même manière de voir les choses, mais personnellement je pense que la satisfaction morale est la chose la plus importante. Je comprends l'impatience des militants dans leur ensemble. En même temps, je voudrais rappeler que les conditions de la prise du pouvoir n'étaient pas aisées. Aujourd'hui, le fait de ne pas voir les atrocités d'hier doit nous interpeller. C'est un gain. Ceux qui sont en vie doivent comprendre que nous autres n'avons pas plus de mérite que ceux qui sont morts. C'est pour cela qu'il faut remercier le RDR pour le combat qui a été mené. Cette liberté que ce combat nous confère, je pense, n'a pas de prix. Maintenant pour le reste, si nous avons eu la patience d'attendre plusieurs années avant d'arriver au pouvoir, nous devons comprendre que les retombées ne peuvent pas être immédiates. Nous attendons tous du RDR, mais soyons un peu patients

Bakaye Kanté (Commissaire politique) :
Nous n'avons pas eu de promotion
Il y a deux choses à souligner. Au plan des grands travaux, beaucoup de choses sont faites. Mais en tant que militant, je ne suis pas satisfais parce que nous n'avons pas eu de promotion. Nous avons enregistré beaucoup de morts. Nous avons risqué nos vies, nous avons subi des exactions. Certains d'entre nous, je suis enseignant, ont été suspendus. Maintenant que les choses sont rentrées dans l'ordre, il est vrai que ces derniers reçoivent leur salaire, mais il n'y a aucune promotion. Alors que l'adversaire d'hier continue d'avoir des promotions. Ce sont eux qui vont dans les séminaires, ils sont dans les postes de décision. Quand c'est comme cela, ils se ramassent entre eux pour faire les missions. Il y a eu dernièrement une mission au Japon et à Grand-Bassam, la majorité sont de l'autre côté. Il faut qu'on envoie au moins nos militants se former. Personnellement, je ne parle pas des autres, nous n'avons rien eu. C'est compliqué aujourd'hui de convoquer les jeunes à des réunions. Ils ne sont plus motivés, parce qu'ils disent que nous-mêmes qui sommes au devant de la chose n'avons rien eu. Je suis professeur. Ça n'a pas bougé. Des gens ont été affecté, parce qu'ils faisaient le travail du RDR. Aujourd'hui, on veut les ramener où ils étaient. L'injustice est toujours là .


Touré Souleymane (Membre du secrétariat départemental RDR de Treichville) :
Il faut un geste fort de la direction de notre parti
Aujourd'hui, nous ne sommes pas contents. Il y a beaucoup d'engagement qui ont été faits et qui tardent à être concrétisés. Nous sommes inquiets. L'essentiel de notre inquiétude tourne autour de la gestion de nos militants en termes de bien-être, de travail. Aujourd'hui, j'avoue que nous sommes sceptiques. Nous sommes à mi-parcours du mandat de cinq ans, les militants se sentent toujours délaissés. A notre niveau, nous faisons ce que nous pouvons, mais cela ne suffit pas. Il faut un geste fort de la direction de notre parti

Recueillis par Thiery Latt

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