samedi 8 novembre 2014 par Jeune Afrique

Depuis mars, la petite ville ivoirienne de Danané est en état d'alerte permanent. La proximité de la Guinée et du Liberia, ravagés par Ebola, inquiète les habitants.
Danané, bourgade rurale de l'ouest de la Côte d'Ivoire, est une ville en paix, mais en état de guerre. L'ennemi invisible, Ebola, ravage depuis des mois ses voisins, la Guinée et le Liberia, à quelques dizaines de kilomètres seulement.

Les pistes de terre ocre qui mènent aux frontières sont des impasses désertées. Seuls les habitants des villages nichés dans l'épaisse forêt s'y risquent encore à moto. Tous les 10 km, policiers et militaires en alerte filtrent rigoureusement ces quelques va-et-vient. Pour Diamende Sadia, le temps des voyages hebdomadaires à Monrovia, au volant de son camion chargé d'arachides et de piments, semble loin. C'est dans la capitale libérienne que cet homme d'affaires de 48 ans écoulait des produits agricoles.

Depuis l'apparition du virus, il s'est reconverti dans le transport de voyageurs. "Mieux vaut la santé que la richesse", soupire-t-il. Face à l'épidémie, le gouvernement ivoirien a décidé le 22 août de fermer ses frontières terrestres. "Une mesure de réciprocité, car Monrovia et Freetown avaient pris cette décision avant nous", martèle Paul Koffi Koffi, le ministre délégué à la Défense. Et d'ajouter : "On ne pouvait pas assouplir nos mesures sanitaires drastiques sans risquer d'accueillir des malades et de déclencher une épidémie sur notre sol."

Jusqu'à présent, aucun cas n'a été déclaré en Côte d'Ivoire. Un miracle ivoirien qualifié de "surnaturel" par Raymonde Goudou Coffie, la ministre de la Santé. À Danané, on invoque même le divin pour expliquer cette exception face à la "malédiction". Dans les mosquées et les églises, imams et prêtres psalmodient des prières pour protéger la population et distillent des mesures sanitaires en harmonie avec les autorités locales.

Les traits tirés par la fatigue, Lucien Bah, premier adjoint au maire, se démène pour sensibiliser ses administrés. On l'a vu sur les marchés, mégaphone à la main, marteler qu'il fallait se laver les mains, refuser l'accolade, et signaler tout "étranger". Dès cet été, il a fait saisir toute la viande de brousse pour la brûler publiquement. Des chasseurs ont été interpellés et parfois placés en détention.

"Nous n'avions pas encore de moyens et l'État ne nous aidait pas vraiment, mais nous avons mené une campagne de sensibilisation à la fois pédagogique et agressive. Et ce, avec les autorités médicales et sécuritaires. Les chefs religieux et traditionnels ainsi que la radio locale ont relayé nos messages", explique l'élu, qui a dû aussi gérer les rumeurs et contenir la psychose. D'abord perplexes, les habitants ont finalement suivi ses recommandations. ... suite de l'article sur Jeune Afrique

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