lundi 17 fevrier 2014 par Le Patriote

Il n'y a qu'une réponse à la défaite, et c'est la victoire. L'annulation du meeting de Pascal Affi N'guessan prévu hier à Abobo, est la victoire des jeunes de ladite commune. Le duel opposant Pascal Affi N'guessan aux jeunes d'Abobo a tourné à l'avantage des Abobolais. Le président du Front populaire ivoirien (FPI) a ainsi signé forfait face à la détermination de ces jeunes, qui entendaient par tous les moyens s'opposer à sa venue dans leur cité. Et pourtant, Affi martelait, il y a quelques jours, que rien ne pouvait l'empêcher de se rendre à Abobo. Ce que les populations ont considéré comme non seulement une défiance, mais surtout une injure à la mémoire de tous ceux qui sont tombés dans cette commune sous les obus et les balles assassines de la soldatesque de Laurent Gbagbo, lors de la crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011. Et Affi le disait à qui voulait l'entendre, qu'il irait à Abobo. Vendredi dernier, lors de son meeting à Koumassi, il avait encore réitéré cette volonté d'aller défier les jeunes d'Abobo, qui refusaient, contre vents et marées, un quelconque rassemblement de l'ancien détenu de Bouna et ses partisans dans leur cité. Au bout du compte, ils sont sortis victorieux de ce bras-de-fer.
Toutefois, le refus des habitants d'Abobo de recevoir Affi N'guessan ne doit pas être perçu comme une entrave au processus de réconciliation, mais plutôt comme un acte de révolte face aux agissements des partisans de Laurent Gbagbo. Abobo a refusé ce meeting du FPI, car elle n'a pas encore pensé ses plaies et essuyé ses larmes. Elle qui a été martyrisée et humiliée par les refondateurs et leurs miliciens. N'oublions pas, que cette communre, a été l'une des plus attristées par le défunt régime de Laurent Gbagbo et ses tueurs à gage. On n'a encore souvenance des tueries qui ont eu lieu à Abobo, notamment les obus lancés dans l'un de ses marchés et le massacre, sans scrupule, de sept femmes, le 08 mars 2011 au rond-point d'Anador (un quartier de la commune, ndlr). Pire, cette atrocité a été prise pour une mise en scène par le FPI, qui a même parlé de ?'bissap versé'' à la place du sang. Cette réaction d'Abobo n'est rien d'autre qu'un acte d'indignation contre l'insolence des responsables du FPI, qui n'ont jusque-là, eu aucun remord, encore moins un mot de compassion à l'endroit des victimes. Le parti dirigé par Affi N'guessan n'a pas été encore capable de reconnaître ses forfaitures, et bien plus de demander pardon à ses victimes d'hier. Pire, le FPI est toujours dans l'invective et se fait même passer pour la victime.
L'attitude des jeunes d'Abobo est en définitive, une réponse à la défiance des partisans de l'ancien dictateur. Que le FPI sache, que là où la victoire est impossible, il est vain de combattre. Affi et ses camarades seront toujours persona non grata, tant qu'ils ne feront pas profil bas. La victoire ne se trouve pas dans les discours haineux, guerriers et provocateurs. Mais, les vraies victoires sont celles que l'on remporte sans verser de sang, sans trahir, sans injurier et sans réveiller les vieux démons. Abobo vient ainsi de démontrer aux refondateurs, qu'on n'affronte pas le danger quand on n'a pas l'élan de la témérité ou le pressentiment de la victoire. Que cela serve de leçons au FPI, car à défaut de victoire, il nous reste cette offrande : la leçon de l'échec. Affi doit tirer toutes les conclusions objectives de cet autre échec. La défiance, l'orgueil, le mensonge et les injures ne seront, certainement pas, les solutions pour le FPI ; s'il veut retrouver sa place sur l'échiquier politique national. Encore moins, s'il veut que ses revendications connaissent une issue favorable. S'humilier, reconnaitre ses erreurs, demander pardon et s'inscrire sans condition dans le processus de réconciliation ; sont les seules alternatives pour Affi N'guessan et ses camarades.
FT

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