J'ai été agressé par Alidjé Djoman et ses hommes qui refusent d'accepter le chef du village qui a été désigné. Ils veulent me tuer, c'est pourquoi je suis venu me refugier ici à Akoué-Santé. Je suis le doyen du village d'Akoué-Agban. J'ai le devoir de veiller au respect de la tradition. Le nouveau chef d'Akoué-Agban s'appelle Adogoua Dompé Jacob. C'est lui qui a été désigné par la génération Dougbô et j'ai entériné le choix en tant que doyen. En principe, c'est la génération Gnandô qui est pouvoir. J'avais demandé à la génération Dougbô d'attendre de boucler son cycle de maturation avant d'accéder au pouvoir. Et cette maturation devrait intervenir après que la catégorie Tchagba, qui fait partie des Dougbô, a fait la cérémonie de baptême appelée Fatchué. J'ai convoqué trois fois les différentes générations à la place publique du village pour régler le problème. Les gens qui ont pris le village en otage aujourd'hui ont refusé de répondre à mon appel. Ils ont nommé Alidjé Djoman comme chef en violation totale de la tradition. Ils ont même osé dire que je ne suis plus le doyen. Le sous-préfet de Bingerville est venu au village pour dire de donner le pouvoir au Dougbô. J'ai accédé à sa demande et les Dougbô ont pris le pouvoir alors même que les Tchagba n'étaient pas encore constitués. Les Dougbô se sont réunis et ont désigné Adogoua Dompé Jacob. Pour désigner le chef chez nous, les membres de la génération au pouvoir se réunissent et proposent des noms au doyen entouré du collège des sages. C'est donc le doyen et le collège des sages qui désignent le chef parmi les personnes proposées par la génération.
C'est moi qui ai désigné Adogoua Dompé comme chef du village conformément à notre tradition. C'est pour lui que j'ai fait la libation. Alidjé et ses partisans qui s'agitent ne respectent pas nos coutumes et ne me respectent pas. J'invite les dissidents à respecter la décision qui a été prise. Qu'ils arrêtent de semer le désordre dans le village. Que les autorités respectent et appliquent notre décision .
Propos recueillis par Jean Khalil Sella