mardi 25 novembre 2014 par RFI

Le monde se mobilise, ce mardi 25 novembre, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Filles des rues de République démocratique du Congo, victimes de violences domestiques en Afrique du Sud ou de mutilations génitales en Côte d'Ivoire : sur le continent africain, les abus sont multiples, mais restent peu dénoncés.

On évoque régulièrement les viols massifs commis dans l'est de la République démocratique du Congo ? région secouée par des années de conflits. Mais dans la capitale, Kinshasa, les violences faites aux femmes sont également un vrai problème. Plus de 20 000 enfants atterrissent et vivent dans les rues de la capitale. Près d'un sur deux est une fille ; des jeunes filles mineures qui, pour 70% d'entre elles, subissent régulièrement des viols et sont maltraitées. Depuis 1999, l'ONG Médecins du monde a mis en place un programme d'aide et d'éducation sexuelle qui leur est destiné.

En RDC, le calvaire des filles des rues

Vêtue d'un vieux t-shirt et d'une jupe trop grande, micro en main, Cilia fait son show devant ses amies, hilares. Comme toutes les adolescentes du monde sauf que toutes celles qui sont présentes vivent dans la rue. J'ai quitté ma maison quand ma mère est partie en Angola. Mon père s'est remarié, mais avec ma belle-mère, ça n'allait pas , raconte Mado, 15 ans, l'une d'entre elles.

Célestine, 15 ans également, a une longue cicatrice sur le biceps, et les jambes marquées par des blessures. Elle raconte son quotidien depuis 3 ans : Dans la rue, c'est difficile de trouver à manger. Tu risques toujours de te faire taper. Même si tu gagnes de l'argent en faisant des passes, les garçons peuvent te le prendre, et ils peuvent te violer comme ça.

La plupart des filles qui viennent se laver ou se reposer dans ce centre de quartier ont fui des foyers en crise. Maltraitées par une belle-mère, ou abandonnées par un père, elles atterrissent dans la rue, se font violer et se prostituent pour survivre. Une activité difficile à abandonner, comme l'explique Liliane, chargée de leur accompagnement psycho-social : Un enfant qui est habitué à se prostituer est indépendant. Il veut être libre. A la maison, il était insulté, maltraité, mais dans la rue, il a développé un autre système. Alors il veut se prendre en charge lui-même , explique Liliane, qui tâche de sensibiliser les jeunes femmes : On leur montre qu'avec le préservatif, elles n'auront pas de grossesse, elles ne vont pas attraper de maladies.

Le travail est lent et délicat, tant les filles quand elles arrivent, ne connaissent rien du Sida et du fonctionnement de leur corps. Mado, 15 ans, a accouché il y a trois mois : Avant de venir au centre, je ne savais rien du Sida ou de l'ovulation. On m'avait juste dit que pendant les trois jours de règles, il ne fallait pas avoir de rapport, mais c'est tout.

Aujourd'hui, Mado a un contraceptif sous forme d'implant pendant cinq ans. Mais des milliers d'autres n'ont pas cette chance. Depuis 15 ans, l'ONG Médecins du monde accompagne les filles des rues, et distribue préservatifs et méthodes contraceptives. Soixante centres d'accueil ont été montés à Kinshasa, mais seuls deux acceptent d'accueillir les filles enceintes, dans une société conservatrice et marquée par la religion.

En Côte d'Ivoire, des centres existants mais méconnus

À Abidjan, le centre de prévention et d'assistance aux victimes de violences sexuelles Pavvios se cache derrière la maison des jeunes d'Attecoubé. Ce centre, rattaché au ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l'Enfant, est méconnu. Il permet pourtant aux survivantes , comme on les appelle ici, de trouver une aide précieuse, voire un dortoir en cas d'urgence.

Car en Côte d'Ivoire, les femmes sont parfois victimes de mutilations génitales et de violences conjugales, mais elles sont surtout touchées par les viols ? un phénomène amplifié avec les années de crise. Des structures publiques et gratuites existent à Abidjan. Nous prenons en charge le certificat médical, les produits pharmaceutiques et les examens que le médecin demande, détaille Jules Kouassi, chargé de la sensibilisation au centre Pavvios. Il y a aussi un psychologue, qui reçoit les victimes pour leur donner de l'assurance, pour qu'elles ne se sentent pas coupables. Nous avons reçu des enfants de deux ans ici, qui ont été violés. Il ne faut laisser cela impuni. ... suite de l'article sur RFI

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