mardi 11 mars 2014 par Nord-Sud

Ayant débuté timidement, le 1er mars dernier, la fête des arts de la scène a atteint sa vitesse de croisière deux jours après le début des manifestations qui ont pris fin samedi. Le bilan de cette édition de relance du Masa 2014 reste mitigé.

Au lendemain de la fermeture de rideau sur la huitième édition du Marché des arts du spectacle africain (Masa) 2014, chacun fait son bilan, selon son regard. S'il est vrai que de nombreuses polémiques ont été déportées sur la toile, il demeure que les professionnels sont satisfaits.  Le défi était grand, nous l'avons relevé , a indiqué la Grande chancelière Henriette Dagri Diabaté, marraine de cette édition, à la cérémonie de clôture.  C'est un succès total , a reconnu Youma Fall de l'Organisation internationale de la francophonie (Oif).

Un retour contre vents et marées

A ces satisfactions, on peut ajouter celle de Clément Duhaime, représentant du Secrétaire général de l'Oif, Abdou Diouf.  Le Masa s'est réveillé plein de vitalité. Cette édition était bien celle de la renaissance, celle de la satisfaction pour les professionnels de la culture de se retrouver dans ce qui est, à la fois un marché, un festival et un moment de réflexion. C'est de l'émotion de voir aujourd'hui marcher le Masa , a-t-il déclaré. Pour le directeur général du Masa, le professeur Yacouba Konaté, ce sont 60 groupes qui ont été sélectionnés pour le ?'In'' dans cinq disciplines. A savoir le théâtre, le conte, l'humour, la danse et la musique. 40 troupes d'Afrique, d'Europe et d'Amérique sont arrivées. Plus de 50 groupes de Côte d'Ivoire ont animé les communes d'Abi­djan, de Grand-Bassam et de Bouaké , a-t-il éuméré. Les festivités, selon le professeur de philosophie, ont nourri la faim de fête des populations. Le Masa étant d'abord un marché, les artistes et professionnels, présents sur les bords de la lagune Ebrié, se sont retrouvés.  En tout cas, je salue la qualité des professionnels qui sont présents. Vous n'allez nulle part trouver autant de personnes à un festival en Afrique , a salué Didier Awadi, rappeur sénégalais arrivé en observateur.  Pour cette édition, nous avons eu le bonheur de recevoir beaucoup d'artistes, de spécialistes et même de profanes. Ils sont venus écouter les intervenants que nous avons choisis. La moyenne par jour est de 200 personnes , s'est félicité Abou Kamaté, directeur adjoint de l'Institut français sis au Plateau, où ont eu lieu les rencontres professionnelles du 3 au 7 mars. Le thème du Masa 2014  Les arts de la scène face au défi du numérique  y a été profondément débattu. François Bloqué (France), Carole Croella (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), Laurent Klein (avocat/France), Guiomor Alonso (bureau régional Unesco de Dakar), Benjamin Pehm (Cameroun), Eva Doumbia (France), Serges Akpatou (Buride/Côte d'Ivoire), etc. A ceux-là, il faut ajouter les directeurs de festivals du monde entier et des porteurs de grands projets tels que Universal music ou encore Equation musique et Artérial Music. Un autre succès de cette édition a été le ?'Masa jeunes public''. Une journée ouverte à la jeunesse qui a enregistré un très grand nombre de participants. Toutefois, de nombreux faits ont failli gâcher la fête.

Les imperfections à corriger

Aucune ?uvre humaine n'est certainement parfaite. Et, le retour de la huitième édition du Masa ne s'est pas fait sans difficultés. D'abord, il y a eu les problèmes d'alimentation en courant de la scène, notamment lors de la cérémonie d'ouverture au Stade Félix Houphouet-Boigny. Nous som­mes conscients des ratés et des ratages qui ont causé bien des désagréments. Nous présentons nos excuses et nous nous engageons à réparer les faiblesses dans la prochaine organisation , a reconnu le Dg du Masa. Comme désagrément majeur, au niveau des festivaliers, il y a eu un changement, à la dernière minute, de la première programmation.  Certains artistes n'ont pu prendre leur avion. Ce qui a chamboulé le programme des prestations, a confié un responsable du Masa. Mais, le public n'a pas été informé de la situation, les premiers jours. Certaines personnes se sont retrouvées à des lieux où le spectacle était annulé. Aussi, la population a adhéré tardivement à la fête.  Nous avons joué à l'ancienne mairie de Cocody et il n'y avait presque personne. Quand nous som­mes arrivés pour répéter, les habitants ont fait savoir qu'on les gênait avec nos bruits , a indiqué David Sanon, venu avec la compagnie Tamadia du Burkina. Certains festivaliers ont dénoncé la distance entre leur hôtel et les sites de la manifestation. Connaissant les embouteillages d'Abidjan, on aurait aimé être logés non loin des lieux de prestation , s'est plaint un artiste habitué du Masa, sous le sceau de l'anonymat. Des artistes ivoiriens ont refusé de monter sur scène car jugeant le cachet qui leur a été proposé insignifiant. Arafat Dj, par exemple, n'est pas arrivé pour le con­cert de clôture, alors qu'il était l'une des têtes d'affiche. Cependant, on note dans l'ensemble un bon retour qui annonce de grandes fêtes à la prochaine édition.  En 2016, avec un Palais de la culture rénové et en tirant les leçons pratiques de l'expérience d'aujourd'hui, l'équipe du Masa 2014 et tous les professionnels donnent l'assurance que le prochain Masa sera celui du grand retour , a promis Yacouba Konaté.

Sanou A.

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