samedi 12 octobre 2013 par Nord-Sud

L'existence de la société civile n'annule pas les tares de la société toute entière. La société civile ivoirienne travaille. Malheureusement, à cause de la structuration de notre pays, nous avons 53 ans et jusqu'en 1993, nous avions un président paternaliste qui s'occupait de la réflexion de tout. Et donc, le mouvement citoyen est né très tard comparativement à nos voisins de la sous-région. Aujourd'hui, la reconnaissance constitutionnelle par le pouvoir politique d'une société civile organisée pose problème. Le gouvernement actuel, de même que le précédent, a peur de la société civile. On l'assimile à l'opposition. Cela freine toutes les activités que la société civile peut mener. Voilà un des éléments majeurs. Mais pour moi, l'existence de la société civile doit se faire par une affirmation politique forte. Et cette société civile doit être dotée de statut juridique, de statut légal qui permet de la protéger pour que la nation toute entière puisse profiter de ses activités. Aujourd'hui, nous avons un projet intitulé le contrôle citoyen de l'action publique. Mais au-delà du mot contrôle, c'est un programme civique qui doit aller dans le sens du renforcement de son rôle dans la réconciliation. Je prends l'exemple du Sénégal. Quand la société civile sénégalaise fait ses activités, la police nationale vient la protéger. Mais en Côte d'Ivoire, il existe une telle phobie de la société civile qu'aujourd'hui la police a annexé notre siège. La communauté nationale et internationale a pris position pour nous. Malheureusement, toutes les activités que nous faisons, le manque de partenariat politique (sinon le partenariat administratif marche), le manque de reconnaissance politique du gouvernement, réduisent la visibilité de nos activités. Nous sommes censurés à la Rti (Radiodiffusion télévision ivoirienne, ndlr). Si nous passons à la Rti c'est parce que nous sommes associés à des activités du Pnud, par exemple. Nous passons à la télévision parce que Transparency international ou le Secrétariat national à la gouvernance et au renforcement des capacités (Sngrc) nous associe à sa lutte contre la corruption. Tout ce qu'il y a comme activités où on a besoin de la société civile, la convention y est. Au moment où je vous parle, je suis à Washington, invité par la Banque mondiale et le Fmi pour porter très haut la voix des sans-voix, pour influencer le système. En conclusion, pour moi, la société civile existe. Il faut que tous les politiques arrêtent d'avoir peur. La société civile n'est pas là pour faire la politique. Il y a eu des Ong qui ont été créées par des politiques. Mais, à la Convention de la société civile ivoirienne, nous mettons au défi quiconque de regarder toutes nos activités, nos missions,  notre vision et de dire si nous faisons de la politique. Tous nos politiques en Côte d'Ivoire ont échoué et aujourd'hui, ils ont peur que la société civile vienne prendre leur place. En ce qui me concerne, je les rassure qu'à la Convention de la société civile ivoirienne, personne ne viendra prendre la place d'un politique. La société civile joue son rôle de contre-pouvoir. La preuve, la police est au siège de la Csci, on lui a donné des papiers administratifs et depuis le 8 avril 2013, elle ne travaille pas du tout. Aujourd'hui, je suis en rapport avec la Primature, l'Assemblée nationale, la Banque mondiale pour porter haut la voix des sans-voix. La société civile n'a pas démissionné du tout. Le combat aujourd'hui est qu'il n'y a pas une bonne compréhension des actions de la société civile. Depuis cinquante ans, la Banque mondiale et le Fmi financent directement nos gouvernements et, à la date d'aujourd'hui, c'est un échec. Ces deux institutions financières internationales à ce jour font confiance à la société civile pour lancer un dialogue avec le gouvernement et jouer leur rôle de partenariat de l'action gouvernementale

Propos recueillis par Danielle Tagro

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