samedi 29 novembre 2014 par AIP

Dakar - La pression des ONG et de la société civile s'intensifie sur les pays francophones les plus développés pour les pousser à s'engager résolument contre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, à l'occasion du sommet de Dakar.
"Jusqu'ici, l'Organisation de la Francophonie qui regroupe 77 pays membres
n'a pas été très entendue sur cette crise sanitaire et humanitaire qui affecte
la deuxième région où la langue française est la plus parlée dans le monde",
déplorent une vingtaine d'artistes d'Afrique de l'Ouest dans une lettre
adressée cette semaine aux dirigeants francophones.
Les signataires, dont les chanteurs maliens Amadou et Mariam, sénégalais
Ismaël Lô, le rappeur burkinabé Smockey, le musicien camerounais Richard Bona,
ou le cinéaste sénégalais Alain Gomis, saluent d'avance les discours de
"solidarité pour les populations victimes d'Ebola" attendus à Dakar.
"Mais n'oubliez pas qu'au-delà des mots, seules des mesures concrètes
soutenues par une volonté politique de premier ordre permettront de stopper la
progression de l'épidémie et d'alléger les souffrances de nos compatriotes",
écrivent ces artistes.
"C'est pourquoi nous souhaitons que le sommet de Dakar soit l'occasion pour
les leaders francophones du continent et d'ailleurs de s'engager à apporter
une réponse politique et durable face à la crise Ebola et à celles qui ne
manqueront pas de survenir", concluent-ils.
"Jusqu'à aujourd'hui la France a été peu audible et pas très vocale sur la
crise, a renchéri le directeur régional de Save the Children, Eric Hazard,
lors d'une table ronde d'ONG internationales à Dakar sur les conséquences de
l'épidémie.
De retour d'une tournée dans les trois pays les plus touchés fin octobre,
l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a estimé que la France, la
Belgique et le Canada pouvaient améliorer significativement la coordination
contre Ebola en Guinée francophone, comme le faisaient déjà les Etats-Unis au
Liberia et la Grande-Bretagne en Sierra Leone anglophones.
Elle regrettait plus particulièrement l'absence d'une structure intégrée de
commandement et de contrôle en Guinée, où la situation est cependant moins
critique que dans les deux autres pays.
"Je pense que les Français peuvent aider sur ce point, ainsi que les
Canadiens et les Belges", a indiqué l'ambassadrice américaine. "Les pays
francophones peuvent aider en ce sens".

- Langues de traitement et de prévention -

Le président français François Hollande a néanmoins accompli vendredi un
acte marquant, en s'arrêtant sur la route de Dakar à Conakry, la capitale
guinéenne, la première visite d'un dirigeant non africain dans l'un des pays
en proie au virus, brisant symboliquement l'isolement international dont ils
souffrent.
Il a été accueilli par des foules en liesse et le chef de l'Etat guinéen
Alpha Condé a salué "un très très grand symbole", selon lui "plus important
même que l'aide qu'il nous apporte sur le plan médical" pour "dire que tout le
monde peut venir en Guinée".
"Au sommet de la Francophonie, je vais lancer un appel aussi à la
mobilisation des pays francophones, je parle notamment du Canada et de la
Suisse, qui m'ont dit qu'ils étaient prêts à accompagner la Guinée", a annoncé
M. Hollande à Conakry, ajoutant que la francophonie est tout à fait majeure
pour le traitement d'Ebola".
"Pour un malade, c'est quand même plus simple d'exprimer ce qu'il vit en
français que dans une autre langue et pour un personnel soignant, c'est
également plus rapide de comprendre exactement ce qui lui est dit par un
malade plutôt que de se le faire traduire", a-t-il expliqué.
Si les acteurs de la lutte insistent sur l'importance de renforts médicaux
et en matériel des pays développés, concernant la sensibilisation des
populations, ils remarquent surtout l'importance des parlers locaux, plutôt
que de l'anglais ou du français.
Le directeur régional du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef)
Manuel Fontaine a ainsi raconté à l'AFP avoir "vu à Conakry des jeunes qui
étaient en train de faire de la mobilisation sociale dans un parking de bus"
en langue locale auprès d'habitants qui mettaient en doute la réalité du virus.
Au terme de cet échange, a-t-il indiqué, ces sceptiques concluaient: "Il y
a quelqu'un qui parle notre langue qui nous le dit, donc, là on commence à le
croire".

sst/cs/mw

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