La communauté musulmane de Côte d'Ivoire célèbre le Maoulid dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 janvier prochain. Une occasion pour les fidèles de se souvenir du Prophète Muhammad. Dans cet entretien, le responsable du département communication du Cosim, l'Imam Sékou Sylla, donne des conseils aux musulmans.
Le Patriote : Qu'est ce que le Maoulid ?
Imam Sékou Sylla : La Maoulid, c'est l'anniversaire de la naissance du Prophète Muhammad. On pourrait dire à la limite que c'est un moment de souvenir. Et les musulmans doivent se souvenir du Prophète Muhammad. Il a marqué toute l'humanité et marquera le monde jusqu'à la fin des temps. C'est cet homme qui est né et qui est le modèle des musulmans. Car, dans le Saint Coran, Dieu dit que Muhammad est un Prophète, un exemple à suivre. A cette occasion, à travers le monde entier, les musulmans se rappellent non seulement de leur messager, de leur prophète, mais connaissent aussi la biographie de cet homme qui est un exemple. Pour copier un exemple, il faut être à mesure de le connaître. Le Maoulid, c'est dire qu'on part à la connaissance de la vie du Prophète Muhammad. Le musulman redécouvre durant cet anniversaire, cet homme qu'il essaie d'imiter chaque jour dans sa vie. C'est pourquoi le Maoulid est une occasion pour les musulmans de se rappeler et de se replonger dans la vie de Muhammad.
LP : Dans quel mois de l'année musulmane cette commémoration intervient-elle ?
I.SS : Cette commémoration de la naissance du Prophète Muhammad intervient le troisième mois lunaire. Et les historiens sont en général d'accord pour dire que la date acceptée de tous est le 12ème jour du mois lunaire qui correspond cette année au 13 janvier 2013. Et comme chez les musulmans la nuit précède le jour, c'est pour cela que la commémoration aura lieu dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 janvier 2014.
LP : Quel est le thème retenu cette année ?
I.S.S : Le Maoulid édition 2014 s'articule autour du thème : Le Prophète en tant que modèle spirituel et moral pour la reforme de la société .
LP : Pourquoi ce choix ?
I.SS : Nous avons opté pour ce thème parce que cette année, nous avons constaté avec amertume beaucoup de déviations dans nos sociétés, particulièrement du côté de la jeunesse. L'alcoolisme et la drogue ont pris de l'ampleur. La violence, l'indiscipline et le non respect des droits d'aînesse sont devenus monnaie courante dans nos sociétés. Plus grave, le fétichisme et l'idolâtrie connaissent un regain du fait de la crise post-électorale. Alors qu'en Islam, l'un des péchés les plus graves, c'est adorer autre chose à la place de Dieu. Et à la faveur de la crise, beaucoup ont cru que la solution n'était pas entre les mains de Dieu et qu'il fallait chercher chez des idolâtres la solution en pensant même que cela serait plus rapide. Tout cela a fait qu'il y a eu beaucoup de déviations, mais pire, beaucoup de jeunes ne prient plus. Alors que quand on ne prie pas, on n'est plus musulman. Ce sont toutes ces tares de nos sociétés que nous voulons, à la faveur du Maoulid, rappeler à notre société, à nos jeunes, afin que nous nous identifiions à la vie du Prophète Muhammad. Cet homme illustre qui a été un exemple pour nous à tous les niveaux de la vie.
LP : En tant que membre du Conseil Supérieur des Imams (COSIM), qu'avez-vous fait concrètement pour mettre un frein à ces comportements déviationnistes des jeunes musulmans ?
I.SS : Il faut communiquer et sensibiliser la jeunesse. C'est ce que nous faisons. Nous n'avons pas de police pour réprimer. Ce que nous faisons, c'est de sensibiliser la communauté musulmane, notamment les jeunes et leur montrer le vrai chemin. Le Maoulid vient donc à point nommé pour sensibiliser davantage sur les différents comportements interdits par l'Islam.
LP : Quel comportement adopter cette nuit ?
I.SS : Les musulmans doivent se rappeler du prophète Muhammad. Ils doivent aller à la connaissance de sa vie. Le musulman n'adore pas le Prophète Muhammad, mais il s'identifie à lui. Nous demandons aux musulmans d'aller dans les endroits de prêche, les mosquées et d'écouter ce que les Imams disent sur les aspects de la vie du Prophète. Certes, en une nuit, on ne peut pas tout dire, mais ce qui sera dit va être utile pour chacun. Et c'est au musulman d'appliquer ces enseignements.
LP : Qu'en est-il des invocations?
ISS : Tous les jours, nous faisons des invocations. Celui qui veut faire un peu plus cette nuit, il n'y a pas de mal à cela. Le musulman prononce, plus d'une dizaine de fois dans la journée, le nom du Prophète Muhammad dans ses prières et autres. Celui qui veut manifester son Amour au Prophète de l'Islam en donnant à manger aux uns et autres, est le bien venu. Il n'y a aucun mal à le faire. Par exemple en Mauritanie ou dans d'autres pays, la célébration du Maoulid n'est pas très loin de la Tabaski.
LP : Certains courants islamiques condamnent la célébration du Maoulid. Votre commentaire.
I.SS : C'est leur avis ! Et cela n'engagent qu'eux. Par la grâce de Dieu, le quasi totalité des musulmans du monde entier célèbre le Maoulid. Je ne crois pas que les tenanciers de ces courants soient plus musulmans que ces gens-là. En tout cas, nous on commémore la naissance de notre Prophète. Nous invitons donc toute la communauté à prier ensemble notre seigneur pour que notre pays retrouve la paix définitive. Et nous prions pour que la Côte d'Ivoire soit un pays émergent à l'horizon 2020. Nous demandons également à chaque musulman de faire en sorte que les enseignements qui seront donnés dans la nuit du dimanche au lundi sur notre Prophète, soit pour nous, des leçons. Il faut que les enseignements du Prophète Muhammad nous aident à changer. Il est écrit dans le Saint Coran que Dieu ne change l'état d'un peuple que lorsque ce peuple prend la ferme décision de changer ce qui est en lui. Notre société connaît des maladies et il faut les éradiquer. Autant les autorités du pays ont leur rôle à jouer, autant nous devons jouer les nôtres pour trouver une solution aux maux qui minent notre société. Nous, nous travaillons sur la conscience, le moral des uns et des autres. Nous devons nous identifier au Prophète Muhammad.
Anzoumana Cissé