lundi 25 novembre 2013 par Autre presse

Cécile Fakhoury, galeriste et belle-fille de l'architecte de la basilique de Yamoussoukro est une vraie nietzschéenne dans l'âme qui pense que l'art porte en soi des vertus normatives. Lors de notre rencontre, le mois dernier, à Londres, à la faveur de la première foire d'art contemporain africain, l'ivoiro-française nous a confié, avec foi et ferveur, que la Côte d'Ivoire peut se réconcilier par l'art. Interview

IvoireDiaspo : Pourquoi avoir choisi d'exposer à Londres?

Cécile Fakhoury : Je n'ai pas choisi Londres. J'y suis, parce que j'ai été invitée à cette foire d'Art Contemporain. En fait, c'est cet évènement à Londres qui a fait que je me suis déplacé à Londres avec la galerie et les artistes. Et je pense que Londres est un bon choix de grande ville pour cette première édition de la Foire de l'art contemporain africain, parce qu'on n'aurait pas du tout eu le même résultat, le même public ailleurs, dans une autre grande ville d'Europe, si on pense à Paris entre autres. Londres a été une ville intéressante dans tous les domaines par rapport à la première édition de cette foire.

Comment se portent tes artistes sur cette scène londonienne ?

Quand j'ai été contactée pour exposer dans cette foire, j'ai trouvé que c'était un beau projet et je me suis sentie concernée même si j'avais des doutes, parce que je représente une scène francophone avec des artistes francophones et dont les collectionneurs à l'étranger, en dehors de la Côte d'Ivoireet de l'Afrique sont en général des francophones, basés en Belgique et en France. Londres, c'est un marché que je ne connais pas. Je n'étais jamais venu à Londres en tant que Galerie. J'ai donc eu une vraie appréhension, parce que mes artistes ne sont pas connus ici, à part Aboudia qui a une belle place sur la scène londonienne, parce qu'il est représenté par Jack Bell qui fait un très bon travail pour lui. Ainsi, à part Aboudia aucun de mes artistes n'est connu à Londres. Cependant, nous avons très bien travaillé et le public était ravi de découvrir ces artistes qu'il ne connaissait pas. En fait, c'était de vraies découvertes pour eux, alors que ce sont des artistes qui ont déjà une carrière, des expositions. En revanche, nous avons très bien vendu. Ce qui augure que mes artistes auront une belle résonnance ici, parce qu'une exposition de l'envergure de cette foire de Londres permet d'ouvrir une vitrine aux artistes. La machine est donc en route.

Pour parler personnellement de toi, tu t'es spécialisée dans l'art contemporain alors que tu as été nourrie à la sève de l'art moderne par tes parents. Qu'est-ce qui a motivé ton choix pour l'art contemporain ?

Il est vrai que mes parents ont une galerie d'art moderne et j'ai toujours été baignée dedans, j'ai fait les musées, les ateliers, les ventes aux enchères et étant gamine, il est vrai que je me suis vite intéressée à la chose. A 15 ans, J'ai commencé à me déplacer seule, à aller voir des expositions seule. Mais, j'ai découvert l'art contemporain par le biais de mes parents, puisque c'est au cours de nos visites dans des musées avec eux pour voir des expositions d'art moderne que j'ai découvert ma fascination pour l'art contemporain qui est un peu la continuité de l'art moderne. Cela, parce que les artistes de l'art contemporain parlent de mon époque, et j'ai envie de comprendre ce qui se passe aujourd'hui. Ce que j'aime bien, c'est l'actualité, c'est le propos, c'est être dans notre temps.

Comment définis tu l'art contemporain Africain ?

L'art contemporain africain, c'est un terme qui est compliqué mais c'est une scène, une géographie. Personnellement, je pense que c'est encore comme cela mais bientôt cette scène sera intégrée à l'art contemporain mondial.

Ton choix d'installer ta première galerie à Abidjan cache-t-il une motivation économique ou est-ce un pur choix artistique ?

Abidjan est un choix multiple. En fait, ce n'est pas un choix en soi car à la base, j'ai suivi mon époux qui s'y est installé pour des raisons professionnelles et comme j'étais dans le domaine de l'art en France, je n'avais pas envie de changer de métier en m'installant en Côte d'Ivoire. Toutefois, le choix d'ouvrir une galerie n'était pas la première option. J'ai réfléchit aux possibilités d'ouvrir un atelier d'artistes, une résidence, une fondation, une maison de vente. En revanche, si j'ai choisi d'ouvrir une galerie en Côte d'Ivoire, c'est parce que je suis sûre que le pays a les épaules, la possibilité d'accueillir un marché de l'art dans un futur très proche, parce que maintenant, c'est le début, le développement mais dans quelques temps, je suis absolument certaine que la Côte d'Ivoire peut être moteur d'un marché africain.

J'aime ton optimisme et je veux bien te croire mais nous savons que l'art est en général porté par la classe moyenne. Cette classe moyenne existe-t-elle en Côte d'Ivoire ? ... suite de l'article sur Autre presse

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