vendredi 22 novembre 2013 par Nord-Sud

Des jeunes gens veulent en découdre avec les gangs à la machette qui sèment la terreur au sein des populations abidjanaises. Selon le président de l'Association des jeunes du 2ème arrêt (Abobo), face à cette nouvelle forme de banditisme urbain, il faut appliquer la loi du talion.

Face à la montée en puissance des gangs à la machette à Abobo, faut-il avoir peur de se rendre dans cette commune?
Il faut avoir peur d'aller à Abobo parce que la sécurité n'y est pas garantie. Partout et à tout moment, des groupes de jeunes peuvent sortir de nulle part pour vous agresser avec des machettes. Je ne conseille pas à quelqu'un de venir en ces temps-ci à Abobo. Il faut que la sécurité revienne avant d'inviter les gens à y venir.

Qu'est-ce que vous allez faire pour que la sécurité revienne?
Nous avons besoin de la contribution de tout un chacun, en particulier celle du ministre de l'Intérieur et de la sécurité. Nous souhaitons qu'il active réellement les forces de sécurité à Abobo à travers les patrouilles. Nous voulons qu'il déploie la police criminelle ici. Car les voyous d'Abobo n'ont peur que de cette unité spéciale de la police.

Etes-vous en train de dire que les responsables locaux de la sécurité ne font pas leur travail?
Je ne suis pas en train de dire que les responsables en charge de la sécurité ne font pas leur travail. Ils font ce qu'ils peuvent mais ils sont dans un endroit bien déterminé. Ils sont dans leur poste de police et dans les casernes militaires.

Mais ils ne sont pas cantonnés puisqu'on les voit faire souvent la ronde dans les différents quartiers.
Quand les gangs à la machette sévissent, on les appelle. Lorsqu'ils arrivent, ils mettent leur sirène en marche. Les malfrats disparaissent dans la nature lorsqu'ils l'entendent. Cela fait près de deux ans que les mêmes acteurs sévissent à Abobo. On ne peut pas comprendre cela ! Beaucoup a été fait mais il reste beaucoup de choses à faire.

Que préconisez-vous dans ce cas?
Il faut cibler les auteurs. Il faut les rechercher en lançant des avis de recher­che. Il faut mettre de vrais investigateurs aux trousses de ces bandits. Ces derniers doivent être traqués dans leur dernier retranchement afin de les rattraper pour les punir.

Les membres des gangs à la machette sont généralement des gamins. Ils sont issus des familles. Pourquoi la répression de ce fléau ne marche-t-elle pas?
Ce qui ne marche pas, c'est que lorsqu'ils laissent les machettes et qu'ils retournent dans leurs domiciles, les actions de la police ne continuent pas. Il faut toujours les réprimer. Il faut rechercher ces malfrats jusque dans leur dernier retranchement. C'est cette façon d'agir qui peut mettre fin à ce phénomène. A l'époque, quand quelqu'un tailladait à la machette une personne, il était recherché même dix ans après les faits. L'auteur était jugé et condamné à une lourde peine de prison.

Après les affrontements meurtriers entre des bandes armées la semaine dernière, dans quel état d'esprit se trouvent les riverains?
Nous sommes dans une situation de terreur. Dans notre quartier, à partir de 19 heures, il n'y a plus personne dehors. Le quartier se vide de sa population. Des locataires de plusieurs cours communes ont fui leurs maisons pour se réfugier chez des parents dans d'autres quartiers. Ils y viennent pendant la journée mais ils vont dormir ailleurs de peur d'être agressés.

Avez-vous initié des rencontres avec ces enfants et leurs parents pour leur demander ce qui les motive à prendre des machettes pour agresser les populations ?
Nous avions commencé la sensibilisation il y a plus d'un an. Aujourd'hui, il faut noter que les vrais acteurs de ces attaques ne sont pas forcément de notre quartier. Nous savons que nous sommes beaucoup convoités. Vous avez des jeunes qui viennent d'autres quartiers. Cela s'explique par le fait que nous sommes à proximité de la gare routière. Il y a les cabarets, les maquis, les maisons closes. Les jeunes viennent s'asseoir dans les cabarets. On ne sait d'où ils viennent. Ils passent tout le temps dans ces endroits.

Ne faut-il pas commencer à détruire ou empêcher l'installation des cabarets et maquis?
Nous avisons les responsables de sécurité. Il appartient à l'autorité de pren­dre des mesures. Nous avions aussi informé la mairie. La présence de ces cabarets agit négativement sur l'éducation de nos enfants. La majorité de nos jeunes gens sont déscolarisés parce qu'ils n'ont pas de bons modèles. Notre rôle est d'alerter les autorités. C'est ce que nous faisons.

Que faut-il faire pour éradiquer ce phénomène?
Les solutions se trouvent à plusieurs niveaux. Il faut sensibiliser les enfants. Les autorités doivent tenir leurs promesses face à cette jeunesse. Il faut dire qu'aujourd'hui, le taux du chômage des jeunes grimpe chaque jour. Il ne faudrait pas être surpris de voir demain ces jeunes-là se transformer en de grands braqueurs et même en des terroristes. Ces enfants peuvent devenir des terroristes si l'occasion se présente à eux. Cela n'est pas exclu. Je pense que le Nord-Mali était une zone abandonnée. Les terroristes sont arrivés. Ils ont converti les voyous pour les utiliser par la suite dans la guerre. Il est vrai que nous ne sommes pas à ce stade mais nous ne sommes pas aussi à l'abri. Nous allons prendre des mesures à la suite de la rencontre que nous allons tenir dimanche prochain. Désormais, avec l'accord des sages, les danses sipa seront interdites. Ce sont des lieux de rendez-vous de ces voyous pour commettre les agressions et dépouiller les populations. Le comité de gestion va pren­dre ses responsabilités. Toute manifestation publique doit être soumise à la mairie après approbation du comité. Les parents seront mis devant leur responsabilité.

Réalisée par Ouattara Moussa

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