vendredi 29 novembre 2013 par Nord-Sud

Ce n'est pas, tout à fait, la fête chez eux, malgré les 51,1 milliards Fcfa annoncés en leur faveur. Le vice-président chargé de la communication et des relations extérieures du Syndicat national des fournisseurs de l'Etat de Côte d'Ivoire (Synafe-ci), Gnohouéhi Didi, joint, hier, par téléphone, en donne, les raisons.

L'Etat a décidé, mercredi, de payer 51,1 milliards F à ses créanciers nationaux. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Je vous remercie de l'opportunité que vous nous donnez de réagir après cette annonce. Mais avant, je souhaite lever une équivoque. Le Synafe-ci est un regroupement de chefs d'entreprises à la recherche de marchés. L'Etat est un gros client. Vous comprenez que traiter avec lui ne peut que nous convenir. C'est la plus haute autorité du pays. Nous ne pouvons donc pas avoir de brouilles avec lui. Cette mise au point était importante pour nous, fournisseurs de l'Etat. Pour répondre à votre question, je dirai que le 14 novembre 2013, le gouvernement, au terme d'un conseil des ministres, a indiqué qu'un audit de la dette intérieure contractée sur la période 2000-2010 a permis de reconnaître 152,9 milliards F des créances et le rejet de 203 milliards F, d'autant plus que ladite dette s'élevait à 356 milliards F. Alors, si l'Etat décide de satisfaire ses créanciers, nous ne pouvons que saluer cela. Cependant, ce qui nous gêne, c'est le fait qu'il déclare 152 milliards F reconnus, après l'audit, et avance quel­ques jours après, par l'entremise de Mme Kaba Nialé (la ministre auprès du Premier ministre, Kablan Duncan, chargée de l'Economie et des finances, ndlr) que seuls 98,3 milliards F seront payés.

Avez-vous des inquiétudes sur ce changement de chiffres ?
Oui, nous sommes inquiets, parce qu'il y a une involution des chiffres. Cette dégression ne nous rassure guère. Nous nous souvenons qu'au départ, il s'agissait d'arriérés. Alors, puisque ce sont les autorités compétentes elles-mêmes qui l'ont affirmé, nous croyons que cela doit être pris en compte. Malheureusement, ce n'est pas le cas. On ne nous parle plus d'arriérés à payer, mais on est désormais face à une nouvelle donne.

Vous prévoyez une action, selon nos sources.
C'est juste. Nous n'allons pas nous laisser prendre tranquillement dans la farine. Nous allons entreprendre des démarches auprès du Trésor et de la ministre de l'Economie et des finances pour savoir avec exactitude ce qui se passe. Car, si on veut nous aider, qu'on nous aide vraiment. Depuis trois ans, nous n'avons reçu aucune créance.

Et pourtant, l'Etat veut faire du secteur privé le moteur de l'économie ivoirienne ; la ministre des Finances l'a réitéré, mercredi, au journal télévisé de 20 heures ?
Au cours des différentes rencontres, les émissaires du gouvernement nous le répètent. Et c'est tout à fait normal. C'est ce qui se passe dans les pays développés. Nous souhaitons donc des relations fortes et fructueuses avec le pouvoir, pour l'économie nationale. Toute­fois, nous pensons que, si l'Etat veut compter sur nous, secteur privé, pour relever les défis économiques auxquels la Côte d'Ivoire fait face, il doit faire mieux.

Expliquez-vous !
Il importe qu'il paie les 152 milliards F annoncés en conseil des ministres du 14 novembre dernier. Nous avons trois mois de recours. Alors, nous lançons un appel à tous les fournisseurs de l'Etat, dont les créances n'ont pas été retenues, afin qu'ils nous apportent les preuves, c'est-à-dire les bons de commande et de réception. Nous comptons faire recours dans les normes pour rétablir certaines vérités.

Les listes des créances seront affichées dans les postes comptables dès le 2 décembre 2013. La paie commence, elle, le 15 décembre prochain. Etes-vous certains de réunir à temps toutes les preuves pour les dettes rejetées ?
Nous avons une réunion du bureau exécutif demain (aujourd'hui, ndlr), pour commencer les démarches. Parce que nous allons demander les listes des créances retenues et rejetées des opérateurs économiques. Nous le disions plus haut, nous ferons le nécessaire pour nous enquérir de la situation, par les voies recommandées et correctes. Nous faisons confiance aux fournisseurs.

A travers cet audit, l'Etat a voulu payer la bonne, juste et vraie dette. Cette conception vous répugne-t-elle?
Non, puisque nous, secteur privé, ne voulons que travailler dans la transparence. L'acquisition des marchés requiert de la confiance, de la transparence, de la crédibilité et de la compétitivité. Ce sont des qualités que doit avoir un bon prestataire de services. Avec ces compétences, vous être assurés d'avoir des marchés de façon régulière. Donc, nous ne sommes pas contre cette pratique. C'est d'ailleurs pour cela que nous demandons à nos pairs de tout mettre en ?uvre pour présenter les preuves de leurs créances. Parce qu'en réalité, ces rejets, s'ils sont avérés, relancent aussi la question de la crédibilité de certaines autorités qui ont signé des contrats avec des fournisseurs.

Le retard accusé pour le paiement de votre argent a-t-il amoché la confiance que vous portez à l'Etat?
Je ne crois vraiment pas ! Nous gardons un minimum de confiance pour l'Etat de Côte d'Ivoire. Il s'agit de l'autorité du pays. Des dettes ont été contractées pendant que ceux qui sont actuellement au pouvoir n'y étaient pas. C'est une continuité, l'Etat. Donc, il n'y aucune crise de confiance entre nous et le gouvernement. Seulement, nous souhaitons qu'il paie à temps, parce que les procédures sont souvent lourdes.

Pour éviter quelque tentative de racket ou de fraude-vous l'avez maintes fois déploré-le paiement se fera uniquement par virement bancaire. Cette méthode vous sied-elle ?
Nous sommes dans une procédure entre créanciers et débiteur. Nous allons négocier et nous entendre. Le procédé de règlement ne nous cause aucun problème. Nous voulons être payés, c'est l'essentiel.

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