jeudi 8 mai 2014 par AIP

Abidjan - Plus de 50 000 enfants atteints de grave malnutrition sont aux "portes de la mort" en Somalie, s'inquiètent des ONG humanitaires nationales et internationales opérant dans ce pays de la Corne de l'Afrique.

Cette catastrophe alimentaire est due à l'absence de pluies depuis deux ans, l'intensification du conflit armé, la baisse des aides, notamment.

Ainsi, le pays risque de connaître une catastrophe alimentaire d'une ampleur exceptionnelle, moins de trois ans après une autre famine meurtrière.

Face à ce risque, une coalition de 22 organisations humanitaires internationales et somaliennes ont tiré la sonnette d'alarme, mercredi, affirmant que près de trois millions de personnes sont dans une situation de crise humanitaire, dont plus d'un million chassées de leurs foyers.

"Si nous n'agissons pas maintenant, nous risquons de voir la crise actuelle se transformer en catastrophe", a prévenu devant la presse, Ed Pomfret, d'Oxfam, rappelant que c'était la deuxième année sans pluies en Somalie.

"Ces statistiques seraient saisissantes dans toute autre situation dans le monde, a-t-il ajouté. Le problème avec la Somalie, c'est qu'il s'agit d'une crise de plus de 20 ans (...)." Conséquence : lorsqu'on parle du pays, beaucoup de personnes pensent ainsi : "pirates, terroristes, la faim et la mort, que puis-je y faire ?", a regretté Ed Pomfret.

La Somalie a été le pays le plus touché par la grande sécheresse de 2011 qui a affecté plus de 11 millions de personnes à travers la Corne de l'Afrique, déclenchant une famine dans une grande partie du sud somalien ravagé par la guerre. Environ 260 000 personnes, dont la moitié d'enfants, sont mortes de faim dans la région en 2011-2012, selon les Nations Unies, qui ont reconnu que les signaux d'avertissements, alors visibles depuis déjà deux ans, n'avaient pas déclenché "une réponse suffisante à temps".

"Aujourd'hui, les signes avant-coureurs sont là et toutes les conditions sont réunies pour une crise humanitaire", a estimé Andrew Lanyon, qui dirige le Somalia Resilience Program, une coalition d'ONG, plaidant pour un passage "d'une alerte précoce à une aide précoce".

Les pluies saisonnières, cruciales pour l'agriculture et qui tombent habituellement d'avril à juin, n'ont pas encore commencé dans les régions du sud de la Somalie, mais aussi dans les zones reculées du Nord-est.

"La situation est alarmante et les gens perdent espoir", a insisté de son côté Bashir Hashi de l'ONG somalienne Wasda, qui opère dans certaines régions les plus durement touchées du sud somalien traditionnellement fertile et considéré comme le grenier du pays. Les agriculteurs de ces régions peinent à replanter tandis que les éleveurs abattent les petits veaux pour sauver les plus gros.

Les régions méridionales des Basse et Moyenne-Shabelle, théâtres de combats entre les insurgés Shebab et les soldats de l'Union africaine, sont les plus touchées. La faim sévit également dans la région autonome du Puntland, au Nord-est de la Somalie et qui forme la pointe de la Corne de l'Afrique.

"Ce que nous avons appris de la famine [de 2011], c'est qu'aucun de nous n'a répondu à temps aux avertissements", a rappelé Ed Pomfret, soulignant que les appels de fonds n'avaient jusqu'ici été remplis qu'à hauteur de 12%, et qu'il manquait toujours 822 millions de dollars. "Les choses sont meilleures qu'elles ne l'étaient [en 2011], mais elles sont beaucoup plus alarmantes que ce qu'elles devraient être", a-t-il insisté.

cmas

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