vendredi 6 decembre 2013 par Nord-Sud

En marge de la rentrée judiciaire qui a eu lieu, hier à Abidjan, Mamadou Gnénéma Coulibaly, ministre de la Justice, s'est notamment prononcé sur le cas Blé Goudé. L'ex-leader de la ?'galaxie patriotique'' est réclamé par la Cour pénale internationale (Cpi).


Quel sens revêt cette rentrée judiciaire ?

Ce sont de rares occasions au cours desquelles les magistrats dans leur ensemble ont l'opportunité de se retrouver. C'est d'abord un moment de convivialité. Comme vous avez pu le constater, les uns et les autres se revoient parce que nous sommes dispersés sur l'ensemble du territoire et ce n'est pas toujours évident de nous voir. A côté de cela, c'est une opportunité pour les magistrats dans leur ensemble de jeter un regard sur la production. Parce que, ouvriers que nous sommes, nous avons besoin à un moment de nous s'asseoir et de regarder ce que nous avons fait, de voir s'il y a lieu d'améliorer ou de changer complètement la technique de production.

C'est ce que nous faisons à travers ce séminaire de rentrée solennelle. Nous allons jeter un regard rétrospectif sur les actions majeures qui ont été posées au cours des deux années judiciaires qui nous séparent de la précédente cérémonie similaire et voir s'il y a lieu d'améliorer, de rectifier le tir. L'objectif étant que nous souhaitons avoir une justice de performances, de qualité, comme nous l'avons indiqué aux collègues. Nous saisissons l'opportunité pour leur rappeler nos attentes : la moralisation du secteur de la Justice, l'efficacité et la courtoisie dans le travail de la juridiction.

Vous vous attaquez à la mal-gouvernance, est-ce que vous êtes en train de confirmer que le système judiciaire ivoirien est corrompu ?

Non, je suis désolé. Nous avons utilisé des images que vous devez vous-mêmes connaître. Ce n'est pas parce que votre véhicule n'est pas en panne que vous n'allez pas aller au garage pour en faire la révision. On peut aussi prévenir. C'est une méthode qui vise justement à prévenir d'en arriver à la mal-gouvernance. Dès lors que nous avons l'opportunité de le rappeler ou d'attirer l'attention des collègues là-dessus, ils sont plus enclins à s'éloigner parce que on peut s'oublier. Le rappel est un moyen de revenir dans les normes.

Quel serait le sort d'un magistrat ou d'un acteur du système judiciaire pris en flagrant délit de mal-gouvernance?

Il sera puni. La punition existe pour les magistrats ; ils ne sont pas au-dessus de la loi. Sinon, ils n'auraient pas pu l'appliquer. Ils sont eux-mêmes dans la loi. Donc en étant acteurs de la loi, ils sont eux-mêmes soumis également à la loi. S'il était avéré qu'un magistrat était auteur de prévarications, il ferait l'objet de poursuites comme la loi sur le statut de la magistrature le prévoit.

Le dernier séminaire a permis au chef de l'Etat de donner plus de moyens à l'Inspection des services judiciaires. Et après la rencontre-ci, pensez-vous qu'elle sera assez outillée pour lutter efficacement contre la corruption et la mal-gouvernance ?

Ce n'est pas que ça la mission de l'Inspection des services judiciaires et pénitentiaires. C'est un organe de contrôle et de régulation. Si nous étions en comptabilité, on dirait que c'est un organe d'audit interne. Il s'agit pour cette institution de veiller à ce que les magistrats, tant dans l'application de la loi que dans le comportement, soient au-dessus de tout soupçon. Et c'est à cela qu'ils s'attèlent. Notre Inspection des services judiciaires regorge de magistrats de compétences et d'expériences. Ils se doivent, en tant que tels, lorsqu'ils lisent, parce qu'ils sont destinataires des différentes décisions rendues dans les différentes juridictions, les comptes-rendus, de prodiguer des conseils aux magistrats pour améliorer leurs pratiques du droit. Et s'il y a des faits avérés de mauvais comportements, ils ont à charge de mener des enquêtes, faire des rapports et des propositions de sanctions en cas de besoin.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023