samedi 9 novembre 2013 par Nord-Sud

Les salles du Palais de la culture de Treichville resteront encore fermées pour un an et demi. Les professionnels dans l'organisation de concerts tentent de s'accommoder à la nouvelle donne en cette fin d'année, non pas sans désagréments.

Ils colmatent les brèches. Ou du moins, ils font avec l'existant. En cette fin d'année 2013, période de pic de l'activité culturelle, les organisateurs de spectacles essaient tant bien que mal de satisfaire le besoin de distraction des Abidjanais. De grands noms de la musique africaine sont annoncés sur les bords de la lagune Ebrié. Fally Ipupa le 15 novembre, Zaïko Langa Langa, Dan Junior, Salif Kéïta sont déjà sur le starting block. Une rançon bien maigre par rapport à l'année dernière. La raison, les salles de spectacle du Palais de la culture sont fermées pour réfection pour encore un an et demi, voire plus. Les alternatives, si on peut les appeler ainsi, sont la salle Cristal à Marcory Zone 4, le jardin du Golf Hôtel à Cocody ou même l'espace l'Oiseau livre, en plein air ou même la Bourse du travail à Treichville. Le Palais des congrès de l'Hôtel ivoire, qui a permis à Abidjan d'être la plaque tournante de la musique africaine, est carrément ignoré. Il est hors de prix, selon les organisateurs de spectacles. Et les courageux qui s'y sont hasardés en gardent un souvenir douloureux.  Depuis le mois de mars dernier, j'ai arrêté d'organiser des évènements le temps de réfléchir et trouver des alternatives , explique Yves de Mbella qui y a fait jouer un groupe de salsa, Compay Secundo. Selon lui, les salles disponibles sont coûteuses, non rentables ou trop petites. C'est 15 millions F.cfa la location du Palais des congrès. Après, il faut répercuter ce coût sur le prix des tickets d'entrée et ce n'est pas évident que les gens puissent payer des montants exorbitants pour assister à un concert. Ils préfèrent à la limite remplir leur frigidaire , observe l'animateur de radio. Aujourd'hui, il est nostalgique de la salle Anoumabo du Palais de la culture où il a réussi avec brio le concert du rappeur français La Fouine en 2012.  J'aurai du mal à faire un spectacle sur un espace ouvert. La salle de 4.000 places me convenait parfaitement. L'espace l'Oiseau livre est trop vaste. En tant qu'espace ouvert, il y a la tentation des entrées parallèles , argumente-t-il. Le tableau que Claude Bassolé, autre professionnel du spectacle, dépeint de la situation est fade.  L'espace Cristal est à 7 millions Fcfa la location. Ceux qui s'essaient dans les jardins des hôtels s'installent en plein air. Cela revient plus cher. Ce sont des endroits où le public n'a pas l'habitude d'aller et beaucoup de personnes ne savent pas où ils se trouvent , se plaint-il. Et de se résoudre :   c'est la mort du spectacle . Car, informe-t-il, déjà au Palais de la culture qui revenait relativement moins cher, soit à 2.800.000 F la location de la grande salle, il était impossible de faire des bénéfices sans le soutien d'un sponsor. Pour lui, la situation est pire aujourd'hui. L'autre animateur de radio, partenaire de nombreux producteurs de spectacle, Joël Amos Badi, révèle que les opérateurs privés préfèrent investir dans les espaces pour mariage. Quant à Claude Bassolé, il pense qu'ils sont friands des studios d'enregistrement. Et pourtant.  C'est vrai qu'aujourd'hui, pour avoir un espace pour construire une vraie salle de spectacle, il faut aller en dehors du centre-ville. Mais, je pense que si c'est bien fait, les gens s'y rendront , se convainc-il. Yves de Mbella, lui, croit aussi qu'une ou deux salles supplémentaires résoudrait le problème.  Si on ne veut pas que l'industrie musicale meurt, il le faut , plaide-t-il.

Par Sanou A.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023