Agboville - La célébration de la fête des ignames dans le village de Grand Moutcho (Agboville) est "largement hypothéquée", avec la "suspension" de ses autorités coutumières (le chef du village et le chef de terre) et leur remplacement par un "administrateur provisoire", s'inquiètent des populations de cette localité.
"Comment célébrer le Miripkô en août, alors que le Nanan est suspendu", s'est écrié Apata Georges, un ancien du village, au sortir de la rencontre que l'administrateur provisoire, le maire d'Agboville, a eu avec la population, concernant le processus de désignation d'un nouveau chef de village.
Suite à un bicéphalisme de fait tant au niveau de la chefferie du village (Ohochi) qu'à celui de la chefferie de la terre ou Nanan, le préfet d'Agboville a nommé le colonel N'Cho Acho, le maire, en qualité d'administrateur provisoire, afin de suppléer les autorités coutumières frappées de suspension.
"Si à cette date, Grand Moutcho n'a toujours pas de chef de terre, ce sera un drame", a fait savoir M. Apata qui a expliqué que le prochain ?Miripkô', ou fête de l'igname précoce, devra se tenir courant août 2014 à Grand Moutcho, après que le chef de terre et celui du village de Grand Morié ait donné le coup d'envoi.
"Seul le Nanan a autorité pour manger en premier l'igname précoce", a ajouté Yao Kokola, le chef du village de Grand Moutcho qui n'a jamais eu d'arrêté de nomination jusqu'à l'annonce de la décision de suspension par l'administration.
La célébration de la grande fête du ?Djidja' ou fête de l'igname a lieu en septembre dans le canton Morié auquel appartient Grand Moutcho. "Cet évènement culturel, le plus important en pays Abbey, risque lui aussi de ne pas avoir lieu, si un chef de terre n'est pas trouvé d'ici septembre et officiellement reconnu par tous'', s'est inquiété Menney Menney, un opérateur économique à Grand Moutcho.
Il a lancé un appel pressant au corps préfectoral, signataire de la décision de suspension de toutes les activités de la chefferie dans le village, à aider Grand Moutcho à trouver une "solution définitive". "A moins que le maire ne vienne célébrer l'évènement hautement mystique. Ce qui est fort peu probable", a-t-il ajouté.
"Vous aurez un chef de village avant la fin de l'année 2014", a rassuré le colonel N'Cho Acho, lors de sa rencontre samedi avec l'ensemble de la population.
Apata Yavo, le chef du village depuis 2003, révoqué par arrêté préfectoral le 31 décembre 2008, conteste le choix opéré par le chef de terre en novembre 2009 de faire de Yao Kokola le nouveau chef du village de Grand Moutcho. En pays Abbey, seul le chef de terre est habilité à désigner le chef de village. Mais le bicéphalisme s'est étendu à la chefferie de terre, où le groupe de Apata a lui aussi désigné son autorité coutumière.
Suite à des altercations entre partisans des deux bords ayant occasionné deux blessés par arme blanche le 31 mai, le préfet Bako Privat a suspendu les chefs de Grand Moutcho de toutes activités, rappelle-t-on.
(AIP)
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