mercredi 8 janvier 2014 par Cote d'Ivoire Economie

En Côte d'Ivoire, force est de constater que la vie coûte cher. Comparativement aux autres pays, l'économie ivoirienne reste l'une des plus rigides de la sous-région. Et son niveau d'inflation est allé grandissant en 2013.

Selon les informations livrées par de l'Institut national de la statistique (INS), l'année en cours a été marquée par un taux d'inflation remarquable. Une réalité également illustrée par les données de l'Indice harmonisé des prix à la consommation des ménages (IHPC), baromètre admis comme référence pour le suivi de l'évolution des prix dans les huit pays de membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). En Côte d'Ivoire, plus de 7 900 relevés de prix sont effectués chaque mois par les enquêteurs de l'Institut national de la statistique. Ces enquêtes portent sur le panier de la ménagère, comprenant 684 variétés de produits, suivies dans 1 637 points d'observation sur toute l'étendue du territoire national. En janvier 2013, l'IHPC était en croissance à 1,4%, et a progressivement évolué pour atteindre les 3,1% en juillet de la même année, avant de se stabiliser à une moyenne de 3,1% sur la période allant de juillet à septembre (voir en encadré le graphique d'évolution de l'inflation en 2013). La Côte d'Ivoire s'est finalement retrouvée avec un taux d'inflation de 3%. Des informations qui attestent que le niveau général des prix à la consommation a presque triplé en l'espace de neuf mois.
Même si les pouvoirs publics essaient de les dissiper dans leurs discours, les réalités du terrain montrent que la vie est effectivement de plus en plus chère. Le mouvement consommateur national est en ébullition et veut monter au front pour donner de la voix, et surtout passer à des actes de contestation face à l'inflation qui se généralise dans le pays , avait annoncé Soumahoro Manssa Ben N'Faly, président de l'Association pour la protection des consommateurs actifs de Côte d'Ivoire (Aprocaci). Il a même appelé à la tenue d'assises nationales pour réfléchir sur le problème de la cherté de la vie. Une manière d'interpeller le gouvernement ivoirien sur ce mal que subissent les Ivoiriens au quotidien. Et les réactions des associations de consommateurs, ainsi que de l'ensemble des acteurs de la société civile, ne cessent de s'amplifier pour toucher les décideurs publics. En face, seuls les discours et les promesses persistent, loin, pourtant, de répondre aux préoccupations des populations, sans recours véritable et obligées de vivre avec ce qui leur est imposé sur les marchés et autres points de commerce.

Quelles ont les raisons du problème ? (inter)
Il y a seulement deux ans, on s'attelait à dire que la cherté de la vie était en grande partie liée au problème du racket sur les routes, en tout cas pour ce qui est des produits vivriers et alimentaires (voir le prix moyen de quelques produits essentiels à Abidjan). Aujourd'hui, les Ivoiriens reconnaissent que les contrôles intempestifs ont considérablement baissé au gré du retour à une certaine fluidité routière. Les commerçants importateurs et exportateurs ne paient plus les mêmes faux frais récriminés et abaissés au trois quarts aux frontières nord du pays, selon un acteur de la société civile ivoirienne. Mais si le principal argument évoqué ne tient plus la route, la cherté de la vie reste presque similaire. Il faut donc rechercher les causes ailleurs.
En fait, la hausse des prix est consécutive de différents paramètres. On note notamment les niveaux des productions escomptées, qui ne sont pas atteints, la pénurie de certains produits alimentaires, les contre-saisons ou basses période de production, le coût du transport des marchandises, notamment avec la hausse du prix de gasoil à la pompe, la sensibilité des acteurs, et surtout la loi du marché (l'offre et la demande), etc. Ce sont tous ces facteurs naturels et économiques qui agissent sur les prix des denrées alimentaires. A côté de cela, il y a aussi les taxes invisibles que l'Etat impose aux industriels sur certains de leurs produits. Ces derniers ne font que les répercuter sur le consommateur final. A titre d'exemple, la situation inquiétante de certains produits manufacturés, comme le lait concentré sucré et le lait non sucré. La Direction générale de la douane, avec la complicité de certains industriels, a instauré, depuis le 11 février 2013 la TCI, la Taxe conjoncturelle à l'importation, qui est de 1340 FCFA le kilo net'', avait dénoncé un acteur de la société civile lors d'une conférence à Abidjan. Ici, il faut voir la responsabilité de l'Etat qui recherche parfois plus de recettes auprès de la douane et du Fisc. En même temps, il aggrave la situation de ses contribuables et leur niveau de vie s'amenuise au fil du temps.

La lutte n'est pas vraiment efficace (inter)
S'agissant de la lutte contre la fraude et la cherté de la vie, les actions du gouvernement tardent à convaincre les Ivoiriens des efforts déployés. En vérité, l'inflation est l'un des agrégats macroéconomiques les plus difficiles à maîtriser. Et surtout dans un pays en développement comme la Côte d'Ivoire. Même si, au mois d'octobre dernier, le taux d'inflation de la Côte d'Ivoire a atteint le seuil communautaire de 3%, cela est loin de régler le problème de la cherté de la vie. Il faut déployer une stratégie et une politique nationale pour essayer de contenir les prix du marché. L'un des points saillants est le strict respect des mesures de tous les produits servis aux populations. La métrologie devrait être un puissant outil pour efficacement lutter contre la fraude et la cherté de la vie. Mais que de malversations observées ça et là. Chaque année, le ministère en charge du commerce engage une campagne nationale de vérifications des instruments de mesure. Mais l'opération se limite à quelques contrées du district d'Abidjan et ne parvient pas à couvrir tout le pays. En dépit des instruments contrôlés, quelque temps après le passage des agents, la situation est comme au départ. Le suivi et le contrôle ne sont guère effectifs Quant à la décision de l'affiche obligatoire des prix dans les marchés, les boutiques et autres lieux de commerce, elle n'existe que sur le papier. Car dans la pratique, de nombreuses boutiques mauritaniennes et autres se passent de cette consigne du ministère ivoirien du Commerce. Une bonne astuce pour frauder et vendre plus cher, où à la tête du client. A cela, il faut adjoindre le fait que les Ivoiriens n'ont pas la culture de la plainte. Ils observent des pratiques frauduleuses généralisées, mais très peu de personnes ont le courage de dénoncer officiellement, ou publiquement, les choses auprès des autorités compétentes. C'est bien le cas des factures, parfois exagérées, d'eau et d'électricité (de la Sodeci et de la CIE) en situation monopolistique.

Jean-Jacques Amond

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