mercredi 1 octobre 2014 par RFI

Les audiences publiques de victimes et bourreaux d'une décennie de crise en Côte d'Ivoire, qui avaient débuté il y a trois semaines à Abidjan, ont pris fin mardi sur quelques derniers témoignages. Les membres de la Commission espèrent que ces récits auront une vertu de catharsis pour que les haines du passé s'apaisent.

Pendant trois semaines, la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) a dû écouter quelques-uns des témoignages, plus atroces les uns que les autres, comme celui d'un homme forcé à manger sa propre oreille que des mercenaires lui avaient tranché, ou encore ceux d'une mère violée devant ses enfants, ses frères et ses s?urs.

Ces trois semaines d'auditions représentent dix années de chronique meurtrière racontée par l'ensemble des protagonistes, quel que soit leur camp. Abdelramane, 21 ans, sort de l'audience en claudiquant, la jambe gauche complètement désarticulée. Déjà orphelin, il y a quatre ans à Duékoué, il a perdu ce qui lui restait de famille. Son témoignage :

Les gens sont arrivés chez nous. Ils ont demandé après mon tuteur. Donc, ils se sont mis à fouiller la maison. Lorsqu'ils l'ont découvert, ils lui ont tiré dans la jambe. Ils l'ont mis directement dans le puits de la cour. Ils ont pris des pleins de briques pour lui jeter dessus. Moi, je me suis enfui et c'est comme ça que j'ai reçu une balle au genou.

Abdelaramane voulait être juriste. Désormais, il mendie dans les rues de Port-Bouët. Et pourtant, depuis cette catharsis, il semble avoir évacué tout ressentiment à l'égard de ses tortionnaires. Je devais le faire pour me libérer de ce que j'ai dans le c?ur, et aussi exprimer mon mal avec les autres. Dire mon mal avec les autres, c'est une manière de dire aux parents et aux frères et s?urs que la crise n'est pas bonne. ... suite de l'article sur RFI

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