lundi 20 octobre 2014 par Le Democrate

Le 12 Octobre dernier, certaines boîtes de nuit à Abidjan ont organisé et célébré l'an 8 de la disparition de Douk Saga, le créateur de ce mouvement musical qu'il a baptisé coupé décalé. Des célébrations qui même si elles n'ont pas connu le même enthousiasme artistique et médiatique que celles des premières années qui ont suivi sa disparition, ont tout de même fait remonté à la surface le souvenir de celui qui entre 2002 et 2006 a gravé son nom dans les annales de la musique ivoirienne. Comment y est-il parvenu et que reste-t-il du mouvement qu'il a laissé? Décryptage.

C'est un secret de polichinelle. Le passage de Douk Saga sur la scène musicale ivoirienne est certainement l'un des faits musicaux majeurs qu'a vécu la Côte d'Ivoire en ce commencement du XXIème siècle. Arrivé avec un style musical nouveau, surtout dans sa philosophie, Douk Saga n'a laissé personne indifférent. Vêtements et chaussures de marque, voiture de luxe, cigares de première qualité, le tout mis au service d'un concept: le farot-farot ou le boucan. Exhibant avec joie ses possessions, Douk Saga a su tisser un rapport autre avec les mélomanes à travers le travaillement, consistant à distribuer des coupures de billets de banque aux fans lors de ses prestations là où, traditionnellement, c'est le public qui offre des billets de banque à l'artiste en prestation. Et c'est justement, grâce à cette nouveauté, à cette pratique révolutionnaire que la notoriété de ce jeune homme se mettra en place alors qu'il n'était pas bon chanteur. Je venais d'entrer dans le show-biz ivoirien. Et j'avais besoin de me faire connaître. C'est avec le travaillement que j'ai pu me faire un nom. A la vérité, je ne suis pas un chanteur. Mais il fallait me faire remarquer. J'ai fait cela pour asseoir ma notoriété affirmait-il de son vivant. En dépit des critiques et récriminations, il a réussi à entraîner dans sa barque, plusieurs autres jeunes gens qui se réclament aujourd'hui de son mouvement. Jean Jacques Kouamé, Abou Nidal, Arafat, Debordo Likunfa pour ne citer que les plus emblématiques.

Les signes de l'essoufflement

Si 8 ans après la mort de Douk Saga, le coupé décalé subsiste, peut-on considérer que tout va bien pour ce mouvement dans le meilleur des mondes? La question est intéressante. D'ailleurs, au cours d'une interview qu'il a accordée récemment à un confrère de la presse en ligne, DJ Brico, l'un des bras droits de celui qui se faisait appelé le sommet de l'himalaya ou encore le héros national affirmait que Douk Saga n'a pas d'héritier . Parce que pour lui, il n'ya plus de recherche. Vrai ou faux? Ce qui est certain, un fossé sépare le coupé décalé de l'époque Douk Saga et le coupé décalé d'aujourd'hui. Il y aurait selon Dj Brico une baisse de vitalité du coupé décalé devant la percée sur le marché ivoirien et africain des chanteurs nigérians tels Davido ; P-Square ; Braket etc. Mais, à voir de près, cette situation n'est pas surprenante surtout que les Dj semblent avoir définitivement tourné le dos aux albums pour s'abonner aux singles. Conséquence: Plus de créativité et plus d'originalité en tant que telle. Comme quoi, après Douk Saga, les chanteurs de coupé décalé évoluent sans vraiment laisser de marques et c'est dommage!
Francis K.

Lég: Les chanteurs de coupé décalé ont tourné le dos aux albums.

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