mardi 29 juillet 2014 par AIP

Gagnoa - Le maire de Gagnoa, Médji Bamba, est un cadre du Rassemblement des républicains (RDR, parti au pouvoir). De par son appartenance à la communauté musulmane, il a pris part à la prière marquant la fin du Ramadan ou l'Aïd El-Fitr au terme de laquelle il a accordé une interview à l'AIP. Dans cet entretien, Médji Bamba parle du Ramadan qui est placé sous le signe de l'''espoir'' pour les "Gagnoalais'' et pour tous les Ivoiriens. Il y évoque divers sujets d'actualité, notamment la réconciliation, la cohésion nationale et la paix, dont il relève l'importance, soutenant qu'"avec la paix, tout est possible, tout peut se réaliser".

AIP: Bonjour monsieur le maire. Vous êtes le premier magistrat de la commune de Gagnoa, mais également de confession musulmane. Quel message avez-vous pour vos coreligionnaires de Gagnoa et ceux de la Côte d'Ivoire, en cette fête du Ramadan?

Médji Bamba: C'est un grand jour pour les musulmans du monde entier, les musulmans de Côte d'Ivoire et particulièrement les musulmans de Gagnoa. Cette fête sanctionne la fin du jeûne, un mois d'adoration, de soumission à Dieu et de pénitence. Cela veut dire que l'homme, à travers l'adoration de Dieu, veut trouver la paix sur terre. Et la paix n'est possible que par la réconciliation et par l'esprit de fraternité. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui, ce que je pourrais souhaiter pour mon pays et surtout pour Gagnoa, c'est vraiment la paix entre toutes les communautés, entre toutes les religions, mais surtout entre toutes les filles et tous les fils de Gagnoa. Avec la paix, tout est possible. Tout peut se réaliser quand il y a la paix, tous nos projets, grands comme petits, car nous nous couchons dans la paix et nous nous réveillons dans la paix, et nous avons la joie entre nous.

Nous avons connu des moments difficiles, les lendemains étaient incertains et angoissants. Dans une telle situation, l'avenir se bouche. Aujourd'hui, il y a la paix, l'avenir est rayonnant pour tout le monde, pour chacun de nous, puisque l'espoir est permis. C'est pour cela que je souhaite que cette fête du Ramadan soit le signe de l'espoir pour tous les Ivoiriens, pour tous les habitants de Gagnoa.

AIP: Aujourd'hui encore, on parle de réconciliation. Quel message avez-vous à passer aux ?'Gagnoalais'' et aux Ivoiriens?

Médji Bamba: La réconciliation s'impose aux Ivoiriens. La réconciliation, c'est le "vivre ensemble''. On ne peut pas cloisonner les Ivoiriens par ethnie ou par religion. Donc, nous sommes condamnés à vivre ensemble. La Côte d'Ivoire est un melting-pot. A Gagnoa, si on prend le nombre de femmes autochtones bété, les femmes baoulé ou agni converties, vous serez surpris. Au regard de cela, les alliances au sein des communautés nous obligent au "vivre ensemble'', parce qu'aujourd'hui, si vous rentrez dans une famille Dioula, les enfants en boubou sont les neveux des Bété, Baoulé, Dida ou Agni, parce que leurs mamans sont issues de ces ethnies. Cette réalité déjà nous oblige à la réconciliation, ne serait-ce que pour notre avenir puisque les enfants sont notre avenir et l'avenir du pays. Je prie donc Dieu, à la suite des Imams, des chefs de communautés et de villages, que la paix, la vraie paix soit sur Gagnoa par la réconciliation de tous ses fils, mais aussi sur la Côte d'Ivoire.

AIP: En 2015, il y aura de nouvelles élections présidentielles, et comme les autorités locales l'ont dit, en Afrique, quand on organise les élections, ça débouche toujours sur des contentieux. Qu'est-ce que vous souhaitez pour les élections présidentielles de 2015?

Médji Bamba: Mon souhait, c'est vraiment que ces élections présidentielles de 2015 se passent dans la paix. Nous apprenons beaucoup des Occidentaux. Nicolas Sarkozy (ndlr, ex-chef de l'Etat français, 2007-2012) a organisé des élections qu'il a perdues. Cela n'a pas fait de scandale en France. Ça veut dire qu'on peut aller tranquillement aux élections, organiser soi-même des élections et puis les gagner. Organiser soi-même les élections et puis les perdre aussi. Il faut que la population comprenne que c'est un jeu qui a ses règles. Il faut respecter les règles du jeu. A partir de ce moment, tout le monde sera d'accord. Mais, tant qu'on se mettra dans la tête que celui qui organise des élections doit forcement gagner, c'est qu'il y a problème.

Aujourd'hui, nous, au sein du RHDP, nous nous battons pour que le Président Ouattara soit le candidat de ce regroupement de partis politiques (RDR, PDCI, UDPCI, MFA). Si tel est le cas, nous osons espérer, avec l'aide de Dieu, qu'il gagnera la présidentielle de 2015 dès le premier tour. En plus, Dieu nous l'a amené, il a montré qu'il n'avait pas tort d'insister pour nous le présenter. Il a de gros chantiers, c'est grâce aux Ivoiriens qu'il va finir ces chantiers. Pour les finir, nous lui devons un second mandat. Donc, je prie pour que le RHDP ait la sagesse de choisir le Président Ouattara comme son candidat à la présidentielle de 2015, et en plus que les Ivoiriens aussi reconnaissent que le Président Ouattara, on l'aime ou on ne l'aime pas, fait du bon travail. Il faut lui laisser le temps de poursuivre.

AIP: Alors, quel appel à l'endroit des dirigeants de l'opposition, notamment ceux du FPI qui rechignent à aller certainement aux élections de 2015?

Médji Bamba: La démocratie, ils (les dirigeants de l'opposition, ndlr) savent que c'est la confrontation des idées, ce n'est pas la guerre. Tout ce que je demande, c'est que eux qui se sont battus pendant longtemps pour la démocratie, pour que cette démocratie vive, il faut bien qu'ils l'animent, et la seule animation réelle de la démocratie c'est d'aller au vote, de se présenter devant les électeurs. Je demande donc à nos amis du FPI de laisser tomber les querelles inutiles, de sortir du négationnisme, pour aller véritablement à la démocratie, c'est-à-dire avoir un candidat face à Ouattara, en 2015.

Le Président Ouattara a travaillé et va continuer de travailler, mais il souhaite consolider la démocratie en Côte d'Ivoire. Celui (allusion faite à l'ex-chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, ndlr) pour qui les dirigeants du FPI se battent actuellement s'est battu pendant longtemps pour la démocratie. Or, la forme la plus nette de la démocratie, ce sont des élections pluralistes. Ils les ont réclamées au temps du Président Félix Houphouët-Boigny (ndlr, premier président de la République), aujourd'hui, il ne faudrait pas qu'on leur demande pardon avant d'aller faire ce pourquoi ils se sont battus hier.

Je souhaite donc que les dirigeants du FPI se joignent aux autres hommes politiques du pays pour faire vivre véritablement la démocratie. Je vous remercie.

Interview réalisée par Joseph Agness ABOUO, chef du bureau régional de l'AIP à Gagnoa.

kkp/ask

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