lundi 28 avril 2014 par L'Inter

Après sa cuisante défaite à la présidentielle de 2012 au Sénégal, l'ex- président Abdoulaye Wade, que les Sénégalais appellent affectueusement ''Gorgui'' (le vieux), s'est retiré à Versailles en France, d'où est originaire son épouse. Décision somme toute sage du pape du ''Sopi'' (changement) qui ne voulait sans doute pas gêner les premiers pas de son ex-dauphin Macky, dans l'exaltante tâche de gouvernance du pays. Après deux années passées loin des siens, et surtout de son fils Karim que son successeur a mis au bagne pour biens mal acquis, Abdoulaye Wade a fixé son retour au Sénégal au mercredi 23 avril dernier. Mais contre toute attente, le retour ne sera pas possible ce jour, le ''vieux'' et sa suite, une demi douzaine de personnes à peine, vont patienter pendant 48 h dans un hôtel de Casablanca au Maroc, dans l'attente du feu vert de Dakar. Les motifs invoqués par les autorités sénégalaises pour justifier le refus d'atterrissage du jet privé affrété par l'ancien président, frisent la mauvaise foi. On reprocherait aux militants du Pds de vouloir se rendre massivement à l'aéroport pour réserver un accueil populaire à leur leader, ce qui pourrait entraîner des troubles à l'ordre public. Pour cela, le périmètre de l'aéroport a été bouclé et les militants renvoyés au siège de leur parti, pour accueillir leur chef. L'autre raison aussi surprenante que la première, pour expliquer le retardement du vol, serait d'ordre administratif. Le Ministère de l'Intérieur aurait voulu en savoir davantage sur les passagers de l'avion présidentiel. Exigence certes compréhensible, mais quel danger pourraient réellement représenter pour un Etat, quatre pauvres passagers d'un petit avion? Seules les autorités sénégalaises savent les raisons profondes de ces inutiles tracasseries. Finalement, Wade est revenu au bercail et a eu droit malgré tout, à cet accueil populaire qui n'était pas du goût de certains. Cette attitude peu élégante du régime en place au Sénégal, le pays qui peut se targuer d'être l'une des vraies démocraties en Afrique, n'est pas de nature à rassurer ces nombreux dirigeants du continent, en fin de mandat, mais qui restent soucieux de l'après-pouvoir. La raison est simple, ils connaissent tous en effet cet adage: c'est à l'enterrement d'un de ses semblables, qu'un bossu sait comment lui aussi sera enterré.

Charles d'Almeida

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