jeudi 27 mars 2014 par Le Point.fr

Pourquoi la Côte d'Ivoire n'a-t-elle pas remis Blé Goudé à la CPI immédiatement après son extradition du Ghana ?

Les autorités ivoiriennes souhaitaient juger l'ancien ministre de Gbagbo en Côte d'Ivoire. Pour cela, elles avaient besoin "d'un temps suffisant" pour instruire l'affaire. Dans une note adressée à la CPI et datée du 13 janvier 2014, les conseils de l'État ivoirien expliquent que "pour mener à bien l'ensemble des procédures complexes lancées à l'encontre de M. Blé Goudé et éviter que celles-ci puissent être considérées comme bâclées au détriment même de l'accusé, il est évident que les autorités judiciaires doivent disposer d'un temps suffisant".

Pour info, la justice ivoirienne avait lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre de Charles Blé Goudé le 29 mars 2012. C'est à l'appui de ce mandat que les autorités ghanéennes l'ont arrêté le 17 janvier 2013 avant de le livrer, le lendemain, à la Côte d'Ivoire. Le 21 janvier 2013, il était inculpé puis placé sous mandat de dépôt.

Pourquoi son transfèrement a-t-il eu lieu maintenant ?

Première explication : le 6 mars 2014, l'État ivoirien a essuyé un refus auprès de la CPI dans sa volonté de maintenir Blé Goudé à Abidjan. Le gouvernement ivoirien, comme expliqué plus haut, ne souhaitait pas transférer Blé Goudé à La Haye. Il a informé la Cour pénale internationale de sa décision le 13 janvier 2014. Après ce refus, la Côte d'Ivoire se retrouvait donc dos au mur.

Deuxième explication : les photos supposées de Charles Blé Goudé dans une cellule de la DST ivoirienne. Publiées sur les réseaux sociaux dès le 9 mars et dans la presse, elles ont fini par sceller le sort de l'ex-"général de la rue", et ce, malgré les nouvelles images publiées par le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko. Résultat : c'est par un communiqué laconique signé du porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, et lu par la présentatrice Delphine Gbla au journal de 13 heures sur RTI1, la télévision publique, que les Ivoiriens apprendront la décision du transfèrement de Charles Blé Goudé.

Que reproche-t-on à Charles Blé Goudé ?

Les poursuites contre lui sont de deux ordres : national avec la justice ivoirienne qui lui demande des comptes, international avec la Cour pénale internationale qui a fini par le récupérer pour le juger. Au niveau national, il a été inculpé le 21 janvier 2014 pour "crimes de guerre, assassinats, vols en réunion, dégradation et destruction de biens d'autrui, meurtres, enlèvements et crimes économiques commis lors des violences postélectorales dans le pays en 2010-2011. Au niveau international et selon la procureur Fatou Bensouda, Charles Blé Goudé aurait "engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l'humanité (meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains) qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences postélectorales survenues sur le territoire de la Côte d'Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011". ... suite de l'article sur Autre presse

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