jeudi 16 octobre 2014 par Cote d'Ivoire Economie

Le 15 septembre 2014, Air France a organisé l'exposition Air France in the air , au Grand Palais, à Paris. Objectifs : mettre à nu ses acquis historiques dans les airs et présenter les futures offres de la compagnie sur ses trois classes : business, premium et économique. En marge de cette exposition, M. Patrick Alexandre nous a accordé un entretien au cours duquel il a retracé les 80 ans de vie d'Air France en Afrique, la collaboration avec la compagnie nationale ivoirienne, et est revenu sur la présence de l'A380 à Abidjan.

Air France et l'Afrique, c'est plus de 80 ans de partenariat. Mariage d'amour ou de raison ?

Notre histoire avec la Côte d'Ivoire en particulier, et l'Afrique en général, ne date pas d'aujourd'hui. Cette histoire est ancienne et en même temps moderne. Air France est née en Afrique et notre présence dure depuis 1933. Nous avons 4 000 personnes du Groupe Air France qui travaillent en Afrique. C'est ce que j'appelle un peu la citoyenneté. Nous sommes attachés à cette notion de proximité, d'accompagnement, et non d'opportunisme. Notre relation avec la Côte d'Ivoire est durable et basée sur le respect, c'est important de le signaler. Nous voulons continuer à voler en Afrique tout en pérennisant notre relation avec ce continent.

Quels sont vos rapports avec Air Côte d'Ivoire, la compagnie aérienne ivoirienne ?

Ils sont au beau fixe. Nous sommes le partenaire stratégique et technique d'Air Côte d'Ivoire. Par exemple, nous avons eu beaucoup d'échanges sur le renouvellement de sa flotte. A ce niveau, Air France apporte ainsi son expertise à Air Cote d'Ivoire. En matière de relations commerciales il est clair que pour avoir des partages de codes entre la France et la Côte d'Ivoire il faut qu'un certain nombre d'étapes soient franchies. En particulier, il y a un audit technique appelé USOAP (Universal Safety Oversigth Audit Program, ndlr). Air Côte d'Ivoire doit le réaliser avant la fin de l'année. Une fois que celui-ci sera passé, le jour où il n'y a pas de vol, par exemple au Niger, nous pourrons mettre un numéro de vol Air France entre Niamey et Abidjan pour que les passagers puissent aller prendre leur avion à Abidjan via Air Côte d'Ivoire. Nous le ferons dès que les audits techniques seront passés et réussis. Parallèlement, nous avons proposé à Air Côte d'Ivoire de mettre un numéro de vol Air Côte d'Ivoire sur nos avions vers Paris. Sur le long terme, nous sommes aussi en train de proposer des contrats aux entreprises, liant à la fois Air Côte d'Ivoire et Air France pour des destinations intra-régionales et européennes. Air France peut se féliciter de la qualité de ses relations avec Air Côte d'Ivoire. Ce sont des relations de confiance mutuelle et le but est de progresser. Air Côte d'Ivoire est la seule compagnie d'Afrique de l'Ouest avec laquelle nous avons des relations aussi intimes. J'insiste sur ce fait. Toutefois, nous menons des discussions avec les responsables d'autres compagnies africaines, dont notamment Air Burkina.

Que pouvez-vous apporter à Air Côte d'Ivoire pour lui donner un label de sécurité et d'efficacité comme Air France ?

Il faut tout d'abord mettre en place les infrastructures. C'est primordial en matière de commerce. Il est donc nécessaire pour un pays qui veut se développer d'avoir des compagnies aériennes et/ou sa propre compagnie nationale qui assurera des vols à la fois domestiques et sous-régionaux. C'est fondamental. Air France a participé à la création d'Air Côte d'Ivoire sur le plan capitalistique et en termes de support technique et managérial. Il est donc dans notre intérêt que cette compagnie subsiste. Toutes les grandes villes ouest-africaines sont connectées à Paris. Nous allons donner les moyens pour que cette compagnie existe durablement, et pour ce faire il faut la protéger. Si nous revenons des années en arrière, vous pouvez constater que la défunte Air Ivoire, qui n'a pas été assez protégée, est tombée sous les coups de boutoir. La protéger, cela veut dire lui permettre d'exercer ses droits de trafic. C'est aussi lui donner les moyens de vivre et de croître. Selon nous, il est important que cette compagnie existe. Si un jour elle décide de faire des vols Nord-Sud, nous l'accompagnerons, c'est sûr. Mais allons-y étape par étape.

L'A380 sera bientôt à Abidjan. Est-ce un engagement de prestige ou une réponse à un besoin entre les deux capitales ?

L'A380 sera à Abidjan trois fois par semaine. Il permettra d'offrir la gamme complète des produits depuis la première en passant par la classe business et la premium, avec un nombre important de sièges en particulier. Précisons que l'A380 compte 80 sièges en classe business et 38 sièges en classe premium. La demande est forte entre Paris et Abidjan, d'où la présence de cet appareil à Abidjan. Et l'avantage avec cet avion, c'est aussi sa productivité.

A propos des tarifs, qu'est-ce qui vous différencie des autres compagnies, notamment Corsair ?

Il existe une grande différence entre les autres compagnies et nous, et cette différence se situe au niveau de la fréquence des vols. Nous sommes ainsi capables d'offrir des tarifs promotionnels relativement bas. D'ailleurs, il est bon de noter que nous comptons, à l'occasion de la venue de l'A380 à Abidjan, appliquer un tarif promotionnel au départ de la Côte d'Ivoire fixé à 380 000 FCFA en aller-retour Abidjan-Paris-Abidjan, soit 580 euros. Notre objectif est d'offrir un produit de qualité qui colle aux attentes de nos clients. Air France, c'est aussi 250 destinations à partir de l'aéroport Charles-de-Gaulle. L'intérêt, pour nous, est de passer en vol quotidien, avec un départ à 23h au départ d'Abidjan et à 13h50 au départ de Paris. En passant de dix vols par semaine à sept vols grâce à la présence de l'A380. Notre stratégie avec l'A380 a été entérinée avant que la compagnie Corsair ait décidé de s'installer à Abidjan.

Avec ces horaires que vous indiquiez tantôt, n'y aurait-il pas un public qui pourrait se sentir lésé, surtout ceux qui aiment voyager le matin ?

C'est exact. Mais ce vol permettra de stimuler en quelque sorte le marché. On ne peut pas dire que l'économie des vols que nous avions à cet horaire était le meilleur. Les clients trouvaient qu'arriver à Abidjan à 4h du matin était trop tôt. Or cela leur permettait pourtant d'avoir une journée entière de travail. Ce vol, en qui nous avions mis beaucoup d'espoir, n'a pas véritablement répondu à nos attentes, et nous sommes donc revenus à l'horaire historique, le plus demandé par nos clients. Nous nous sommes rendu compte que le vol qui marchait bien était celui du samedi matin car lorsque celui du vendredi soir affichait complet c'est celui du samedi matin que préféraient nos clients. Maintenant, avec l'arrivée de l'A380 au départ d'Abidjan le vendredi soir, le problème sera réglé.

Ibrahim Ouattara

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