samedi 1 novembre 2014 par RFI

Journaliste spécialiste de l'Afrique, Francis Kpatindé a suivi tous les soubresauts du continent africain de ces 30 dernières années. Il revient sur le rôle ambigu de Blaise Compaoré dans les conflits qui ont secoué la région. Il rappelle que le président burkinabè déchu a souvent été appelé comme médiateur dans des crises qu'il a parfois lui-même contribué à provoquerIl répond aux questions de Christophe Champin.

RFI : Quel regard portez-vous sur Blaise Compaoré ? Médiateur ou pyromane ?

Francis Kpatindé : Blaise Compaoré apparaît comme étant l'allié de l'Occident, le médiateur dans des crises sociopolitiques en Afrique : en Guinée, au Mali, en Côte d'Ivoire, même au Togo où il était venu soi-disant ramener la paix ; ça c'est l'image que certains veulent donner de ce personnage.Mais on oublie un peu trop vite que Blaise Compaoré a aussi un côté un peu pyromane. Un exemple : Charles Taylor, qui a été chef de guerre puis président du Liberia, avait sa maison à Ouagadougou et jusqu'à une date récente, il avait son numéro téléphone dans l'annuaire. Or, Blaise Compaoré s'est servi des hommes de Taylor pour mater la rébellion dans son propre pays et il a entraîné les troupes de Taylor pour aller à la conquête du pouvoir au Liberia. Par ailleurs, il y a un pays où son intervention est symptomatique de l'aspect pyromane du personnage, c'est la Sierra Leone. Vous vous souvenez qu'il y avait le Front révolutionnaire uni (RUF), les gens qui coupaient les bras des enfants, ils avaient pignon sur rue, ils avaient leur quartier général à Ouagadougou.

En 2000, un rapport des Nations unies avait même évoqué la présence de combattants burkinabè dans les rangs du RUF

Absolument. Les gens du RUF ont été entraînés à Pô, là où l'armée, les parachutistes s'entraînent. Le rapport des Nations unies dont vous parlez a été établi et écrit par des chercheurs et a fait beaucoup de bruit depuis sa publication. On peut s'étonner, d'ailleurs, dans ces conditions que, lorsque Charles Taylor a été jugé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye, Blaise Compaoré n'ait pas été appelé, même comme témoin.

On a aussi parlé, dans un autre rapport des Nations unies de la même année, de liens entre Blaise Compaoré et les rebelles de l'Unita, le mouvement anti-communiste de Jonas Savimbi, en Angola.

Absolument. Blaise Compaoré est comme le Kub Maggi en AfriqueIl était dans toutes les sauces. Il était en Angola aux côtés de Jonas Savimbi, car il y avait des diamants en jeu ; en Sierra Leone, il y avait de l'or et également des diamants, les fameux diamants du sang . Blaise Compaoré, on le dit souvent - et c'est dommage que les capitales occidentales ne l'aient pas assez souvent rappelé - a été impliqué dans toutes les opérations de déstabilisation en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale. Il est même intervenu en RDC.

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