lundi 30 septembre 2013 par Le Patriote

Elles attendaient justice et compassion de la Nation. Elles récoltent, haine et dédain. Dans cette nouvelle Côte d'Ivoire qui a annoncé, tambours battant, le début de l'impunité zéro , elles s'attendaient à ce que la justice se départisse du calendrier politique, bien souvent plus enclin aux compromissions pour la paix . C'est, en effet, un véritable drame intérieur que vivent, aujourd'hui, les milliers de victimes de la crise postélectorale et, au-delà, de la décennie de la crise politico-militaire qui a secoué la Côte d'Ivoire. Pour ces hommes et ces femmes qui ont vu partir un être cher durant ces violences meurtrières ou même tout perdu, la récente libération des pro-Gbagbo est ressentie comme un terrible choc. Bien plus, les déclarations tapageuses et irresponsables d'un Affi N'guessan tout excité à l'idée de se voir, provisoirement, libéré de la prison, et de ses collaborateurs, opposés à toute forme de repentir, sonnent comme une insulte à la mémoire des personnes sauvagement torturées pour certaines, exécutées sommairement pour d'autres.
Ce qui chagrine tant une bonne partie des Ivoiriens, c'est le sentiment que ces pro-Gbagbo n'ont pas payé pour les crimes que certains de ces prisonniers libérés ont ouvertement encouragés durant les heures chaudes du conflit postélectoral. A cela, s'ajoute l'arrogance de la direction du FPI qui apparait, pour ces victimes, comme le comble du dédain. Non seulement ils nous tuent, et en plus ils ont le toupet de nous narguer, c'est en substance le cri de colère que ces hommes et ces femmes blessés, dans leur amour-propre, ne cessent de lancer. Et dans toute la Côte d'Ivoire, ils sont très nombreux à ne pas comprendre la liberté provisoire accordée à leurs bourreaux d'hier.
Il faut le dire tout net, si Pascal Affi N'guessan et les autres pontes du FPI respirent à nouveau l'air de la liberté et surtout se moquent de la douleur des Ivoiriens qu'ils ont martyrisés, c'est bien grâce à la Communauté internationale et à ces organisations dites de défense des droits de l'homme, qui ont exercé une certaine pression pour qu'ils soient mis dehors. Ce sont ces mêmes personnes qui paradent de meeting en meeting, dans les villes du pays, avec gardes du corps et sécurité renforcée qui crient à tue-tête que la Cote d'Ivoire est une dictature. Quel contraste !!!
C'est donc fort de cet apparent soutien, qui fait fi de la souffrance que les Ivoiriens ont endurée sous le régime frontiste, que Pascal Affi N'guessan tient des propos injurieux, sans aucun respect pour la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie durant ces remous sociopolitiques.
En bataillant pour que Pascal Affi N'guessan et les autres pro-Gbagbo soient libérés, la communauté internationale donne ainsi raison à tous ceux qui croient qu'elle ne gère que des intérêts. Car, de toute évidence, on oublie ce que les Ivoiriens ont vécu, entre autres, le charnier de Yopougon, les escadrons de la mort, les 3000 morts officiels de la crise postélectorale. Tout se passe comme s'il n'existait pas de droits de l'homme en Côte d'Ivoire. Et que tous les meurtres commis devraient passer par pertes et profits.
En faisant le lit de l'impunité, les organisations de défense des droits de l'homme contrastent par leur attitude. D'une main, elles demandent le respect des droits de l'homme et de l'autre, elles encouragent l'impunité. Vraiment incompréhensible, pour ces chantres des droits de l'homme.
Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire est un pays qui va bien. Elle renoue désormais avec la croissance, les chantiers fleurissent, la sécurité est revenueBref, tous les voyants sont au vert, même si les populations ne ressentent pas encore dans leurs assiettes, les effets du changement qualitatif. Mais, ce n'est qu'une question de temps, pour ne pas dire de semaines ou de mois. Et si on veut donner la force à Ouattara d'être un réconciliateur, il faut lui permettre de combattre l'impunité. Sans calculs politiciens et ressentiments. Toutes les Nations qui ont payé les prix des violences aveugles sont passées par là. L'impunité ne doit pas et ne peut pas être une philosophie politique.
De toute évidence, la Côte d'Ivoire doit donc pouvoir s'assumer, si elle ne veut pas revivre les traumatismes de 1999 et 2000. Elle doit s'assumer, à l'image du Rwanda qui l'a fait en rendant justice et réparation aux victimes. Parce que tant que les bourreaux seront arrogants, les victimes n'auront pas d'autre choix que d'opter pour la voie de la vengeance. Et Dieu seul sait, ce qui pourrait se passer

Par Charles Sanga

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