lundi 14 octobre 2013 par L'intelligent d'Abidjan

Un vent de panique s'est invité autour du 9 octobre et d'une piste-vague-de possibilité-de-liberté-provisoire-éventuelle de l'ancien Président de l'Etat de Côte d'Ivoire. Si farfelue, qu'elle ne toucha, avant, que le camp du régime au pouvoir, puis, après, celui de l'opposition dont les journaux, cette fois-ci, avaient pourtant annoncé qu'il ne fallait rien attendre. Une date qui nous rappelle le lot des dates anxiogènes auxquelles nous étions malheureusement habitués. Ça vous manque?
Cette relation aux événements et aux dates est particulière. On a vite fait dans notre pays de se faire peur puis d'oublier ensuite. Pas si simple.
La confusion des genres et les amalgames aidant les bavardages ressemblaient davantage à une envie d'exister, un besoin de dire je sais ou je connais quelqu'un qui connaît quelqu'un qui ma dit que . Sur les réseaux sociaux, en général le niveau d'expertise est inversement proportionnel au nombre de membres ou d'amis , comme dans la vie réelle où des apprentis expert en rien viennent vous expliquer la quintessence du tout. Bavardages en direct du marigot, par medium interposé, envie d'en être, kpakpato attitude, prodada 2.0, aucune idée, le vide abyssal.
Le cyber bruit , le retour des invectives et des insultes, des comportements ignorants effrayés par l'inconnu et autres spécialistes de l'inculte. Pas si simple.
Kofi Annan fit le point, ne dit rien et partit rejoindre la désunion africaine pour un sommet consacré à la CPI. Au passage, on remarqua que le dialogue direct n'existât pas avec l'ancien Premier ministre AHOUSSOU, devenu Ministre d?Etat sans charge mais chargé du dialogue direct avec un ancien Premier ministre provisoirement libéré et opposant intérimaire.
Comme tout sommet de l'UA, au final le rendu est bien maigre.
La thèse raciste anti-CPI s'écarte pour montrer son vrai visage : deux pays veulent changer les règles, leurs exécutifs en exercice étant visés par le machin .
En cours de match on charge donc notre fédération continentale de demander à celle des arbitres et juges mondiaux de changer les règles.
La CPI serait raciste, et l'UA légitime, pour parler d'efficacité contre les conflits ou les crimes contre l'humanité ? Frappés d'amnésie collective, les signatures du Traité de Rome ne nous engageraient donc plus, et l'aveuglement nous empêcherait de voir que c'est précisément notre continent, le champion du monde en titre des crimes contre nos peuples et contre l'humanité ?!
Le prix Nobel de l'Hypocrisie, de l'humour et de l'autodérision n'existant pas, alors l'UA vient de l'inventer en une seule fois! Unanimité, Humanité, crime contre l'humanité.
La banalité de la violence, le temps de l'hyper immédiateté, le manque d'éducation et de connaissance, l'absence de discernement, conduisent à l'amnésie et à la banalisation.
Seules, les victimes souffrent en silence devant ce funeste spectacle.
Si la thèse de l'application effective de la démocratie en Afrique se pose encore, celle des crimes ne peut se poser ni celle des accords non tenus et encore moins celle de l'irresponsabilité. Les choix politiques ne peuvent jouer avec la conscience populaire.
La Côte d'Ivoire est encore confondue avec des pays qui ont connu des guerres ; le Rwanda, le Libéria, et la Sierra Léone notamment.
Parions que le funeste cycle est en voie d'extinction.
La peur du changement entretient l'attentisme. Attentisme des dates, attentisme des prédications, commentaires brouillons, confusions en tout genre. Baissons le volume, arrêtons les commentaires, passons à l'action, notre destin n'est pas une fatalité et l'immobilisme n'est pas notre religion. Wake Up !
La conscience nous appartient elle se fonde sur la vérité, le savoir, la réalité, les échanges d'idées, un projet de société dont nous serons les auteurs, les acteurs et les réalisateurs. La Côte d'Ivoire n'est pas condamnée à être dirigée par un club de septuagénaires alors qu'elle a cinquante ans aux yeux du monde moderne.
La logique de changement et de progrès se trouve dans le premier parti de Côte d'Ivoire, un parti qui regroupe 50% des 25 millions d'habitants : la jeunesse.
Une condition : que cette jeunesse ne soit plus récupérable et qu'elle s'en donne les moyens. Une frange a essayé le bruit, la machette et la violence. Certains ont obtenu un siège dans l'Hémicycle et s'aperçoivent que la progression s'arrête là.
Les partis politiques l'ont bien compris, on la canalise ici, on la radicalise là, mais à aucun moment on n'en sort des exemples de réussites qui auraient comme fait de guerre une victoire par le mérite. Pire lorsqu'elle est consciente, comme c'est le cas dans les rangs actuels du RDR, du FPI, du PDCI, pour ne citer que la première division, elle critique publiquement les travers de ceux qui dirigent ces partis.
Qu'on s'entende bien, la jeunesse n'est pas le jeunisme ni une fin en soit.
L'incompétence se mesure à la cohérence des actes et des paroles et à l'impact des actions et l'utilité de sa mission. Car ce n'est pas un job, et rarement une vocation.
On ne fait rien avec les annonces cosmétiques d'un ministre de la jeunesse ou d'un ancien ministre de la Rue sauf à servir leurs intérêts. Outre l'incompétence des deux, et le ridicule, l'efficacité est proche de zéro. Un costume ne rend pas intelligent.
Un compte Twitter encore moins, il suffit de suivre les échanges footballistiques et autres délires spiritueux de ces marionnettes d'un jour qu'on nous impose.
La crédibilité est essentielle en toute chose. Les papillonnades sont stériles.
En Politique comme en ONG ou en Entreprise, il ne suffit pas d'un titre pour incarner une fonction ni d'une auto-exposition médiatique pour exister dans la conscience publique et la chose publique.
L'internet doit offrir aux jeunes des concepts, des idées, des exemples.
Ce n'est pas le nombre de Twitt qui est important, c'est de savoir s'en servir.
Combiens de moqueries sur le niveau d'orthographe, les erreurs de syntaxe, le ridicule des prises de position, le hors sujet des déclarations, et une utilisation gaou du 2.0.
Du bruit, des redondances, une occupation permanente qui rend les messages inaudibles, illisibles et invisibles. Comment considérer une information plutôt qu'une autre quand tout est soit disant important ? Comment faire fi des tutoiements, communiquer avec 100 mots de vocabulaires enrobés de formules hors sujet ?
Les entourages sont mauvais à plus d'un titre.
Quand ils sont compétents on s'en méfie car ils incarnent le danger pour les incompétents qui jouent aux sachants . Quand ils sont incompétents ils font la cour et exercent leur zèle pour masquer leurs faiblesses et endormir l'autorité qui pense que tout va bien. Seulement voilà. L'écart se creuse et le compte à rebours a déjà commencé.
D'autre tribus s'organisent.
Pour la tribu des conscients les bleus, les oranges, les sans couleurs n'existent pas.
Le choix de cette tribu grandissante, hésitante, est le monde multipolaire, qui fit d'ailleurs les fondements de notre pays (diversité, compétences, ouverture au monde, priorité à la connaissance). Elle lutte donc aussi contre le bipolarisme que l'on nous sert depuis vingt ans. Pour elle, il faut sortir du cercle; il y a d'autres pistes, d'autres choix.
La vérité serait transverse et les bonnes idées de part et d'autres, les mauvaises aussi d'ailleurs. Il suffit que cette tribu s'organise, pour que cette majorité consciente, intègre, silencieuse, devienne responsable et donne l'exemple pour l'intérêt général et non pas pour des petits intérêts ou des semblants d'initiatives qui servent de marche pieds.
Nous méritons toujours mieux et devons viser beaucoup plus loin, beaucoup plus haut, beaucoup plus vite. Notre conscience et notre culture politique doivent se structurer.
Ne déplaçons pas le problème, traitons le, avec un socle, un discours, une stratégie.
Le triste spectacle du congrès du PDCI est la dernière alerte.
Outre des chiffres douteux (les spécialistes s'accordent sur une tendance à 70/30% malgré le fait que, Mady et KKB n'étaient pas représentatifs), on a découvert en direct que le courage et la cohérence des paroles et des actes étaient les grands absents. Comment s'enorgueillir de critiquer en dehors pour ensuite aller saluer le SPHINX pour sa victoire ? Ce genre de chose arrive dans les autres partis.
L'équation politique peut rester figée ainsi ou évoluer.
Le triangle étant nécessaire en l'état actuel des choses, la victoire en 2015 ou 2016 appartient à une alliance. Celle du RHDP, ou une autre, l'Histoire nous ayant montré que nous ne sommes pas à une contradiction près quand il s'agit de prendre le fauteuil.
L'avenir nous dira si le FPI et le PDCI se diviseront à nouveau et si de nouveaux partis viendront former une nouvelle plateforme. Les mathématiques sont imparables. Exception faite des petits arrangements entre amis et des révélations récentes sur
600 000 voix volées qui auraient fait de Henri Konan Bédié le successeur de Laurent Gbagbo et des découpages avantageux du Ministère de l'intérieur sur les élections récentes.
In fine il faut une majorité. Elle appartient désormais autant au découpage générationnel qu'au découpage ethnographique.
L'arbitre du second tour ayant autant de pouvoir que le vainqueur.
Il est temps de lister les bonnes idées, de réunir les bonnes énergies, de dépasser les clivages des partis et des chapelles politiques et religieuses. Il est temps de penser aux générations actives, il est temps d'activer les passives, de respecter les traditions tout en s'ouvrant au Monde. Il est temps de passer plus de temps à construire qu'à détruire.
Il est temps d'avancer, de se prendre par la main, d'arrêter de la tendre.
La volonté, le courage, l'envie doivent nous guider. Renaitre de nos cendres.
Plus que la réconciliation, la résilience est en marche, rien ne peut l'arrêter.

Kofi Annan, UA, CPI, Circulez y'a rien à voir.
chroniqueivoirienne@gmail.com
Par Blofouê Fernand...

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