vendredi 31 janvier 2014 par Autre presse

Eric Ané est un jeune ivoirien, connu du monde de la communication. Mordu de culture, il est le promoteur du festival du peuple agni, qui s'est déroulé récemment. Dans cet entretien, il tente de démontrer la nécessité d'un retour aux sources, pour un aboutissement heureux du processus de réconciliation nationale.

Abidjan911.com : Vous avez organisé récemment le ?'festival du peuple agni''. D'où vous est venue cette idée ?
Eric Ané (E.A) : Cette idée m'est venue d'une observation fine de la société ivoirienne. J'ai souhaité capitaliser mon expérience tant au niveau des voyages internationaux que de la découverte du pays en interne. J'ai dû constater qu'il existe bien des richesses dans notre pays qui restent malheureusement masquées par manque de communication. Il fallait donc songer à la valorisation du riche patrimoine culturel du peuple agni et ?uvrer avec mon agence de communication, au développement du tourisme culturel.
Abidjan911 : Que recherchiez-vous exactement à travers l'organisation de ce festival ?
E.A : Notre objectif majeur, c'est de promouvoir et valoriser la richesse de notre patrimoine culturel comme je le disais tantôt. Le peuple agni est un peuple de civilisation et de culture.
A travers ce festival, nous donnons de l'attractivité à nos régions et travaillons au resserrement des liens entre les fils et filles de la nation agni en Côte d'Ivoire.
Abidjan911.com : Pourquoi le choix de Bongouanou pour l'édition inaugurale ?
E.A : Il fallait bien commencer le festival dans une région agni. Après renseignements, pour des questions historiques et stratégiques, nous avons souhaité porter le festival agni sur les fonds baptismaux à partir de la nouvelle région du Moronou.
Abidjan911.com : Du point de vue du contenu, qu'est-ce qui fait la particularité de votre initiative culturelle?
E.A : A travers notre initiative, nous faisons la promotion du tourisme culturel. C'est peut dire, qu'il n'existe pas une véritable politique de tourisme culturel en Côte d'Ivoire. Dans le fond, notre initiative qui est une initiative d'envergure, se propose à travers la programmation, de valoriser notre patrimoine immatériel.
Abidjan911.com : Estimez-vous avoir atteint vos objectifs ?
E.A : Je souscris au dicton qui affirme que "qui trop embrasse, mal étreint". Pour une édition inaugurale, j'avoue que nous sommes heureux d'avoir pu relever le défi de l'organisation et de la mobilisation. Pour la suite, nous nous battrons pour pérenniser le festival en le professionnalisant et en enrichissant la programmation.
Abidjan911.com : Au-delà de l'aspect culturel, pensez-vous que ce projet a eu des retombées économiques sur la région ?
E.A : Tout festival a des retombées sur la région qui l'accueille. Dans certains aspects, ses retombées sont quantifiables, dans d'autres non !
Mais une chose est certaine, ce festival a permis de valoriser l'image de la ville de Bongouanou et au-delà, de la nouvelle région du Moronou, en terme de promotion d'image.
Nous avons pu faire comprendre, aux uns et aux autres, la dimension historique et patrimoniale de cette région du pays agni et nous allons continuer sur cette lancée pour la deuxième édition que nous voulons grandiose dans la région de l'Indénié-djuablin, une région de royauté.
Abidjan911.com : Qu'en est-il de la promotion de la destination Côte d'Ivoire ?
E.A : La promotion de la destination Côte d'Ivoire, est du ressort du ministère du tourisme et de son appendice Côte d'Ivoire tourisme. Il est clair qu'après le désastre national connu par le pays, les autorités actuelles mettent tout en ?uvre pour rendre cette destination plus attractive.
A notre humble niveau, nous voulons apporter notre pierre à l'édifice en faisant la promotion du tourisme culturel au sein de la nation agni.
C'est un vaste chantier, mais avec le soutien de tous, nous donnerons plus de visibilité et d'attraits aux régions du pays agni.
Abidjan911.com : Et concernant la réconciliation nationale ?
E.A : La réconciliation nationale est en marche. C'est une ?uvre de longue haleine qui nécessite beaucoup de sagesse, de patience, de tolérance et surtout une grandeur d'âme. Il faut savoir recourir à la tradition, donc à notre culture d'Africains, pour pouvoir résoudre nos différends. Sous l'arbre à palabre et sous l'autorité et la houlette de nos rois dépositaires du savoir -être et du savoir ?faire, nous devons puiser dans nos us et coutumes.
Je souhaite que nos leaders s'en inspirent. Je pense qu'en se replongeant dans la tradition, ils trouveront les ressources nécessaires pour booster le processus de réconciliation. La parole condamne et c'est la même parole qui libère. Il suffit que les politiques décident de s'assoir pour discuter franchement pour libérer ce beau pays des mains des démons de la division.
C'est à juste titre que la seconde édition du Festival Agni Côte d'Ivoire qui aura lieu dans la région de l'Indénié-Djuablin, a choisi pour thème générique : l'art oratoire en pays Akan
Abidjan911.com : Quelles perspectives avez-vous dans le cadre de ce projet ?
E.A : Nous allons pérenniser le Festival Agni Côte d'Ivoire et prendre plusieurs initiatives durant l'année pour souder le peuple agni autour de sa langue et de sa culture.
La mise sur pied d'un cercle des amis mécènes du festival agni nous donnera l'occasion de nous retrouver dans un cadre convivial et fraternel pour mieux nous imprégner de notre culture et tisser d'avantage nos liens.
Le festival interviendra en fin d'année, comme le couronnement de nos activités avec la soirée "Afryapa".
Nous donnerons beaucoup plus de visibilité aux célébrations des fêtes des ignames en pays agni et rendrons nos régions plus attractives.
Abidjan911.com : Votre mot de la fin ?
E.A : Tout en vous remerciant de cette tribune que vous m'offrez pour parler de notre ambition de développer un tourisme culturel dans la nation agni, je vais lancer un appel au rassemblement pour que chacun apporte sa contribution pour cette ?uvre si passionnante.

Interview réalisée par Marius Aka Fils

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