jeudi 10 octobre 2013 par AFP

ABIDJAN - Des centaines d'Ivoiriens qui avaient fui l'ouest du pays pendant la crise postélectorale de 2010-2011 ont vu leur terres vendues abusivement, a dénoncé jeudi l'organisation Human Rights Watch (HRW), ce qui pourrait générer un nouvel embrasement de la zone.

L'ouest de la Côte d'Ivoire, région particulièrement marquée par l'instabilité, a été le théâtre des pires atrocités durant la crise postélectorale de 2010-2011. L'ONU y a enregistré "1.012 meurtres" et le départ d'au moins 200.000 personnes au Liberia voisin.

Les litiges fonciers sont, croisés avec les questions identitaires ou ethniques, au coeur de la crise traversée depuis une décennie par la Côte d'Ivoire, pays de forte et ancienne immigration où la plus grande anarchie règne concernant les titres de propriété foncière.

"Plusieurs centaines de personnes qui ont fui les violences dans l'ouest de la Côte d'Ivoire pendant la crise postélectorale de 2010-2011 ont constaté à leur retour que leurs terres avaient été saisies et occupées illégalement", a fait savoir HRW dans un rapport basé sur des recherches menées dans 49 villages de cette zone.

Environ 58.000 personnes étaient encore réfugiées au Liberia au 2 août 2013, selon HRW.

Des "milliers de plaintes" ont été déposées dans l'Ouest, "contenant des allégations de dépossession de terres liées au déplacement provoqué par le conflit postélectoral", observe l'ONG pour qui les ventes abusives sont surtout le fait de parents de déplacés.

Une autorité locale interrogée par HRW a affirmé avoir reçu plus de "800 plaintes" pour dépossession de terres.

Les conflits fonciers pourraient destabiliser fortement la région. Selon HRW, les attaques survenues en mars 2013 à la frontière avec le Liberia qui avaient fait au moins neuf morts étaient liées au vol de terres.

"Si nous continuons à subir l'occupation illégale des terres dans notre région (...), cela pourrait provoquer une nouvelle guerre", a affirmé une victime présumée de dépossession de terres, citée par HRW.

Fin août, les députés ivoiriens ont voté une loi sur la propriété.

Mais ces lois ne "résoudront pas les milliers de litiges fonciers causés par la crise postélectorale", affirme HRW pour qui le gouvernement doit "s'engager publiquement à garantir aux réfugiés et aux personnes déplacées la restitution des terres qui ont été vendues ou occupées illégalement pendant leur déplacement".

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