lundi 23 septembre 2013 par Le Patriote

Dans cet entretien, le président des acquéreurs de la forêt déclassée d'Abouabou, Noël Koffi Kouamé, donne des précisions sur les conditions de démolition des maisons du site Djibo Kamon et sur la situation des victimes.
Le Patriote : Comment expliquez-vous la démolition des maisons au quartier Djibo Kamon ?
Kouamé Koffi Noël : La première destruction a eu lieu en mai 2011. Juste après la crise post-électorale. Nous avons appris un matin, la présence des machines sur le site. Lorsque nous avons cherché à comprendre les raisons, l'on nous a fait savoir que c'est le géomètre N'Guessan Kouadio Gervais, commis par le village d'Abouabou, qui a fait venir ses machines. Ce dernier nous a dit qu'il s'agissait de l'ouverture des voies. Ce qui s'est avéré par la suite être une destruction des maisons.

LP : Aucune mise en demeure ne vous a été notifiée ?
KKN : Aucune mise en demeure ne nous a été notifiée. Figurez vous qu'en mai 2011, l'administration ivoirienne a été perturbée par la crise qui venait de prendre fin. Nous nous sommes organisé et avons saisi les FRCI qui ont interpellé le géomètre. Mais comme il n'y avait pas de prison, il a été entendu puis relâché. Nous avons alors décidé d'approcher le chef du village, Amon Koutouan Guillaume, et le président du comité de gestion du village d'Abouabou. La rencontre a eu lieu au foyer des jeunes. Nous leur avons fait part de nos inquiétudes. Ils nous ont alors conseillé d'aller voir le géomètre afin de trouver avec lui une solution.

LP : Et quelle a été l'issue de cette rencontre ?
KKN : Il nous a dit ferait l'approbation du site par le ministère de la construction et dès qu'il l'obtenait, il reviendrait vers nous pour qu'on discute. Ce qui a été fait le 14 janvier 2013. Malheureusement, à notre grande surprise, sans consultation préalable, le 13 avril, des machines sont arrivées et ont commencé à démolir les maisons. 15 personnes sont mortes dans cette opération lors d'affrontements avec les FRCI. C'est après que nous avons appris que c'est le chef Amon Koutouan Guillaume qui a requis les FRCI pour faire démolir nos maisons.

LP : A combien évaluez-vous aujourd'hui les dégâts ?
KKN : Nous avons recensé, à ce jour, au nombre des victimes, 1200 acquéreurs. Le préjudice est évalué à 1,2 milliards Fcfa.

LP : Comment vivent aujourd'hui ceux qui ont vu leurs maisons démolir ?
KKN : Après les démolitions, il y a eu beaucoup de morts. Car des personnes n'ont pas supporté de voir leur investissement détruit par la volonté d'un chef de village et cela, au profit d'une société. Beaucoup dorment chez des parents ou des amis. Ce que je peux affirmer, c'est qu'ils vivent une misère indescriptible.

LP : Où en êtes-vous avec les démarches ?
KKN : Nous nous sommes tournés vers le village d'Abouabou. Mais ce village, vivant une crise de chefferie, cela ne facilite pas les choses. Cependant, nous avons rencontré le chef de terre qui a déploré les morts et les destructions sur le site. Il nous a rassuré cependant qu'il attend que le préfet signe l'arrêté du nouveau chef. Le village donnera alors une suite à nos problèmes. Quant aux casseurs, nous avons fait mettre aux arrêts certains qui se trouvent aujourd'hui à la Maca.

LP : Votre sort est donc suspendu à la décision du préfet d'Abidjan ?
KKN : Oui, notre sort est lié à sa décision. Déjà, après les démolitions, les villageois avec qui il a eu des rencontres nous ont soutenu qu'il souhaite qu'une solution soit trouvée rapidement à notre situation. Nous sentons une réelle volonté chez le chef de terre et le nouveau chef du village qui n'attendent que l'arrêté préfectoral pour mettre un terme à notre calvaire. L'ancien chef nous a fait un grand tort. Nous en appelons aussi à l'attention du président de la république, Alassane Ouattara. Nous n'avons plus d'espoir, en dehors de lui

ALI

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