vendredi 24 janvier 2014 par Le Democrate

Les deux hérauts de la paix en Centrafrique, l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, et le président de la communauté islamique de RCA, l'imam Omar Kobine Layama, poursuivent leur tournée en Europe. Ce mercredi 22 janvier, ils ont expliqué le conflit qui déchire leur pays aux députés des commissions de la Défense et des Affaires étrangères. La Centrafrique, terrain d'engagement pour l'armée et la diplomatie française, méritait bien l'exposé de ces deux dignitaires. Et les députés français en ont besoin , selon la présidente de la commission de la Défense, Patricia Adam. Je crois qu'il y a une méconnaissance au sein du Parlement, mais aussi en France, tout simplement, et au-delà, en Europe, de la situation qui pouvait être, si nous n'étions pas intervenus, génocidaire , expose la députée socialiste. Pendant une heure et demi, devant une poignée de députés, l'archevêque et l'imam de Bangui ont expliqué leur inlassable travail de rapprochement des communautés. Ils ont insisté aussi sur le fait que, selon eux, les religions sont instrumentalisées par ceux qui ont intérêt à attiser les haines. Ils ont montré leur vision de l'avenir de la Centrafrique une fois que la paix sera revenue, et insisté sur la nécessité d'une école, d'une santé et d'une réconciliation, soutenue par la France, notamment. Il faut que le village se retrouve pour discuter, que l'on puisse voir comment faire pour réparer. Si l'on laisse la place à l'impunité, ce que nous avons vécu reviendra incessamment, prévient Dieudonné Nzapalainga. Et quand un parlementaire leur demande ce qu'ils pensent de leur nouvelle présidente de transition, Catherine Samba-Panza, qui était, jusque-là, maire de Bangui, l'imam Kobine Layama parle d' espoir . Madame le maire est quelqu'un qui a le langage des rassembleurs, elle a le caractère pour rassembler tous les Centrafricains. Ce jeudi après-midi, l'archevêque Nzapalainga et l'imam Kobine Layama doivent être reçus par François Hollande.
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■ ZOOM : Une commission enquêtera sur les exactions commises en Centrafrique
Les résultats de l'enquête menée par la commission onusienne dont les membres ont été nommés ce mercredi 22 janvier, pourront ensuite être utilisées pour traduire les responsables devant la justice internationale. La création de la commission des Nations-unies sur les exactions en Centrafrique avait été décidée par le Conseil de sécurité, le 5 décembre dernier, après une journée particulièrement meurtrière en RCA.
Un an pour mener l'enquête
L'objectif est de faire savoir qu'il n'y aura pas d'impunité en RCA et que les auteurs de crimes devront rendre des comptes à la justice internationale. Les experts doivent enquêter sur toutes les exactions commises depuis janvier 2013. Ils ont un an pour le faire. Cette commission, présidée par l'avocat camerounais Bernard Muna, pourra ensuite conduire à la mise en place d'un tribunal international sur le modèle de ceux créé pour le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie.
Vers des sanctions individuelles
Devant le Conseil, plusieurs responsables onusiens qui rentrent de RCA se sont dit choqués de l'intensité de la haine entre chrétiens et musulmans et surpris du degré d'organisation des milices chrétiennes anti-balaka. La résolution qui sera votée la semaine prochaine comprend pour la première fois des sanctions individuelles dirigées contre les membres des groupes armés des deux camps.

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