jeudi 19 decembre 2013 par L'Inter

Cadre des ex-Forces nouvelles, Koné Maméry s'est révélé aux Ivoiriens lors de la ?'Révolution Orange'' ayant consisté à appliquer le mot d'ordre de désobéissance civile pendant la crise post-électorale afin de contraindre l'ancien régime à rendre le tablier. Deux ans après, nous avons cherché à en savoir davantage sur l'avenir de cette organisation. Son coordinateur national fait dans cet entretien, des propositions pour limiter les accidents de la route particulièrement meurtrières ces derniers mois.

L'inter : Où en êtes-vous avec la ?'Révolution Orange'' ; puisqu'on n'entend plus parler de vous sur la scène publique ?

Koné Maméry : Mon silence s'inscrit dans une stratégie de communication que mon équipe et moi nous sommes donné. En tout état de cause, le pays est gouverné et les actions posées par le chef de l'Etat sont satisfaisantes. Ces actions donnent un sens à la lutte que nous avons menée avec tant de souffrance et de sacrifice.

Est-ce à dire que vous êtes en phase avec la gestion du pouvoir actuel ?

La Révolution Orange a atteint ses objectifs qui étaient justement la reconnaissance du vote des Ivoiriens. Cela dit, nous sommes dans la réflexion afin de donner une suite à notre mouvement. Qui, faut- il le rappeler, est un mouvement qui rassemble toutes les couches de la société et notre idéal de justice, de développement et de paix est encore vif. C'est d'ailleurs pourquoi je profite de cette tribune pour appeler tous nos camarades à prendre contact avec Kouassi Dongo pour l'organisation de notre séminaire-bilan qui se tiendra début 2014 à Yamoussoukro.

Votre mouvement est-il un club de soutien au chef de l'Etat ou une organisation de la société civile ?

Je n'en sais rien, ce sera au séminaire d'en décider. Mais, ce que je pense, c'est que le chef de l'Etat n'a pas besoin de mouvement de soutien, son bilan parle en sa faveur. Il demande juste à être mieux expliqué aux Ivoiriens par son gouvernement, les partis politiques qui l'on porté au pouvoir. Maintenant, s'il nous confie cette mission, ce sera un honneur pour nous de sillonner villages et campements pour expliquer son bilan. Nous serons à Yamoussoukro pour nous mobiliser et créer la synergie d'action pendant une semaine de réflexion.

Vous voulez dire que, pour l'heure, tout va bien en Côte d'Ivoire?

Les Ivoiriens doivent apprécier l'état de notre pays comme un pays qui a fait des pas de géant sur le chemin de la sécurité et du développement. Il faut savoir apprécier les efforts qui sont faits par le président de la République au quotidien. On n'efface pas les stigmates d'une crise qui a duré 20 ans en deux années de gouvernance. Mais, nous sommes sur la voie de la réconciliation, de la paix et du développement. Je profite de cette tribune pour saluer les actions sociales de la Première dame Mme Dominique Ouattara, qui se bat aux côtés de son époux pour donner de la dignité aux Ivoiriens les plus démunies. C'est cela le rôle d´une Première dame. Les Ivoiriens lui en seront reconnaissants.

N'empêche, la vie est toujours chère, le pouvoir d'achat est faible et le chômage est endémique. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les accidents de la route sont quasi-quotidiens.

Les Ivoiriens souffrent, mais ils vivent mieux aujourd'hui que les dix années passées. Cela dit, nous avons beaucoup à dire pour le cas de la sécurité routière. Oui, la route tue plus que le VIH et le paludisme réunis. Les routes sont devenues un lieu où la sécurité est un luxe. L'anarchie et le désordre sont les maîtres-mots sur nos routes. Il n'y a pas de jour qui passe sans qu'une famille ne soit endeuillée, et personne ne peut dire quand cette spirale va s'arrêter. Les pouvoirs publics et la société civile ont démissionné et les usagers de la route sont livrés au diktat des chauffeurs des mini cars et des autobus. C'est un calvaire de circuler sur nos routes.

A qui la faute?

Bien sûr, la faute est imputable à tous les gouvernements successifs, mais singulièrement aux autorités en charge de la sécurité publique et des transports. A mon sens, le transport public des voyageurs est de la responsabilité de l'Etat, et depuis une vingtaine d'années, l'Etat s'est progressivement désengagé de ce secteur. Cela a été une faute lourde de conséquences que nous payons aujourd'hui. Il appartient au gouvernement de reprendre les choses en main. Il faut, par exemple, investir dans la SOTRA afin qu'elle assure efficacement le transport des abidjanais. Et pour le transport des voyageurs à l'intérieur, il faudra mener la réflexion afin que les trains remplacent progressivement les autobus.

Est-ce une thérapie suffisante pour guérir le mal qui est très profond ?

Non, pas du tout. Mais, il faut inverser la courbe qui cause des morts sur les routes. Il faut, bien entendu, une refonte du système actuel. C'est-à-dire une reprise en main du secteur par les pouvoirs publics. Plus d'information et d'éducation, de rigueur et plus de sanction. En effet, le cycle infernal commence, soit par le conducteur dans les auto- écoles qui sont, pour certaines, des boutiques sans responsabilité dans les méfaits que commettent leurs élèves ( si le conducteur est déjà mal formé à l'école) ; soit par la Société ivoirienne de contrôle technique automobile (SICTA) concessionnaire de services publics en situation de monopole pendant les contrôles techniques. Il est urgent que le gouvernement prenne des mesures. Qu'il se tienne dans les meilleurs délais, un séminaire gouvernemental sur le sujet. Vraiment, c'est un sujet qu'il faut classer au rang de priorité nationale.

Pendant ce temps, le gouvernement continue de construire des infrastructures routières

L'indiscipline et l'anarchie sont les causes de milliers de morts. D'ailleurs, l'indiscipline et l'anarchie sont devenues la règle sur nos routes. Sans que personne ne s'en émeuve. La police fait des efforts pour aider à la fluidité de la route, depuis l'avènement du Ministre d'Etat Hamed Bakayoko, mais ces actions d'urgence doivent être accompagnées de plus de rigueur et de fermeté. Tous les carrefours ont été transformés en gares routières, au vu et au su de tous. Les Ivoiriens sont transportés parfois dans des wôrô wôrô ou Gbaka dans lesquels un bon fermier n'oserait pas embarquer sa volaille. A ces comportements, viennent s'ajouter le manque de signalisation verticale et horizontale. Pis, ce sont les panneaux publicitaires qui fleurissent sur nos voies. C'est une aberration. Et la télévision nationale ne joue aucun rôle de sensibilisation. Pas une seule émission sur l'éducation routière. Il est temps que quelque chose se fasse dans ce secteur. Les Ivoiriens ne méritent pas de subir le diktat de certains chauffeurs de taxi et d'autobus gbaka. C'est un luxe de croiser un conducteur porter sa ceinture de sécurité. J'ose espérer voir un jour un ministre de la République emprunté un Gbaka ou un wôrô wôrô pour se rendre compte du calvaire que ses concitoyens affrontent quotidiennement pour rejoindre les lieux de travail.

Selon vous, que doit-on faire pour mettre un terme à cette anarchie mortelle?

C'est collectivement que nous devons agir, pour notre sécurité ainsi que pour la sécurité des autres usagers de la route. Ils sont combien dans ce pays qui n'ont pas grillé un feu rouge et pris un sens interdit? Ils ne valent pas 1% cet indicateur, pour dire que nous sommes tous complices. Mais, il appartient au pouvoir public de prendre des mesures et de se donner les moyens de les faire respecter. Selon moi, à très court terme, il faut durcir les sanctions, multiplier la mise en fourrière, le retrait temporaire ou définitif du permis de conduire, mettre en service les feux tricolores et poser les panneaux de signalisation verticale et horizontale, extraire des abords des routes, les panneaux publicitaires. A moyen terme, revisiter le code de la route, réadapter les manuels de formation dans auto écoles et durcir les conditions d'acquisition du permis de conduire, libéraliser le contrôle technique des véhicules et enfin, rendre la SOTRA plus performante et moderne pour faire face au défi de transporter tous les voyageurs abidjanais dans les meilleures conditions. A long terme, démarrer la construction des lignes de tramways dans la ville d'Abidjan.

Est-ce un cri du c?ur?

Tout à fait. Mais mieux, ce sera mon nouveau combat ; la lutte contre le désordre et l'anarchie. Voyez-vous, les accidents qui se sont produits le week-end du 8 décembre sur l'autoroute du nord, 38 personnes tuées et 68 blessés. Ces voyageurs espéraient regagner Abidjan, qui pour rejoindre la famille, qui pour des activités économiques. Mais non ils ont été fauchés et tués par la faute de conducteurs qui n'ont pas respecté le code de la route. Oui, c'est un cri du c?ur mais une forme de révolte face à la tragédie que nous vivons chaque jour dans nos familles.

Bientôt, ce sera la nouvelle année, que dites-vous aux Ivoiriens ?

Ce sont des mots d'espoir que j'adresse à chacun et leur dire que 2014, nous serons de retour sur la scène publique pour de nouvelles aventures. Déjà, nous donnons rendez-vous à tous nos camarades ayant participé à notre mouvement ou ayant épousé notre cause, pour début 2014 pour un séminaire bilan de nos actions. Et ce sera, bien entendu, l'occasion de porter le débat sur l'avenir de notre mouvement. Bonne fête de fin d'année à tous. Que Dieu nous permette de vivre longtemps dans la santé, la paix et la prospérité et que Dieu veille sur notre cher président de la République, Alassane Ouattara.

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