jeudi 6 fevrier 2014 par Le Patriote

La ville de Béoumi, l'un des bastions du vieux parti, le PDCI RDA, a du mal à se défaire de ses anciens habits. Cependant, les militants du parti au pouvoir, par leur dévouement, veulent vaille que vaille renverser la tendance à leur faveur. Chose certes pas impossible, mais difficile, surtout sans l'appui des instances dirigeantes au plus haut niveau. Notre équipe de reportage a échangé avec les militants dans le cadre d'une causerie débat. Occasion pour eux de mettre à nu les maux qui entravent le bon fonctionnement de leur formation politique, d'exprimer leurs attentes vis-à-vis de la direction et de jeter un regard sur les élections de 2015.

Dimanche 26 janvier 2014. Sous un soleil ardant, nous sommes dans la localité de Béoumi, située à une soixantaine de kilomètres de la capitale de Gbêkê. Après une tentative avortée, c'est ce jour que les militants du Rassemblement des Républicains ont enfin choisi pour nous recevoir dans le cadre des causeries débats initiées par votre quotidien, Le Patriote. 9 heures 33, nous sommes accueillis par le secrétaire départemental dans une auto-école de la place pour, dit-il, demander les nouvelles et déposer nos bagages en attendant que les militants s'installent pour la rencontre proprement dite. Après environ 1heure et demi de patience, l'on nous fait signe que la mise en place est terminée, nous nous rendons donc sur le lieu aménagé à cet effet. Dans la cour de la mairie, non loin de l'auto-école, plusieurs mobylettes et bicyclettes sont garées. Nous nous interrogeons sur les raisons de cette forte présence d'engins à deux roues en ce lieu. Nous sommes situés peu après. Ce sont les militants qui nous attendent là-bas. Point besoin de se demander le lieu de la rencontre entre notre équipe de reportage et les militants du RDR, parti au pouvoir. La salle de mariage de la mairie. La raison ? Elle sera sue. A la demande de l'interlocuteur direct de l'homme fort de la rue Lepic, une minute de silence est observée en la mémoire des militants disparus. Place à la causerie. Entouré de ses plus proches collaborateurs, le départemental salue la forte mobilisation des militants pour cette séance de travail avant de situer le cadre. Nous avons, ce matin, la visite d'une équipe du quotidien Le Patriote, venue pour échanger avec les militants de base que nous sommes sur le fonctionnement de notre parti dans le département, les difficultés que nous rencontrons, nos attentes vis-à-vis de la direction et les perspectives en vue pour les échéances de 2015. Je précise que plusieurs départements ont reçu leur visite. Aujourd'hui, c'est Béoumi qui est à l'honneur , a d'entrée de jeu noté l'adjoint au départemental, Konaté Oumar. Ovations nourries dans la salle de mariage, comme pour dire Akwaba. Tous les militants présents, ou du moins ceux qui ne l'étaient pas encore, sont désormais situés sur l'objet de la rencontre. La causerie peut alors démarrer.

Un parti dans la léthargie depuis la présidentielle

Les militants du département de Béoumi ont, de façon unanime, salué l'initiative de venir à leur rencontre avant de pointer du doigt les maux qui rongent leur formation politique dans la localité. De Kouamé Douglas à Brou Affoué Philomène en passant par Yao Koffi Léon, respectivement secrétaires de section de Belakro et d'Allany et militantes, les propos sont les mêmes. Le parti se porte mal, voire très mal dans la localité . Cependant, ils gardent espoir. Un soleil nouveau se lève sur le RDR aujourd'hui, parce que nous sommes convaincus qu'après cette rencontre, nos responsables au plus haut niveau seront situés sur les réalités du parti et qu'ils prendront les mesures idoines pour que le RDR sorte du coma dans lequel il est plongé depuis un bon moment, s'est réjoui Yao Koffi Léon. Le président du RJR, quant à lui, n'a pas fait la fine bouche. Konaté Vadama n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour indiquer que la formation politique aux affaires depuis la dernière élection présidentielle n'existe que de nom dans le pays gôdê. Dire que le parti se porte mal ici, c'est dire qu'il vit encore et pourtant il n'existe en réalité plus de RDR à Béoumi, a-t-il fait savoir. Passage sur lequel il est revenu après un tonnerre d'applaudissements à la demande des militants comme pour dire haut ce que tout le monde pensait bas en réalité. Mais comment sont-ils arrivés à une telle situation pour une formation au pouvoir depuis 2011 ? Selon les intervenants, les raisons ont pour noms : l'inexistence de siège, le découragement de la base, la non-assistance des militants en situation difficile et la rareté des réunions pour ne citer que celles-là. Quand nous étions dans l'opposition, nous avions un siège équipé et entièrement pris en compte par le départemental où nous tenions les réunions de façon régulière, mais aujourd'hui, nous n'en avons plus faute de moyen et pourtant nous sommes au pouvoir. Le mal est profond , s'indigne Kandé Amidoulaye. Pour Sanogo Ahoua, la grande démotivation des militants est la conséquence de la non promotion des cadres du parti, le manque d'emploi pour la jeunesse et pour les femmes.

Les attentes des militants sont énormes

La rencontre a été une occasion pour les militants de d'attirer l'attention de la direction sur leurs attentes : l'insertion socio -professionnelle des jeunes et des femmes, la promotion des vrais cadres du parti, la dotation en moyens de mobilités et moyens financiers des structures en vue d'animer le parti. Nous voulons sentir que notre parti est au pouvoir. Nous avions accepté toutes sortes d'humiliation, de frustrations en son temps parce que nous avons cru à un idéal. Que ne nous a-t-on pas dit ? Nous ne demandons qu'on nous trouve des emplois, des financements de projets et la promotion de nos cadres, surtout notre départemental qui a tout donné au RDR pour que le parti revive à nouveau à Béoumi , se lamente Yoboué Kouamé Etienne. Devant ce tableau sombre présenté par la base qui, si on n'y pas prend garde, peut impacter les résultats aux échéances de 2015, il faut pallier au plus pressé. C'est pourquoi, il serait plus qu'urgent de mettre parmi les priorités les attentes de la base. 2015, c'est demain et demain se prépare aujourd'hui.

Perspectives pour 2015

Toutefois, les militants ont tenu à saluer l'énorme travail abattu par le secrétaire général par intérim du Rassemblement des Républicains en si peu de temps. Selon eux, le dévouement d'Amadou Soumahoro a permis à leur formation politique, si besoin en était, de confirmer qu'elle est un parti national au regard des résultats des échéances législatives et locales. Elles lui ont permis de rafler la quasi-totalité des sièges aux législatives et aux municipales. Mais, ils restent prudents quant à la présidentielle de 2015, qui s'annoncent à grands pas. C'est pourquoi, les militants de Béoumi invitent le secrétariat général à ne compter que sur ses militants en vue d'une victoire écrasante dès le premier tour. C'est à juste titre qu'ils demandent des moyens de mobilité et des finances pour mobiliser ou remobiliser, c'est selon, leurs bases pour éviter des surprises désagréables. Le RDR ne doit compter que sur ses militants. Le morceau de bois aura beau durer dans l'eau, il ne sera jamais caïman , lancent-ils à l'unanimité. Aussi, ont-ils saisi l'opportunité pour marquer leur ferme volonté à accompagner le chef de l'Etat dans son ambition de faire de la Côte d'Ivoire un pays émergent à l'horizon 2020. Avant de lui rendre un vibrant hommage pour avoir mis le pays sur les rails du développement. Pendant plus de 30 ans, mon village Zèdè Bossi est en quête de lumière. Grâce au chef de l'Etat, nous sommes connectés au réseau électrique comme il l'a fait pour beaucoup d'autres villages , s'est réjoui N'Guessan Kouadio Eugène.

Coulibaly Souleymane, correspondant

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